[Semaine ExtremAsia] Jour 2 : Organ

Titre : Organ
Année : 1996
Durée : 1h50
Origine : Japon
Genre : Horreur
Réalisateur : Kei Fujiwara

Acteurs : Kei Fujiwara, Kimihiko Hasegawa, Kenji Nasa, Ryu Okubo, Tojima Shozo, Shun Sugata

Synopsis : Deux flics tentent de démanteler un trafic d’organes. Mais très vite, les choses se gâtent et au terme d’une violente confrontation, l’un d’eux disparaît, enlevé par Saeki et Yoko, les deux monstres à l’origine de ces atrocités.

Avis de Kwaidan :
ORGAN est la première réalisation de Kei Fujiwara, connue des amateurs de fantastique japonais et de film bien secoués en général pour son interprétation du personnage féminin principal du TETSUO de Shinya Tsukamoto. Une oeuvre étrange qui, sous le prétexte d’une quête vengeresse contre des trafiquants d’organes, aligne une série de visions et d’idées pour le moins cauchemardesques et dérangeantes.
La première chose qui vient à l’esprit quand on pense à ORGAN est sa ressemblance avec les premières oeuvres de David Cronenberg. Kei Fujiwara partage bon nombre d’obsessions du réalisateur canadien, comme cette fascination pour la chair en mutation exprimant l’état mental des personnages et le sexe déviant. Une connexion que Fujiwara revendique d’ailleurs haut et fort en comparant une victime d’expériences médicales au héros de « LA MOUCHE » dans un des dialogues du film.

ORGAN est moins graphique que sa réputation ne le laisse entendre. Plus que le trafic d’organes, c’est avant tout les étranges expériences menées par le personnage de Seaki et la dégénérescence de son esprit qui sont mis en valeur. N’attendez donc pas des tonnes de barbaque bien saignante, mais plutôt d’énormes tumeurs suitantes et autres blessures d’où s’échappe un mélange de diverses substances gluantes et de sang, traductions organiques de la décomposition de des esprits des personnages…Bon appétit! Certains passages d’ORGAN parviennent à devenir réellement écoeurants, comme lorsque Seaki fait avaler le pu s’écoulant de sa blessure à une de ses étudiantes, elle aussi assez perturbée. Ce n’est cependant pas dans ces scènes qu’ORGAN s’avère le plus efficace. Le film atteint des sommets dans le malsain avec des séquences particulièrement brillantes: un personnage, amputé des bras et des jambes, placé en décoration au milieu de plantes vertes et traité comme telle ou encore le drame qui a fait basculer la vie de Yoko et son frère. S’ajoute à cela cet instant traumatisant où un flic, au bord de l’hystérie, ramasse des organes et somme Seaki de les remettre dans la personne à qui il vient de les extraire, toujours vivante et s’agitant frénétiquement sous la douleur. Ici, c’est surtout par ses idées bien barges et non par des débordements graphiques que Kei Fujiwara engendre le malaise. Le côté très « underground » de l’ensemble renforce l’impact des scènes chocs, les rendant encore plus poisseuses et glauques.

L’ensemble du film aurait grandement bénéficié d’un scénario plus rigoureux et de personnages un peu plus étoffés. Bien que suivant toujours sa trame principale (la recherche du flic disparu), le récit multiplie les évènements de façon assez chaotique et on a parfois bien du mal à comprendre ce qui se passe. De même, de nombreux personnages vont et viennent au détriment des trois principaux, le flic vengeur, Seaki et Yoko, qui auraient mérité d’être encore plus développés.

Kei Fujiwara semble avoir une vision très pessimiste de l’humanité, faisant d’ORGAN un film très sombre, sans aucune lueur d’espoir. En témoignent l’ironie des derniers mots du flic à son ex-coéquipier qui a pourtant consacré, et sacrifié, sa vie à le retrouver. Sans être un chef d’oeuvre, son film a suffisament d’attraits pour mériter d’être découvert, à commencer par l’univers ténébreux et parfois très surréaliste de l’artiste.

Note : 7/10

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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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