Saluons l’initiative de l’Utopia de Pontoise qui programme pour sa prochaine Absurde Séance du 26 janvier à 20h30 le film Tetsuo de Shynia Tsukamoto. Pour plus de renseignements, il est toujours possible de les joindre au 01 30 37 75 52 ou sur leur site internet http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/ qui rassemble la programmations des salles Utopia à Saint-Ouen l’Aumône et Pontoise.
Pour ceux qui ne connaitraient pas le culte Tetsuo, voici quelques informations :
Ecrit et réalisé par : Shynia Tsukamoto
Japon, 1989, VOST, 1h07, interdit aux – de 16 ans lors de sa sortie en France
Avec : Tomoro Taguchi, Kei Fujiwara, Nobu Kanaoka, Renji Ishibachi
Ouverture : un homme en bleu de travail penètre dans un atelier rempli de ferrailles, s’accroupit, se déshabille, s’entaille généreusement la cuisse à l’aide d’un couteau et y insère un bout de tuyau. Horrifié de voir la plaie s’infecter et se couvrir de vers (on voit qu’on a affaire à un intellectuel), il sort en courant et se fait renverser par un voiture. Cut. Le chauffeur, un salary-man entre deux âges d’une banalité à pleurer, se découvre une blessure bizarre à la joue; poursuivi dans le métro par une femme au corps envahi par des excroissances métalliques, il se transforme graduellement en mutant mi-homme mi-machine. Peste.
Voilà comment débute le manifeste cyberpunk hallucinant et halluciné qui a marqué toute une génération de cinéphiles déviants, et c’est peu de dire qu’il a été reçu comme une sacré claque dans le monde polissé des festivals de cinéma qui ont reconnu en lui le film expérimental le plus époustouflant de la décennie. Tourné et autoproduit par l’auteur sur une année en 16 mm dans des conditions chaotiques, Tetsuo est aussi impossible à résumer qu’un cauchemar révé par deux David, Lynch et Cronenberg, dont Tsukamoto ne fait pas secret de l’admiration qu’il leur porte.
Quelque part entre les obsessions organiques de Cronenberg et la structure (ou son absence) narrative de Lynch, Tsukamoto a accouché d’un film-monstre, enchainant les scènes-chocs dans une ambiance sonore et musicale « indus » hypnotisante, jusqu’à sa conclusion apocalyptique, en y ajoutant sa patte personnelle: une fascination érotique pour la machine qui s’oppose au corps humain et en triomphe dans une orgie masochiste propre aux névroses d’un mouvement transhumain particulièrement développé dans la société nippone moderne.
Film malade, film symptôme d’un monde qui s’est nié au point d’en appeler à une révolution post-humaine, Tetsuo vous avale, vous mâche et vous recrache hébété et hagard. Il ne vous laissera pas indemne.
Pour informations, voici l’adresse du cinéma en question : 14, rue Alexandre Prachay, 95300 Pontoise