Trois combattants déterminés et surentraînés sont prêts à en découdre afin de libérer une enfant kidnappée par une mystérieuse femme et son armée de sbires. Ils seront aidés par un lourd armement de combat et pourront même user de véhicules dans certaines conditions.
Test de Cherycok :
Je suis un vieux grincheux. Oui, je crois que c’est désormais acté. Du haut de mes 39 ans à l’heure où j’écris ces lignes, je ne me reconnais plus dans les gros jeux AAA qui sortent de nos jours. Aucun ne m’intéresse vraiment, au point que je n’ai même pas envie de faire l’effort de les tester. Du coup, depuis quelques années, je me suis tourné vers la scène indé qui propose un choix bien plus intéressant à mon goût. Et dans le petit monde des jeux indépendants, il y a des jeux tout à fait actuels, des jeux surfant sur la vague rétro, et on y trouve également la scène dite « neoretro » qui va essayer de mixer les deux. C’est dans cet esprit qu’est né The TakeOver, jeu en accès anticipé sur Steam depuis 2016 et qui vient tout juste d’arriver en version définitive sur PC, et prochainement sur PS4 et Nintendo Switch. The TakeOver c’est quoi ? Alors pour faire simple, c’est un beat’em all (ou beat’em up pour les puristes) rendant hommage à plusieurs titres du genre des années 90. Et The TakeOver, c’est bien ? Oui. Ce n’est pas exempt de défauts, mais c’est super fun !
Derrière ce projet, on trouve un certain Antonis « Pelikan13 » Pelekanos, qui aura codé tout seul avec ses petites mimines the TakeOver. Le bonhomme a fait ses armes dans l’équipe visuelle de jeux tels que Sega Superstars Tennis (2008), Leisure Suit Larry : Box Office Bust (2009) ou encore Sonic & SEGA All-stars Racing (2010), puis a décidé de voler de ses propres ailes en créant le tout petit studio de développement Pelikan13 où il officie donc tout seul sur tous les postes. Ce n’est pas la première fois qu’il se lance dans le neoretro puisqu’il a commencé par travailler, tout seul, sur The 90’s Arcade Racer, renommé par la suite 90s Super GP, qui s’apparente à un Daytona USA / Virtua Racing / Sega Touring Championship. Le jeu devait sortir en novembre 2013, suite à une campagne kickstarter. Puis le jeu est finalement sorti des radars. Le jeu refait parler de lui en 2015, avant de retomber dans le silence radio. La même année, Antonis Pelekanos annonce The TakeOver, qui nous intéresse ici, hommage aux beat’em up d’antan façon Street Of Rage sur Megadrive ou Final Fight sur Super Nintendo. L’année suivante, ce dernier arrive donc en accès anticipé. 2017, nous apprenons que 90s Super GP n’est toujours pas abandonné et qu’il sortira bien un jour et que, pour remercier les contributeurs du kickstarter d’avoir patienté, ils se verront offrir The TakeOver. Novembre 2019, à nouveau plus de nouvelle de 90s Super GP, mais The TakeOver sort enfin de sa période de beta-test. Tant mieux pour moi, je préfère la distribution de tatanes aux courses de voitures.
The TakeOver est donc un pur Beat’Em All comme on en faisait pas mal à la belle époque 16 bits, les plus connus étant la trilogie Street of Rage ou bien Final Fight. Mais il y en avait bien d’autres sur ces consoles (Super Double Dragon, Battletoads, Rival Turf, TMHT IV, Golden Axe, …) et encore plus sur borne d’arcade (Dungeon & Dragon, Captain Commando, Cadillac & Dinosaurs, …). The TakeOver leur rend donc hommage et va intégrer tout ce qui a fait le succès du genre en le modernisant avec les technologies d’aujourd’hui.
On est donc ici dans un beat’em all 2D, mais avec des décors en 3D temps réel et des personnages en rendu précalculé « façon Killer Instinct », le tout en HD, bien entendu. Vous déambulerez dans divers environnements et casserez les crânes d’une multitude d’ennemis et ce jusqu’à deux joueurs simultanés. Enchainements de coups de pieds, de coups de poings, coups spéciaux puissants mais qui vous feront perdre de la vie, plusieurs armes (blanches ou à feu) à ramasser pour encore plus de carnage, un système de combos et, bien entendu, le gros coup spécial de la mort qui tue. A cela se rajoutent deux niveaux spéciaux, l’un vous proposant une course poursuite armée en voiture, et l’autre son équivalent mais en avion, afin d’apporter un peu d’originalité au titre et de casser un peu la « routine » du reste. Bref, si les vieux de la vieille seront en terrain connu, le jeu permettra aux plus jeunes de s’adonner à l’un des plaisirs coupables des joueurs de console 16 bits dans les années 90.
