[Semaine ExtremAsia] Jour 3 : Orgies of Edo

Titre : Orgies of Edo / Joy of Torture 3 / Orgies Sadiques de l’Ere Edo
Année : 1969
Durée : 1h40
Origine : Japon
Genre : Torture
Réalisateur : Teruo Ishii

Acteurs : Mitsuko Aoi, Teruo Yoshida, Masumi Tachibana, Yukie Kagawa, Akira Ishihama, Tatsumi Hijikata, Asao Koike, Junko Toda, Toyozo Yamamoto

Synopsis : Période Tokugawa aussi connue sous le nom de période Edo : une prostituée impliquée dans un adultère tombe enceinte et subit un avortement forcée ; une femme mariée, violée dans sa jeunesse par un être difforme, ne peut ensuite plus connaître le plaisir qu’en faisant l’amour avec des handicapés ou des clochards ; lors d’un lâché de taureau sur des concubines, un shogun, adepte de Sade, est subjugué par la témérité de l’une d’entre elles et décide d’en faire sa favorite …

Avis de Ryo Saeba :
Voici donc le 3e volet de la série des Joys of Torture qui en comporte 8 au total. Aux premiers abords, ce volet paraît plus expérimental que les autres, d’une part de par son introduction assez étrange et très réussie dans laquelle Tatsumi Hijikata, fondateur de la danse butô, esquisse des gestes amples et se débat dans un univers bien particulier avec des femmes à 6 seins, et puis également expérimental dans son 1er sketch dans lequel les 2 protagonistes se retrouvent dans un univers, rempli de rouleaux de tissu du sol au plafond, où ils courent puis font l’amour. Cette apparition de Tatsumi Hijikata dans le générique d’introduction marque la première d’une longue série de collaborations entre les 2 hommes, Teruo Ishii expliquant qu’il a engagé Hijikata après avoir lu un article sur lui dans un journal. Hijikata sera d’ailleurs par la suite l’interprète de l’inquiétant docteur de L’Effrayant docteur Hijikata. Ce premier sketch est plutôt gentillet par rapport à ce que nous a habitué la série avec cependant une scène assez horrible, qui valut de nombreux problèmes au réalisateur lors de la sortie du film, lorsque qu’une femme subit un avortement forcé par l’intermédiaire de deux personnes qui lui appuient un énorme poids sur le ventre. Mais il y également un petit lavage d’œil au piment bien sympathique et un combat de geisha topless dans lequel 3 femmes en soulèvent une autre et celles qui sont en haut doivent se faire tomber entre elles.

Vient ensuite le 2e sketch où Teruo Ishii explore un thème qui lui est cher, à savoir la difformité et autres handicaps physiques. Il reprendra ce thème par la suite à travers l’Effrayant docteur Hijikata mais aussi plus récemment avec The Blind beast vs the Dwarf, tous 2 tirés de l’univers de Edogawa Rampo (anagramme japonais de Edgar Poe). On a donc des scènes assez délirantes où une femme se fait violer par des nains ou par un homme au visage immonde dont la moitié est complètement brûlé. Mais cette même femme qui prend du plaisir à faire l’amour à des personnes aux physiques anormaux, prend également du plaisir à infliger de la souffrance, on a donc une exploration des 2 côtés de l’univers Sado Masochiste qui dérive même totalement vers un fétichisme de la difformité.

Et puis enfin vient le clou du spectacle avec le 3e segment, Teruo Ishii se lâche et nous délivre tout le gore absent des 2 précédents sketchs. C’est l’histoire d’un puissant seigneur (Shogun) devenu à moitié fou et qui s’amuse à tuer des femmes pour son plaisir. Ainsi dès l’introduction du sketch il attrape une femme au lasso sur son cheval et la traîne pendant une centaine de mètres avant de l’envoyer s’écraser contre un mur. Il enchaîne avec une scène assez incroyable où le même Shogun envoie des taureaux dont les cornes sont enflammées sur des geishas habillées de rouge qui étaient en train de danser. Bien sur, non content du résultat, il leur crie dessus dans un premier temps afin qu’elles se déshabillent si elles veulent rester en vie, seulement l es geishas n’enlèvent que le haut, il va donc être obligé de leur tirer dessus avec son arc … Donc, entre celles qui se font littéralement défoncer le torse par les cornes et les autres par les flèches, on a le droit à un beau déluge de sang. Il y a également dans ce sketch une torture assez vicieuse mais qui donne un rendu esthétique fabuleux lorsqu’une femme se fait déshabiller et recouvrir de peinture dorée des pieds à la tête jusque dans les cheveux. Cette beauté visuelle est renforcée par le fait que la femme est enfermée dans une pièce au multiple miroir semblable à celle du final de Enter the Dragon, ce qui donne un effet d’optique superbe. Mais on le sait, les films d’exploitation japonais des années 70 sont un véritable vivier de plaisir pour leurs expérimentations visuelles et leur esthétique particulière, rarement égalé.

Le seul élément reliant les 3 sketchs est le personnage du docteur qui essaie de sauver l’enfant de la pauvre femme ayant subit l’avortement forcé dans le 1er sketch, qui se demande alors si la technique utilisé en Europe pourrait sauver l’enfant (tout simplement une césarienne). Et cette technique, il va avoir l’occasion de la tester dans le 3e sketch lorsque le Shogun va lui demander d’enlever l’enfant du ventre de sa compagne dans une scène assez hilarante je dois dire, bien que l’on parle d’un éventrement.
Teruo Ishii n’hésite à aucun moment à briser tous les tabous possible : inceste, viol, SM, handicap physique, seulement il ne le fait pas vraiment pour les dénoncer mais pour s’amuser et voir jusqu’où il peut aller. Car Teruo Ishii se fait avant tout plaisir, même si à la base les studios lui posent des obligations, il arrive toujours à faire se qu’il veut. C’est en ce sens qu’on peut dire qu’il se rapproche d’un cinéaste tel que Takashi Miike, leur méthode de travail est très similaire et tous deux font du cinéma avant tout pour leur plaisir, c’est une chose bien rare dans ce milieu pour être appréciable.

Au final, ce 3e volet de la saga des Joys of Torture est l’un des plus funs et jouissifs de la série même s’il démarre assez timidement durant le premier sketch.

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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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