456 personnes, qui ont toutes des difficultés financières dans la vie, sont invitées à prendre part à une mystérieuse compétition de survie. Participant à une série de jeux traditionnels pour enfants mais avec des rebondissements mortels, elles risquent leur vie à concourir pour un prix de 45,6 milliards de wons.
Avis de Cherycok :
Voici donc le nouveau phénomène mondial qui fait trembler jusque dans les cours d’écoles. Difficile de passer à côté en ce moment puisque tout le monde en parle, que ce soit les gens eux-mêmes ou même toute la presse, écrite ou télévisée. Squid Game déchaine les passions. La série est sortie le 17 septembre 2021 et le 26 septembre, elle occupait déjà la première place des fictions les plus vues dans de nombreux pays, dont les États-Unis. Il s’agit accessoirement du classement le plus élevé enregistré par un drama coréen sur la plateforme de SVOD au N rouge. Tout ce tapage a forcément fini par m’intriguer et je me suis donc lancé à bras ouverts dans ce qui s’annonçait être la série du moment, celle qu’il fallait absolument voir au risque de passer pour un crétin auprès de ses collègues de boulot. Alors oui, c’est une bonne série, mais il y a des « mais ». Explications
Bien que tentant d’en dévoiler le moins possible, cette critique ne sera peut-être pas exempte de spoilers. Donc avis à ceux qui ne l’ont pas encore vu.
Beaucoup ont comparé Squid Game à des films tels que le très bon Battle Royale (2000) ou la moyennasse saga Hunger Games (2012-2015). L’idée de départ, avec des gens forcés de s’entretuer est effectivement là. Mais rapidement Squid Game prend son propre chemin et s’il devait se rapprocher de quelque chose déjà sorti, il faudrait plus regarder du côté du film japonais Kamisama no iu tori (2014), lui-même adapté d’un manga. Squid Game a d’ailleurs suscité quelques critiques à sa sortie à cause de grosses similitudes avec le film japonais, mais le réalisateur de la série s’est défendu en disant qu’il avait commencé à travailler sur le scénario en 2008, soit 6 ans avant la sortie du film japonais. Quoi qu’il en soit, Squid Game est l’œuvre de Hwang Dong-Hyuk, réalisateur de l’estimé The Fortress (2017) et il nous compte effectivement ici l’histoire de 456 personnes qui vont devoir s’affronter dans des jeux mortels. Ces personnes ont toutes été amenées de leur plein gré après qu’une personne leur en ait exposé le principe : ils vont jouer à des jeux de leur enfance, et le gagnant remportera 45,6 milliards de wons (environ 33M€). Qui pourrait refuser une telle offre ? Il y a trois règles à respecter après avoir signé une sorte de contrat : 1. Les joueurs n’ont pas le droit d’arrêter de jouer ; les joueurs refusant de jouer seront éliminés ; le jeu peut être arrêté si la majorité est d’accord. Sauf que rapidement, ils vont se rendre compte que ceux qui perdent ou enfreignent les règles fixées par les organisateurs seront immédiatement exécutés, de sang-froid. Les amitiés vont naître, tout comme les rivalités, mais tous vont être confrontés à un dilemme : voter pour arrêter le jeu, repartir avec rien et retrouver leurs misérables existences pleines de dettes, ou tenter leur chance, quitte à marcher sur la gueule des autres, avec en ligne de mire un pactole qui pourra les mettre à l’abri financièrement jusqu’à la fin de leurs jours.
Techniquement, il n’y a rien à reprocher à Squid Game. C’est visuellement très réussi, aussi bien au niveau de la photo que des cadrages, avec de très beaux plans bien fous, que du design général des différents costumes et environnements. La mise en scène est vraiment léchée, comme souvent avec le cinéma coréen, et il n’y a aucun faux-pas à ce niveau-là. Même chose en ce qui concerne les acteurs, le casting est vraiment très bon. Les connaisseurs en cinéma coréen reconnaitront aisément pas mal de têtes, que ce soit Lee Jung-Jae (Deliver Us From Evil, Along With The Gods), Heo Sung-Tae (The Age of Shadows, The Outlaws), Gong Yoo (Dernier Train pour Busan, The Age of Shadows) ou encore Kim Joo-Ryung (Bluebird, Silenced). La mannequin Jung Ho-Yeon impressionne dans son tout premier rôle, aussi bien par son joli minois que par ses talents d’actrice. L’univers de la série est très réussi, constamment intrigant via ses tenues étranges au symboles géométriques en guise de visage, ses jeux enfantins détournés afin d’en faire quelque chose de mortel. Le premier, 1, 2, 3 soleil est marquant par sa violence graphique, ses nombreuses gerbes de sang ; celui des billes l’est tout autant par la violence psychologique qu’il inflige aux personnages. Bien qu’inégaux, ils sont malgré tout tous réussis à leur façon, parfois plein d’humour noir, parfois simplement intenses, mais donnant lieu à chaque fois à des scènes mémorables. Tout le contexte politique et social sous-jacent de la série fonctionne très bien. On a l’habitude que le cinéma coréen tape sur ses institutions ou ses politiques et c’est donc une fois de plus le cas ici. Le scénario prend le temps de bien développer son univers, ses personnages, sa critique. On nous distille vraiment au compte-goutte des informations sur les organisateurs de ce jeu machiavélique, bien que juste sur certains côtés, avec ces participants qui sont tous mis sur un pied d’égalité, quels qu’ils soient, du moins en apparence. Mais il y a donc des gros « Mais ».