Visuellement, The TakeOver a fière allure. Même si les environnements sont inégaux en termes de visuel, on constate qu’ils ont été énormément travaillés, tant au niveau des détails que de l’éclairage et des couleurs. Le jeu est vraiment un plaisir à l’œil et on ne peut qu’avoir un petit sourire en coin lorsqu’on voit pour la première fois les animations un peu raides de nos personnages, typiques du genre, avec ces démarches bien droites façon balai dans le derrière. Antonis Pelekanos a voulu son hommage total, jusque dans les nombreux défauts du genre, le côté répétitif par exemple. Quand un défaut devient une qualité pour les nostalgiques, c’est que le pari est déjà, quelque part, réussi. Le panel de coups est relativement fourni pour un jeu du genre, mais le développeur se limite à ce qui était trouvable à l’époque. Point de demi-tour quart de cercle haut bas gauche droite pour sortir un coup spécial de fou, on reste dans le basique le plus total pour encore plus de plaisir primaire immédiat. Comme à l’époque, il est facile de taper dans le vide alors que l’ennemi semble être juste devant, alors qu’en fait il est 2 millimètres en premier ou arrière-plan. Comme à l’époque on pestera « non mais pourquoi je ne le touche pas là !?! ». Mais comme à l’époque, on prendra un plaisir monstre à casser des gueules à grands coups de poings à des sbires qui ont beaucoup de frères jumeaux. Le jeu fait l’effort de nous amener au moins un nouveau type d’ennemis à chaque niveau, histoire de varier les plaisirs et même là, certains semblent être des clins d’œil à des jeux connus de l’époque 16 bits. Par exemple, il y a fort à parier que les gros sumos dans le niveau typé asiatique, leur gros bide et leurs gros coups de paluche, renvoient directement au personnage de Honda dans Street Fighter 2.
Vous incarnerez au départ trois personnages, qui diront bien évidemment quelque chose aux connaisseurs. Un quatrième se débloquera lorsque le jeu est terminé une première fois, ainsi que deux nouveaux modes de jeu (Survival et Challenge). Trois difficultés vous sont proposées et elles sont savamment dosées dans le sens où le mode normal permet de terminer le jeu sans s’arracher les cheveux tout en étant suffisamment corsé pour ne pas ressembler à une promenade de santé. Les plus téméraires pourront se tourner vers le mode difficile (des ennemis qui encaissent mieux, qui font plus mal), bien plus coriace car, comme c’est le cas avec ce style de jeu, la durée de vie est relativement courte. Comptez entre 2 et 3h pour en venir à bout la première fois. Même pas besoin de refaire le jeu une deuxième fois pour avoir accès à la deuxième fin disponible puisque, lorsque vous réussissez un niveau, vous pouvez reprendre à ce niveau-là, là où, à l’époque 16 bits, les jeux vous faisaient parfois recommencer depuis le début dès que vous éteigniez la console. Vous devez recommencer au début uniquement si vous voulez jouer avec le 4ème personnage (celui débloqué une fois le jeu fini). Pourtant, malgré le côté répétitif de ce genre de jeu, on prend plaisir à refaire certains niveaux, voire à recommencer depuis le début en coopération pour décupler le plaisir.
Mais il y a fort à parier que le plaisir que vous prendrez sur The TakeOver dépendra du degré de nostalgie que vous éprouvez envers l’époque bénie du genre, et il y a fort à parier que bon nombre se sentiront bien plus à l’aise sur des titres bien plus actuels tels que les sagas Bayonneta, Devil May Cry, Darksiders ou Ninja Gaiden. Mais pour les vieux grincheux qui ne se sentent plus en phase avec leur époque en termes de jeux vidéo, il y a de grandes chances que The TakeOver leur redonne ce petit sourire d’antan.
GRAPHISMES |
Très coloré, rempli de détails, avec des SFX qui ont de la gueule, The TakeOver est visuellement une réussite. La raideur volontaire des personnages dans certaines de leurs animations (afin de coller au plus proche du genre auquel il rend hommage) pourra peut-être en rebuter certains. |
JOUABILITÉ |
La prise en main est immédiate car les commandes sont extrêmement simples. Les problèmes des jeux du genre de l’époque (hitbox parfois capricieuse) sont volontairement retranscrits ici. Certains s’en amuseront pendant que d’autres pesteront. |
DURÉE DE VIE |
Courte, comme beaucoup de jeux du genre. Mais le mode difficile ainsi que les modes Challenge et Survival sont là pour amener un nouveau défi. Le jeu est quoi qu’il en soit plaisant à refaire, et pour peu que vous y jouiez avec un comparse, la durée de vie s’en retrouve immédiatement augmentée. |
BANDE SON |
Rien de bien notable. C’est propre, aussi bien au niveau des bruitages (bien dans le style) que de la musique, mais rien qui vous restera en tête plusieurs jours durant. |
CONCLUSION |
Avec The TakeOver, Antonis Pelekanos a voulu rendre un fort hommage aux beat’em all des années 90. Et pour le coup, c’est réussi. Même s’il est clair que le jeu est à réserver essentiellement à un public de nostalgiques et qu’il n’est pas non plus parfait, je ne peux que vous conseiller ce très sympathique défouloir qui vous rappellera le bon vieux temps. |
Titre : The TakeOver
Année : 2019
Studio : Pelikan13
Editeur : Pelikan13
Genre : Pan dans ta gueule !
Joué et testé sur : PC
Existe sur : PC (bientôt PS4, Nintendo Switch)
Support : Dématérialisé