[Week end HK Explosif] S.P.L. (2005)

Titre : S.P.L. / Sha Po Lang / Kill Zone / 杀破狼
Année : 2005
Durée : 1h38
Origine : Hong-Kong
Genre : Action / Policier
Réalisateur : Wilson Yip

Acteurs : Donnie Yen, Simon Yam, Samo Hung, Jacky Wu Jing, Liu Kai-Chi, Timmy Hung, Austin Wai, Kenji Tanigaki, Danny Summer, Vincent Sze

Synopsis : Un flic aux méthodes parfois douteuses (Simon Yam) est aidé d’une nouvelle recrue experte en arts martiaux (Donnie Yen) pour coincer un mafieux sans pitié (Samo Hung) et son meilleur homme de main, un tueur impitoyable (Jacky Wu), qui ne cessent de leur échapper

Avis de Cherycok :
On peut dire qu’on l’aura attendu ce SPL (Sha Po Lang). Depuis les premières images qui ont circulé sur le net il y a déjà plus d’un an et nous présentant essentiellement un combat entre Donnie Yen (Iron Monkey, Il Etait une Fois en Chine 2) et Sammo Hung (Eastern Condors, Project A), les amateurs de polars HK de la bonne époque en manque de sensations fortes étaient plus qu’impatients. Il faut dire que le genre était en grosse perte de vitesse ces dernières années à Hong-Kong et que seule la Thaïlande avec des films comme le trop tape-à-l’oeil Ong Bak, le survitaminé Born to Fight ou plus récemment le bluffant Tom Yum Goong arrivaient encore à maintenir la flamme.

Alors pour ceux qui ne le connaîtraient pas, SPL, c’est quoi ? Il s’agit en fait de la dernière réalisation de Wilson Yip à qui on doit notamment le très réussi Bullets Over Summer et prochainement le très prometteur Dragon Tiger Gate, un polar bien noir et violent matinée d’arts martiaux.
Simon Yam (PTU, The Mission) y campe un flic aux méthodes parfois expéditives qui, aidé de son équipe et d’un autre flic joué par Donnie Yen, veut par tous les moyens coffrer un gangster incarné par Sammo Hung qui a tué un de ses hommes et qui ne cesse de leur échapper.

Il est clair que côté scénario, on reste dans le grand classique. On a tout de même droit à des scènes très fortes où les personnages nous montrent leur côté humain, aussi bien du chez les gentils que les méchants. On citera par exemple celui de Sammo qui dès qu’il est avec sa famille au téléphone change complètement de ton pour nous révéler qu’il est en fait un père attentionné et pas seulement un malfrat sans cœur.
Mais le principal attrait de Sha Po Pang, ce sont ses scènes d’action et leur ultra violence. Véritable bouffée d’air frais pour les nostalgiques, elles vont opposer 3 générations d’artistes martiaux : Sammo Hung qui a eu son heure de gloire à la fin des années 70 jusqu’à début 90, Donnie Yen qui a œuvré essentiellement dans les années 90, et le petit nouveau Jacky Wu dont les talents ne sont plus à prouver depuis Legend of Zu de Tsui Hark ou encore Tai Chi II de Yuen Woo Ping.
Et c’est bien ce dernier qui tire son épingle du jeu ici. Ayant œuvré essentiellement dans des séries martiales à la télévision, il trouve ici un rôle à la mesure de son talent. Certes, son nombre de répliques est plus que limité (c’est le cas de le dire), mais chacune de ses apparitions dans le rôle d’un tueur sans pitié est un pur régal. Entre gerbes de sang –le film a été classifié Catégorie III- et coups de tatanes, il nous gratifie de combats superbes à l’instar de son long affrontement contre Donnie Yen.

Ces combats sont d’ailleurs d’un très haut niveau. Bien brutaux et superbement chorégraphiés par Donnie Yen, ils malheureusement trop peu nombreux. Mais ne boudons pas notre plaisir. Influencés par le style Ong Bak (en moins clip) mais gardant néanmoins un style très propre au cinéma de Hong-Kong, ils font vraiment plaisir à voir tant on retrouve la même sensation que celle de la découverte de ses séries B d’action (Tiger Cage 2, Righting Wrongs,…) avec ces chutes sur le coin des meubles, ces destruction massives du mobilier, et cette brutalité dans les coups à grand renfort de giclées de sang. Le paroxysme étant atteint lorsque Donnie Yen nous ressort son bon vieux triple coup de pied sauté. Si si ! Le même que dans In The Line of Duty 4 ! Un pur bonheur.

Mais il ne faut pas croire quand même que SPL est le film parfait, loin de là, tout n’est pas rose non plus, à commencer par la musique par toujours bien adéquate, voire parfois ridicule. Certains pourront reprocher aussi la lenteur de la première partie, le gros des combats n’arrivant vraiment qu’à la seconde moitié du film. Mais s’il n’avait été qu’une succession de combats, on le lui aurait reproché aussi.

Pari réussi pour Wilson Yip donc qui, grâce à sa réalisation soignée (split screen astucieux, photographie réussie) et des personnages attachants, arrive à faire de ce SPL bien plus qu’un simple polar d’action. Nous espérons juste que ce film, malgré un résultat au box-office en demi-teinte, arrive à relancer un genre aujourd’hui pratiquement disparu.