Le scénario développe des intrigues secondaires qui ne servent strictement à rien, aussi bien celle du policier que celle du « trafic » qui s’organise en arrière-plan. Elles occupent malgré tout pas mal de place collées bout à bout et à moins qu’elles soient ici pour une quelconque utilité dans la saison 2, elles sont ici complètement vaines si ce n’est à servir de remplissage pour empêcher l’histoire principale d’être trop répétitive. Et puis il y a cette révélation finale dans le dernier épisode, lorsque l’intrigue nous amène au 7ème étage d’un immeuble. C’était clairement de trop, et là également, l’intérêt est plus que limité, avec une des raisons les plus stupides sur le pourquoi du jeu. Squid Game aurait, à la limite, mérité de nous laisser sur l’interrogation « Qui peut bien être derrière tout ça et pourquoi ? » A y réfléchir, c’est presque tout ce 9ème épisode qui est de trop. Le début, sur ce qu’est devenu le gagnant du jeu, est intéressant, mais le reste de l’épisode aurait pu ne pas être là car en l’état, cela donne cette sensation qu’ils ne savaient pas comment finir cette saison 1 et ils ont donc tenté quelque chose, en vain. Sans parler du twist final dans les toutes dernières minutes, complètement inutile si ce n’est pour amener une potentielle saison 2 qui devra s’appuyer sur les sous-intrigues mises en place (surtout celle du policier) afin de vraiment rattraper les points négatifs de cette première saison. « Potentielle saison 2 » car le réalisateur Hwan Dong-Hyeok a affirmé ne pas avoir pour le moment de plans détaillés pour une deuxième saison. Mettre en scène cette série fût stressant et fatigant pour lui, et il a exprimé son souhait de retourner au cinéma. Il n’exclut néanmoins pas une saison 2, mais il ne la fera que s’il est épaulé par plusieurs réalisateurs et scénaristes expérimentés.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une brochette de très bons acteurs(trices) ♥ Visuellement réussi ♥ Des scènes qui restent en tête ♥ Excellente bande son |
⊗ Les sous-intrigues donc ⊗ Le dernier épisode, presque de trop |
Bien que loin d’être exempte de défauts, dont certains assez problématiques, Squid Game est une série solide qui divertit tout le long de ses neuf épisodes. La technique et le casting sont parfaits, mais ça se perd dans des sous-intrigues et des explications dispensables. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Comme Netflix visait un public mondial, les visuels ont été accentués et certaines règles des jeux d’enfants ont été simplifiées pour éviter les problèmes potentiels liés à la barrière de la langue.
• La poupée robot du premier épisode, Red Light, Green Light, est inspirée de Younghee, un personnage qui apparaissait sur les couvertures des manuels scolaires coréens dans les années 70 et 80, et sa coiffure est inspirée de celle de la fille du réalisateur. La poupée chante, en coréen, « Mugunghwa Flower has Blossomed », en référence à l’hibiscus syriacus, la fleur nationale de la Corée du Sud.
• La série n’est pas exempte d’incohérences, comme un certain personnage important pour le dénouement, mais qui aurait pu mourir à plusieurs reprises. On est également en droit de se demander, vu qu’on nous explique que c’est très loin d’être la première édition du jeu, pourquoi personne ne semble au courant de l’existence d’un tel jeu. Nous pourrions également citer la batterie du policier qui semble ne jamais s’épuiser alors qu’il n’a aucun moyen de la recharger.
• Le numéro de téléphone utilisé dans la série était un vrai numéro sud-coréen. Le propriétaire du numéro était appelé plus de mille fois par jour. En temps normal, ce sont des numéros inutilisés ou impossible à numéroter qui sont utiliser dans le cinéma et les séries, justement pour éviter ce genre de désagrément.
• Les logos figurant sur les cartes d’invitation (cercle, triangle et carré) ne sont pas des éléments de la cour de jeu du calamar, comme beaucoup l’ont supposé. Il s’agit en fait de lettres de l’alphabet coréen, écrites en Hangul, le système d’écriture coréen. Le cercle est la lettre « o », le triangle est une partie de la lettre « j », et le carré est « m ». Tous ensemble, on lit « O J M », qui sont les initiales du jeu de calmar en coréen, qui se lit OJingeo GeiM.
Titre : Squid Game
Année : 2021
Durée : 9 x 55min
Origine : Corée du Sud
Genre : 1, 2, 3, t’es mort
Réalisateur : Hwang Dong-Hyuk
Scénario : Hwang Dong-Hyuk
Acteurs : Lee Jung-Jae, Park Hae-Soo, Oh Young-Soo, Jung Ho-Yeon, Heo Sung-Tae, Kim Joo-Ryung, Tripathi Anupam, Yu Seong-Ju, Lee Yoo-Mi, Hong Woo-Jin