Les montagnes de Transylvanie, en Roumanie, vers 1462, pendant l’invasion turque. Le prince Vlad Tepes est un souverain aimé et respecté et un grand guerrier. Après une bataille, il n’a qu’une hâte, celle de retrouver sa femme Mirena et leur fils. C’est alors que le sultan Mehmed II le défie et menace la sécurité de son royaume. Celui-ci vient de lever une grande armée et veut que le fils de Vlad, de même que 1000 jeunes hommes de Valachie, y soient enrôlés. Afin de protéger son petit garçon et son peuple, il décide de voir un démon censé lui donner des pouvoirs surnaturels. Ainsi, il doit vendre son âme et se voit condamné à devenir une créature de la nuit…
Avis de Cherycok :
Le cinéma américain est depuis quelques années déjà clairement en manque d’inspiration. Remakes et reboots à foison, jamais on aura vu autant de licences ressurgir d’outre tombe. Et il est rigolo de voir comment en ce moment, ils revisitent les vieux mythes. Hercule de Brett Ratner, I Frankenstein de Stuart Beattie, deux sympathiques bobines qui ne cassent tout de même pas trois pattes à un canard, et maintenant Dracula Untold d’un certain Gary Shore dont c’est le premier long métrage. Un film qui risque de faire grincer énormément de dents (et de crocs) tant l’approche différente du mythe de Dracula qui est choisi ici semble blasphématoire envers l’œuvre de Bram Stocker.
Dracula Untold s’approprie tellement l’œuvre que si on commence à comparer avec le matériau de départ, on ne peut être que déçu. Déjà, tout élément horrifique a été enlevé. En résulte un film assez aseptisé et très grand public. Mais où sont les gorges arrachées, les empalements bien sanglants et les scènes de sexe torrides ! Car à l’exception de deux bras coupés et d’une ou deux rares giclées d’hémoglobine, point de gore ici, et encore moins d’érotisme.
Gary Shore préfère voir l’histoire sous un autre angle. Et comme c’est la mode des films Marvel depuis quelques années, ce Dracula Untold ressemble à s’y méprendre à un film de super-héros qu’on aurait croisé avec le 300 version Zack Snyder. Dracula a des super pouvoirs super impressionnants et il va super péter la gueule à tous ces enfoirés de turcs ! En même temps, il fallait bien ça quand on nous donne un budget colossal de presque 100M$ ! Et ce coté super héros se ressent immédiatement tant tous les poncifs du genre sont présents ici. La découverte des pouvoirs qui se rapproche énormément de celle du premier Spiderman ; la chute dans le vide de la femme de Dracula qui se rapproche énormément de celle dans… Spiderman… Cliché, cliché et re-cliché. Mais ce n’est pas tout, parce que si 300 est cité un peu plus haut, c’est parce qu’on me souffle dans l’oreillette que certains plans sont tout bonnement calqués sur ce dernier, mais en moins bien.
Ce parallèle Dracula / Super-Héros tente en quelque sorte « d’humaniser » le personnage de Dracula. Mais merde, pourquoi toujours essayer de désacraliser des mythes, pourquoi essayer de faire autre chose que ce qu’il est réellement… Surtout lorsqu’il répond au doux nom plein de poésie et de finesse de Vlad l’Empaleur !
Heureusement que Dracula Untold est plutôt joli visuellement, avec ses effets spéciaux parfois impressionnants et ses décors qu’on croirait sortis d’un bouquin d’heroïc fantasy. Même chose pour les costumes dont une armure de dragon rouge appartenant au personnage principal qui est parmi les plus belles qu’on ait pu voir à l’écran. Mais deux gros problèmes viennent vraiment… poser problème !
Tout d’abord, ce sont les scènes d’action. Certes, elles sont plutôt agréables à l’œil dans leur ensemble, grâce à quelques jolis plans filmés à la grue et des effets spéciaux qui relèvent le niveau (les attaques en mode chauve souris), mais leur mise en scène n’enthousiaste guère plus. On a l’impression que le montage a été fait par un boucher / charcutier tant les coupes sont nombreuses et nuisent à la visibilité des chorégraphies. C’est trop cut, et pire encore, on a parfois la sensation qu’il manque des images. Ensuite, est-ce que le choix de Luke Evans était réellement judicieux pour interpréter le rôle de Vlad l’Empaleur ? Où plutôt ce qu’ils en ont fait à l’écran ? Parce que les cheveux longs gominées et la tête de beau minet, dans Twilight ça passe, mais ici nettement moins, surtout quand il tente des punchlines badass qui pour le coup tombent à plat… Heureusement, Charles Dance (le papa Lannister dans Game of Thrones) a toujours la classe, que ce soit avec ou sans son maquillage de vampire.
Pourtant, Dracula Untold se laisse regarder si on n’est pas trop exigeant. Le film est court (1h28 générique compris), ca remplit son contrat de divertissement et on ne s’ennuie pas. Malgré la fin ouverte laissant penser à une suite au 21ème siècle, Dracula Untold n’a apparemment pas été assez rentable pour avoir une suite. Mais selon certaines informations, il devrait y avoir d’autres films avec des personnages différents mais dans le même univers. Universal essaierait-il de faire son propre Avengers avec des « monstres » ?
Note :
Titre : Dracula Untold
Année : 2014
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : Dracula 2.0
Réalisateur : Gary Shore
Avec : Luke Evans, Sarah Gadon, Dominic Cooper, Samantha Barks, Art Parkinson, Paul Kaye, Zach McGowan, Charles Dance, Thor Kristjansson, Ronan Vibert, Noah Huntley