Note : 8.5/10

 

Avis de Oli :
Avec SPL, nous retrouvons un peu de cette noire fureur qui faisait rage au sein du cinéma HK des années 80 et même 90. On n’osait presque plus l’espérer d’ailleurs…Il faut dire qu’aujourd’hui, si le cinéma HK distille toujours de temps à autres quelques films remarquables, ceux-ci n’ont plus grand chose à voir avec ce qui pouvait se faire hier. Et après tout, c’est normal. Les mentalités évoluent, les spectateurs changent. On nous plante des jeunes demeurés pour plaire aux demoiselles (Shawn Yue, Vaness Wu et consorts), on applique quelques recette MTV parce que ça botte les jeunes (SET TO KILL), on secoue sa caméra n’importe comment parce que justement dans les clips souvent on fait ça et que les clips et bien les jeunes ils aiment ça (DRAGON SQUAD), on suce également jusqu’à la moelle le concept d’un film plutôt bien troussé (INFERNAL AFFAIRS) afin de s’en foutre plein les fouilles…

Et puis parfois le miracle survient. Un film apparaît, qui va à l’essentiel. Il y a un an, ça avait déjà été le cas avec le survitaminé LOVE BATTLEFIELD. Aujourd’hui avec SPL, le miracle se reproduit.

Le film est court, puissant, tendu. Et si l’action est très ponctuelle, elle reste particulièrement jouissive. Chorégraphiés par Donnie Yen, les combats valent donc le détour. Le premier fight conséquent oppose Donnie à Wu Jing : il est tout simplement ahurissant. Le « jeune » chinois y fait étalage de tout son talent (que l’on pouvait déjà largement deviner dans DRUNKEN MONKEY, mais qui hélas tarde à confirmer au cinéma en raison de la désaffection du public vis-à-vis des arts martiaux). Donnie Yen, pour sa part, dégage une classe intersidérale (les demoiselles seront également heureuses d’apprendre que leur chouchou paraît chaque jour un peu plus beau). Le duel final oppose quant à lui Donnie Yen au mythique Sammo Hung. Passé les premiers petits frissons provoqués par le choc de deux légendes (ou pas loin), il faut bien avouer que ce combat mérite bel et bien le détour. Hélas, il fait suite au duel Donnie/Wu Jing qui, à mes yeux, lui est clairement supérieur (en terme de violence et d’enchaînements). Il faut malgré tout noter que ce dernier combat est relativement original : Donnie Yen y a en effet injecté de nombreuses prises au corps (judo et aïkido). Un bon point !

Mais attention, SPL n’est pas un vrai film d’action. Si vous voulez du bourrin, cherchez plutôt du coté de BORN TO FIGHT ou de TOM YUN GOONG (parfois ça fait du bien), car SPL pourrait fort bien vous décevoir… En effet, le film de Wilson Yip est un pur polar, au rythme relativement lent. Les personnages sont présentés intelligemment, puis mis en situation. Quelques drames se nouent dans les ombres, la tension monte, des meurtres surviennent, très violents, des vengeances se trament et les frissons vous gagnent. Si l’histoire est donc relativement simple, elle tient malgré tout la route car elle est portée par des personnages crédibles et humains. Et puis Wilson Yip n’a pas commis l’erreur d’étirer son film sur la longueur, on ne voit donc pas le temps passer. A peine a-t-on le temps de relever quelques approximations ou facilités dans l’évolution du récit. Prenons l’exemple de ce flic qui sort la nuit pour voir sa fille, alors que tous les truands du coin veulent lui faire la peau (et que le flic le sait!)…c’est un peu gros, oui. Ca me rappelle un peu ces personnes stupides qui vont se promener seules dans les slashers : on pourrait leur coller un post-it marqué “victime” sur le front que ça ne décrédibiliserait pas leur personnage pour autant.

Heureusement ces petits ratés se retrouvent rapidement noyés, submergés même par les bonnes intentions. Parce que, comme je l’ai déjà souligné, le film est court, il passe vite. Parce que les acteurs magnifient leurs personnages. Parce que, enfin, la tension est toujours palpable. Que l’on soit confronté à une scène de simple dialogue, ou bien à un gunfight en bonne et due forme, cette tension est si présente qu’elle en deviendrait presque physique. A l’image d’une épée de Damoclès prête à s’abattre à tous moment sur la tête de nos héros. Difficile, dans ces cas là, de disposer d’un moment de répit afin de reprendre son souffle : le film vous prend en effet aux tripes dès le début…pour ne les relâcher qu’à la toute fin.

SPL c’est donc du pur bonheur en barre. Les fans des polars HK vont être aux anges, car SPL ne cherche jamais à ratisser trop large. Ici, pas de jeunes premiers ou de chanteuses pop à la con (qui a dit les twins ??) pour attirer la jeunesse dans les salles ; pas d’effet de réalisation outrageusement stylisée et/ou clippée afin de faire très “in”, à l’instar de DRAGON SQUAD. Non, rien de tout cela avec SPL. Wilson Yip va à l’essentiel. Il respecte son film et ses spectateurs. Mais SPL n’en est pas pour autant un film “has been”, censé nous faire pleurer de nostalgie : car si Wilson Yip fait un clin d’oeil au passé en imposant Sammo dans la peau du truand et en respectant certains codes d’antan, son récit et son film restent malgré tout très ancrés dans le présent (Wu Jing est quand même sur le devant de la scène, et la réalisation de Wilson Yip est moderne).

Noir, nerveux et violent, SPL se révèle être un divertissement de choc…qui fait mal. Dans son genre, il s’agit ni plus ni moins que du meilleur film HK depuis LOVE BATTLEFIELD.

Note : 9/10

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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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