Les rivalités entre Daniel LaRusso et Johnny Lawrence continuent. Cobra Kai et Miyagi-Do montent tous les deux en puissance mais l’arrivée de John Kreese, l’ancien senseï de Lawrence que tout le monde croyait mort, va venir changer la donne et redistribuer les cartes. Ce retour va faire remonter chez certains des souvenirs douloureux. Les alliances vont se faire et se défaire, et tout le monde n’en sortira pas indemne…
Avis de Cherycok :
Je vous ai récemment proposé un texte sur la saison 1 de Cobra Kai, série dont tout le monde parle, en train de devenir culte au même titre que la saga Karate Kid dont elle est la suite. Alors que je n’en attendais rien, cette saison 1 fût avalée en deux soirs tellement les showrunners ont été malins sur la façon d’utiliser la nostalgie en faisant revenir le casting original et en détournant pas mal de codes et clichés dans lesquels ils auraient pu allègrement se vautrer. Alors je ne vais pas vous parler ici de la saison 2, mais bien des saisons 2, 3 et 4 d’un seul coup. Car j’avoue, il a été difficile pour moi de ne pas binge-watcher les trois d’affilée tant le boulot effectué aussi bien par les showrunners que par les acteurs est dans la continuité de ce qui a fait la force de la saison 1. Certes, la surprise est passée ; certes, il y a toujours des ratés ci et là ; mais c’est toujours aussi réconfortant, régressif et au final réussi.
Une fois de plus, je vais le répéter, tout est loin d’être parfait. Les personnages sont souvent caricaturaux, les amourettes qui se font et se défont sont visibles à des kilomètres, les combats sont loin d’être parfaits à cause d’une majorité d’acteurs (dont certains principaux) qui ne sont pas des artistes martiaux, il y a des sauts dans le temps et des facilités scénaristiques, … Et pourtant ça fonctionne à fond les ballons, qu’on soit nostalgique ou pas des années 80. Cobra Kai va continuer d‘utiliser de manière très intelligente ses références à la trilogie originelle, préférant s’en servir pour continuer de développer ses personnages, d’approfondir leur psychologie, d’amener de nouvelles intrigues afin de renouveler le show, plutôt que de tomber dans le clin d’œil facile et le fan service. Non, il n’y a pas besoin d’avoir vu les trois films Karate Kid car la série fait ce qu’il faut pour qu’il n’y ait pas de manque si c’est le cas. Plus la série avance, plus on se rend compte que les personnages ne sont ni blanc, ni noir, et bien qu’on ait l’impression que le manichéisme exacerbé soit présent à tous les étages, on se rend compte que ce n’est pas le cas au fur et à mesure que les épisodes avancent. Aucun personnage n’est réellement tout blanc ou tout noir, même ceux qu’on se met rapidement à détester (John Kreese pour ne citer que lui). Tous ont leurs forces mais aussi leurs faiblesses, tous ont un passé qui a fait d’eux ce qu’ils sont devenus 30 ans plus tard, et c‘est sans doute parce que la série développe beaucoup de ses personnages, même des secondaires, qu’on s’attache autant à eux et qu’on est parfois déçus ou surpris des décisions qu’ils prennent. Bien entendu, Johnny Lawrence reste le personnage le plus emblématique, de par son caractère, de par son côté arriéré amenant de nombreux gags (sa découverte des réseaux sociaux), mais aussi parce qu’il est au final possiblement le plus sincère, et sa relation conflictuelle avec Daniel Larusso reste et restera le fil conducteur de la série. Mais d’autres plus secondaires, comme celui de Eli ou celui de Tory, restent très intéressants tout comme leur évolution. On se dit que certains arcs narratifs ne sont pas utiles au moment où on les voit, comme par exemple le séjour au Japon dans la saison 3 pour nous présenter Chozen, grand méchant de Karate Kid II, ou encore la sous-intrigue avec le jeune Anthony Larusso devenu détestable envers un de ses camarades de classe dans la saison 4. Mais on se rend compte que rien n’est là par hasard ou juste pour du remplissage et qu’ils sont là pour préparer la suite.
