C’est un petit choc dans le milieu policé du cinéma japonais. Kagawa Teruyuki, l’un de ses plus grands acteurs (pour moi, le meilleur, car moins coincé qu’un Asano et plus versatile qu’un Yakusho Kôji) a annoncé qu’il allait désormais se consacrer au kabuki. Être acteur de kabuki n’est pas incompatible avec une carrière ciné (Ebizo a par exemple le premier rôle du remake de SEPPUKU, par Miike Takashi), néanmoins l’entrainement nécessaire, les répétitions, les danses…et surtout le fait que Kagawa Teruyuki n’a jamais été acteur de kabuki, tout cela devrait le rendre désormais très rare à la télévision ou au cinéma (tout du moins dans un premier temps). Une grande perte pour nous, mais une aubaine pour le kabuki, qui pourrait voir là l’occasion d’attirer un public un peu moins âgé qu’à l’accoutumée.
Le kabuki est fortement ancré dans la tradition japonaise, il ne s’agit absolument pas de simples pièces de théâtre puisque les grands acteurs sont quasiment des trésors nationaux. Une particularité : le flambeau se transmet uniquement de père en fils. Mais Kagawa Teruyuki n’a pas vécu avec son père, mais sa mère (les acteurs de kabuki ne sont pas toujours vertueux et une mésaventure précipita un divorce rapide). Les deux hommes sont d’ailleurs longtemps restés en froid et c’est seulement très récemment que le père, très âgé, est revenu habiter chez son fils. La naissance du fils de Kagawa Teruyuki il y a quelques années de cela a également pu jouer un rôle dans la récente décision de l’acteur (qui espère peut-être ainsi être aussi capable de transmettre le flambeau à son héritier). En tout état de cause, Kagawa Teruyuki prend ici un risque car il se peut qu’on ne lui pardonne rien (la star qu’il était n’avait aucunement besoin de ce rebondissement dans sa carrière) et nous prouve définitivement qu’il est une personnalité à part dans le milieu du show-biz japonais…rempli à ras bord d’imbéciles, de Johnny’s, d’idoles et de top models sur le retour. En plus d’être un acteur talentueux, touche-à-tout, intelligent (il est sorti d’une prestigieuse université de Tokyo) et francophile (il parle très bien français), Kagawa Teruyuki est donc également un homme courageux.
