The Full Monty raconte comment, près de 25 ans après les événements décrits dans le film, nos héros s’efforcent de survivre à Sheffield face à une économie en berne dans tous les secteurs et comment, par leurs efforts collectifs et leur profonde humanité, ils vont trouver des solutions aussi absurdes qu’inventives pour triompher de l’adversité.
Avis de Cherycok :
En 1997 arrivait dans les salles de cinéma un film anglais sorti de nulle part qui deviendra un phénomène mondial. 258M$US de recettes mondiales, sans compter l’exploitation vidéo, pour 3.5M$US de budget. Une comédie devenue culte pour beaucoup, multi-diffusée à la télévision, dont on se souvient encore aujourd’hui de la bande originale mythique. Forcément, après ce succès, une suite est envisagée et dès 2001, le projet fait parler de lui. Il ne verra finalement pas le jour. C’est finalement en 2022 qu’une suite est annoncée sous forme de série, commandée par Disney+ pour une diffusion sur leur branche FX / Hulu. Le principe est simple : on reprend le même lieu, Sheffield, les mêmes acteurs qui vont camper les mêmes personnages et on voit ce qu’ils sont devenus 25 ans plus tard. Est-ce que cette série était nécessaire ? Clairement non, The Full Monty le film se suffisait à lui-même. Est-ce que la série est malgré tout réussie ? Force est de constater que oui même s’il ne faut pas s’attendre à ce que ce soit tout à fait comme le film car, bien que ce soit mieux si vous l’avez vu, il s’agit ici d’une histoire totalement différente mais avec le même humour, les mêmes paysages, le même charme, des problématiques actualisées. Le film original restera ce qu’il était, cette série ne venant rien dénaturer et se considérant comme un complément au film.
Nous sommes donc de retour à Sheffield, 25 ans après, et on retrouve les personnages qu’on connait : Gaz, Dave, Lomper, Guy, Gerald, Horse, Jean, Nathan, … Bien entendu, ils ont vieilli, certains ont désormais une famille, des enfants, ce qui permet d’introduire de nouveaux personnages, parfois hauts en couleurs. Certains ont changé, du moins en façade, d’autres sont restés les mêmes. Mais une chose est sûre, c’est que 25 ans après, leur amitié est toujours là, avec ses hauts et ses bas. La série fait une belle démonstration de cette amitié à long terme, qui est parfois un peu écorchée par les épreuves de la vie, par une honnêteté pas toujours présente, par un soutien parfois faillible, mais une amitié pourtant toujours là. Le format série permet de développer plus facilement les vies, les relations, les défis de chacun des protagonistes, certains épisodes étant plus centrés sur tels ou tels personnages. Et comme dans le film original, le casting fait des merveilles. Ils croient en leurs personnages, ils les aiment, et cela se ressent sur le spectateur qui devrait facilement s’identifier à l’un ou l’autre, ou même à plusieurs. Les créateurs du show arrivent à les rendre tous extrêmement attachants. On rit avec eux, on est déçu avec eux, on pleure avec eux, car ils sont tout simplement humains, ni bons ni mauvais, des gens lambdas qui pourraient être de notre famille, de notre entourage. Il y a un côté très doux qui se dégage de ce mélange de nostalgie des années 90 et ce monde moderne dans lequel ils évoluent désormais, respectant ainsi l’ancien public qui avait vu (voire aimé) le film original et la nouvelle génération qui va découvrir ces personnages. Le film de 1997 avait capturé l’essence d’une époque, la série en fait de même, avec des personnages désormais fidèles à ce qu’ils sont. The Full Monty : La Série met en scène la vie réelle dans une ville ouvrière typique du Royaume-Uni et si on en croit les témoignages des habitants de Sheffield qu’il est facile de trouver sur la toile, la série serait très fidèle à l’ambiance de cette ville, à ses problématiques. Car oui, comme en 1997, et cela aurait été étonnant qu’il en soit autrement, la politique sociale est au cœur du récit. Sans que jamais ne soit mentionnée la politique actuelle de la Grande-Bretagne, les problèmes qui en résultent sont au centre de toutes les péripéties des personnages.
Le système d’allocations chômage, les sans-abris, la délinquance des adolescents, l’état de la police, le sous-financement des établissements scolaires publics, la défaillance des services de santé (classiques ou psychiatriques), la considération des handicapés, et bien d’autres sujets sensibles sont abordés. Des sujets lourds qui, à l’instar du film, sont abordés ici avec douceur, avec un humour typiquement anglais qui, bien qu’il ne vienne pas désamorcer le propos, le rend un peu plus léger. Nous ne sommes pas ici dans un enchainement de gags, loin de là, mais certaines situations vont nous arracher un fou rire. D’autres nous tirer une larmichette, avec par exemple ce dernier épisode fort en émotion, sorte d’adieu déchirant (mais aussi parfois comique, le coup du congélateur) à un personnage haut en couleur de la première heure. Tout au long des huit épisodes, ces thématiques sont abordées à travers les attentes, les croyances, les déceptions, ou encore les mensonges des personnages envers eux-mêmes qui, à force de se dire que tout va bien, vont parfois sombrer peu à peu à cause de leur impuissance et leur vulnérabilité face au système. Les deux auteurs Simon Beaufoy (qui avait signé le scénario du film de 1997) et Alice Nutter sont suffisamment malins pour tantôt nous amener là où on ne s’y attend pas, tantôt pour nous conforter dans ce qu’on souhaitait. On se sent comme dans des petits chaussons avec ces personnages et, bien qu’on pourrait être découragé par le premier épisode et cette histoire de kidnapping de chien célèbre, très rapidement le charme du film originel s’installe. On pourra lui reprocher de parfois s’étirer trop en longueur et sans doute que 6 épisodes au lieu de 8 aurait été un meilleur format. Par exemple, tout l’arc narratif avec le pigeon était assez dispensable, bien qu’il fût là pour coller avec le personnage un peu à côté de la plaque de Lomper. De manière générale, comme dans beaucoup de séries, certains épisodes sont plus forts que d’autres, mais tous ont leurs moments mémorables et, lorsque le générique de fin du dernier épisode retentit, on est un peu triste de quitter ces personnages pittoresques et ces paysages charmants de Sheffield. Une saison 2 n’est clairement pas nécessaire car cette saison se suffit à elle-même, mais si saison 2 il y a, il y a fort à parier que j’y jetterai un œil malgré tout.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Retrouver les personnages 25ans après ♥ Les thématiques abordées ♥ L’humour typiquement anglais ♥ Le très bon casting ♥ L’ambiance douce (parfois amère) |
⊗ Des arcs narratifs moins intéressants ⊗ Certains personnages un peu oubliés |
En mettant en lumière les problèmes actuels de l’Angleterre à travers des personnages du film de 1997 mais 25 ans après, The Full Monty : La Série retrouve la formule qui avait fait le succès du film original. Une série émouvante, drôle, charmante, et surtout humaine. |
Titre : The Full Monty : La Série
Année : 2023
Durée : 8 x 45min
Origine : Angleterre / U.S.A
Genre : Quelques années plus tard…
Réalisateur : Catherine Morshead, Andrew Chaplin
Créé par : Simon Beaufoy, Alice Nutter
Acteurs : Robert Carlyle, Mark Addy, Paul Barber, Steve Huison, Paul Clayton, Lesley Sharp, Miles Jupp, Talitha Wing, Tom Wilkinson, Sophie Stanton, Natalie Davies