Ces saisons 2/3/4 vont bien sûr avoir quelques ratés. Ces rivalités incessantes, avec des personnages qui restent beaucoup trop campés sur leurs positions, auront tendance à donner cette impression que la série tourne en rond, ce qui pourra clairement en décourager certains. On pourra également reprocher le fait que tout va parfois très (trop) vite par moment, avec par exemple ces nouveaux venus dans les dojos qui semblent apprendre le karaté bien trop rapidement ; le fait que personne ne semble intervenir dès qu’une bagarre éclate n’importe où (que ce soit au lycée ou au supermarché) ; ou encore la récupération étonnement rapide du personnage de Miguel suite à l’incident en fin de saison 2. Mais au final, ce ne sont que des réminiscences de ce qui pouvait déjà être vu dans beaucoup de films il y a 30 ou 40 ans sans que cela choque personne (souvenez-vous de tous ces films martiaux façon Kickboxer avec Van Damme). Mais ces saisons 2/3/4 vont aussi améliorer certains points, à commencer par les scènes de baston. Certes, il y en a toujours qui sont un peu pachydermiques, mais il y a aussi des moments complètement jouissifs. Le très long final de la saison 2, dans le lycée, avec sa longue baston générale en plan séquence est assez impressionnante. Même chose pour celui de la saison 3, chez les Larusso, impliquant des dizaines de combattants se mettant joyeusement sur la gueule ; ou encore le tournoi de fin de la saison 4 ne se déroulant pas forcément comme on le souhaitait/l’avait prédit. Mais aussi bien d’autres. Il faut aussi compter sur cet humour latent grâce à certains personnages, se révélant d’ailleurs parfois au fil des épisodes (comme celui de Dimitri), qui donne lieu à des scènes truculentes. Plus les épisodes défilent, plus on se sent comme dans des pantoufles toutes chaudes. Les grosses ficelles deviennent agréables car elles nous donnent ce qu’on a envie de voir. Les moments de mièvrerie avec les romances adolescentes fonctionnent étrangement bien car elles nous renvoient parfois à nos années collège/lycée à nous. Et au final, ces trois saisons passent hyper vite et arrivent à maintenir une qualité qui fait plaisir à voir. La seule chose qu’on pourrait craindre, c’est que, vu le succès, les saisons continuent de se multiplier. Car bien qu’on puisse être content de retrouver tous les personnages qu’on s’est rapidement mis à aimer (ou détester), l’intérêt pourrait se mettre à retomber comme c’est le cas pour beaucoup de séries qui s’éternisent trop. Wait and See donc et vivement la saison 5 !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le long final de chaque saison ♥ Les personnages toujours attachants ♥ De bons dialogues ♥ Scénario intelligent |
⊗ Un côté parfois redondant ⊗ Les facilités |
Cobra Kai continue sur sa belle lancée avec ces saisons 2, 3 et 4. Là où la série perd parfois en intérêt sur certains aspects, elle en gagne sur d’autres et l’équilibre continue de fonctionner. Mieux encore, elle donne envie de (re)découvrir la trilogie originale, et ça c’est fort ! |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La scène de combat entre les Miyagi Do et les Cobra Kai dans l’épisode 10 de la saison 2 est similaire à la bagarre entre les greasers et les socs dans The Outsiders (1983), dans lequel jouait également Ralph Macchio.
• Dans un épisode de la saison 3, Amanda Larusso appelle Kreese « Rambo ». Martin Kove, qui joue Kreese, a joué le rôle d’Ericson dans Rambo II.
• Dans la saison 2, Tommy meurt et finit dans un sac mortuaire. Il s’agit d’un clin d’œil à la fameuse citation « Get him a body bag » (mettez-le dans un sac mortuaire) lors du match final entre Daniel et Johnny dans le premier Karaté Kid. Malheureusement, Rob Garrison, l’acteur qui jouait Tommy, est décédé d’une insuffisance rénale dans la vraie vie peu après le tournage de l’épisode.
• Jean-Claude Van Damme, qui est mentionné à de nombreuses reprises dans la série parce que Johnny Lawrence est un fan, est un grand fan de la série et en a fait l’éloge sur les réseaux sociaux.
Titre : Cobra Kai – Saison 2-3-4
Année : 2019-2021
Durée : 30 x 30min
Origine : U.S.A
Genre : La saga continue
Créé par : Josh Heald, Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg
Acteurs : Ralph Macchio, William Zabka, Xolo Maridueña, Courtney Henggeler, Tanner Buchanan, Mary Mouser, Jacob Bertrand, Martin Kove, Gianni DeCenzo