Lorsque la fille d’un puissant homme d’affaires chinois disparaît dans le dangereux protectorat hédoniste de Shan Xi dans des circonstances mystérieuses, une équipe de mercenaires, Hana, Glas et Deke, est engagée pour s’infiltrer dans la ville et tenter de la retrouver en échange d’une prime extrêmement motivante
Avis de Rick :
Ceux qui nous suivent depuis longtemps le savent, j’adore la saga Fear Effect. Le second avait été chroniqué il y a déjà quelques années, et c’est avec plaisir que je me suis relancé dans le premier opus, me replongeant avec nostalgie des années en arrière. Alors que développeurs et éditeurs se lancent tous dans le survival horror depuis le succès de Resident Evil en 1996, peu auront réussis à nous fournir un nouveau choc, une aventure dense mais néanmoins originale. En 1999, c’était Konami qui offrait aux joueurs une aventure terrifiante avec Silent Hill. Eidos se lance également dans l’aventure en 2000 avec ce premier Fear Effect. En se penchant sur le jeu, à part les mécanismes de Resident Evil, Fear Effect n’a pas grand-chose à voir avec le survival horror. Et pourtant… L’aventure, tenant sur 4 CD, nous propose de jouer trois personnages, chacun son tour. Trois mercenaires, dans un Hong Kong futuriste, qui vont devoir récupérer la fille d’un homme d’affaire kidnappée, en faisant parler la poudre bien entendu. Dit comme ça, on penserait plus à un jeu s’inspirant du cinéma hard boiled de Hong Kong comme les métrages de John Woo. Et il y a beaucoup de ça dans la première partie du jeu.
On évolue dans des angles de caméras fixes façon Resident Evil dans un Hong Kong stylisé et surtout très détaillé, en allant sur les toits et dans quelques bâtiments, et en flinguant tout ce qui bouge. Parfois en avançant discrètement derrière ses ennemis pour les tuer d’un coup de couteau. Si les angles de caméras, tout comme le maniement de manière générale fait penser à du Resident Evil, Fear Effect innove sur beaucoup de points. Dans un premier temps, son style graphique. Fear Effect utilise un mode bien différent, puisque les décors seront en mouvement constamment. Que ce soit des effets de lumières, des mécanismes en arrière plan, des ascenseurs, des effets dans le ciel. Pas un angle de caméra ne sera vide ou inanimé. C’est un plaisir visuel, même si il faut avouer que cette technique, gourmande en place, a tendance à pixeliser. Mais face à tant d’originalité et une technique voulant rendre son univers vivant, on ne va pas franchement s’en plaindre. Les personnages affichent également un style différent de la saga de Capcom, fort heureusement, et que ce soit Hana, Glas ou Deke, ils sont charismatiques, et aucunement vides.
Même si leur passé sera parfois flou (mais dévoilé dans la suite, qui est en vérité une préquelle), ils ne sont pas de vulgaires pantins vides que l’on emmène d’un point A au point B. Le soft d’Eidos se différencie de la concurrence ainsi, mais pas seulement. Si l’ambiance sonore est travaillée et très réussie, on notera dans le maniement quelques différences notables avec le genre. Pas de menu que l’on ouvre pour changer d’arme, recharger ou utiliser un objet, tout se fait en temps réel en appuyant sur une touche. Si bien qu’il va falloir donc gérer son inventaire en temps réel, et ne pas se laisser surprendre par les ennemis. Pas de barre de vie ici, mais une barre de stress, qu’il va falloir gérer, et qui descendra lorsque les affrontements se calmeront.
Oui, Fear Effect reprend donc les mécanismes du survival horror pour les transposer dans un univers de science fiction hard boiled ! Et c’est tout ? Absolument pas. Car rapidement, passé le premier CD (les cd ne se jouent pas dans l’ordre), on passe dans un univers plus sombre, encore plus adulte, et allant clairement dans le fantastique, voir l’horreur, à base de légendes chinoises, de monstres étranges et j’en passe. Un pur plaisir, d’autant que cet aspect s’inscrit dans la narration sans faire tâche, montrant une maîtrise de l’écriture, pour un scénario dense et fort, chose bien trop rare à l’époque où les histoires se limitaient à de simples pretextes. Rien de tout ça ici ! Passionnant de bout en bout, Fear Effect mélange habilement horreur, gore parfois, science fiction, action, et énigmes. Car que serait un survival horror sans ses énigmes ?
Ici, elles sont parfois bien tordues et nous feront réfléchir, si bien que les énigmes changent également. Il ne s’agît pas de trouver une clé pour ouvrir la porte suivante. Fear Effect, jeu parfait ? Malheureusement non. Bien qu’à la durée de vie honnête, les 4 cd se justifient plus de part l’ambition visuelle du jeu que par une vraie durée façon Final Fantasy, qui tenaient à l’époque sur 4 cd également. Si on passera les pixels bien voyants grâce à son ambition et son univers foisonnant et cohérent, on ne pourra pas toujours pardonner quelques contrôles assez hasardeux ou bien quelques angles de caméras qui pourraient nous faire manquer une porte, voir nous faire perdre de vue notre objectif en nous désorientant. Mais ces petits défauts ne sont rien en comparaison des énormes qualités et de l’originalité d’un tel titre. À noter également, chose très rare à l’époque, une petite touche coquine présente avec Hana (ou comment attirer l’attention d’un garde : en retirant sa serviette après la douche), touche qui sera multipliée par 10 dans sa suite !
GRAPHISMES |
Très ambitieux pour l’époque, avec de nombreux décors, constamment en mouvements, des détails de tous les côtés, on regrettera certaines textures qui pixelisent un peu trop, mais rien de catastrophique. |
JOUABILITÉ |
Marcher, courir, tirer, demi-tour, rien de compliqué, si ce n’est que l’inventaire se gère en temps réel, et que certains angles de caméras nous désorientent parfois. |
DURÉE DE VIE |
Avec ses 4 CD, on aurait pu espérer bien plus long. L’aventure ne se boucle pas pour autant en quelques heures, et reste dans une bonne moyenne pour l’époque. |
BANDE SON |
Que ce soit les musiques ou les sons d’ambiance, on s’y croirait. Dommage que le jeu ne soit disponible que dans un doublage français pas terrible (alors que la suite est en vost). |
CONCLUSION |
Original, prenant, ambitieux visuellement et baignant dans une ambiance sonore discrète mais fort réussie, ce premier opus fait fort. |
Titre : Fear Effect
Année : 2000
Studio : Kronos Digital
Editeur : Eidos
Genre : Survival Horror
Joué et testé sur : PS1
Existe sur : PS1, PS3 (digital)
Support : Quatre disques