[JV] The Quarry (2022 – Playstation 5)

Le 22 août, l’été est terminé, signant la fin de la colonie estivale du camp Hackett’s Quarry. Alors que les enfants sont rentrés chez eux, les jeunes moniteurs et le directeur Chris Hackett s’apprêtent à leur tour à quitter les lieux. Toutefois l’un des jeunes, Jacob, épris de sa collègue Emma qui a été son amour de vacances, sabote le van des moniteurs pour passer une nuit de plus sur place afin de la convaincre de poursuivre leur relation. Bien que l’idée de passer une nuit de plus pour profiter du cadre séduit les jeunes, M. Hackett est effrayé par cette idée et, en panique, quitte le camp avec sa propre voiture en ordonnant à Ryan, son moniteur préféré, que tous restent dans le chalet et de ne pas sortir au cours de la nuit.


Avis de Rick :
Même si j’avais adoré à sa sortie Until Dawn, et que mine de rien, bordel ça date (2015), je n’ai pas sauté sur The Quarry à sa sortie. Non pas car les jeux sortis entre m’avaient déçus (enfin, si un peu quand même), mais je n’ai pas tout fait tout simplement, et que The Quarry, avec son pitch et le peu que j’en savais, me semblait être une simple décalque de Until Dawn. Et au final, c’est exactement ça. En sacrément moins bien. Pour écrire ce test, je n’aurais pourtant pas fait le jeu une fois, ni deux, mais trois fois. Une fois totalement à l’aveugle, tout seul, avec une mauvaise fin (et un pan entier de l’histoire coupé donc, youpi), pour une partie moyenne. Un second run, toujours seul, en réussissant à sauver tout le monde, et donc, avec la bonne fin, l’histoire complète, pour une partie toujours moyenne et longuette, mais déjà plus intéressante. Et puis un troisième run, avec un ami, comme à la belle époque d’Until Dawn que j’avais refais en coopération avec ce même ami. Et là, ce fut différent… ce fut encore moins bien en réalité. Le pire dans tout ça, c’est qu’à l’heure où j’écris ces lignes, mon test était déjà écrit… mais impossible de retrouver le fichier Word, donc en plus d’avoir, au final, fait trois fois un jeu que je trouve extrêmement moyen, je me retrouve à écrire deux fois dessus. Ça fait mal. Après Until Dawn édité par Sony, après les Dark Pictures Anthology dont je n’ai fait que le premier titre, édités par Bandai Namco, voici The Quarry, édité par 2K. Supermassive Games va donc tenter tous les éditeurs à ce rythme. Et The Quarry, de quoi ça parle ? En gros, c’est exactement comme Until Dawn, la forêt remplaçant la montagne, l’été remplaçant la neige.

Until Dawn commençait comme un slasher avant de révéler son twist, bienvenu à l’époque. The Quarry ne tente même pas d’installer un twist en révélant sa menace principale dès le chapitre 3. Mais là où Until Dawn était, malgré tous ces clichés, écrit de manière oh combien sérieuse (par de vrais scénaristes de cinéma, ça aide), The Quarry a été écrit en interne, et le meilleur casting du monde ne pourra pas relever le niveau. Car mon plus gros souci avec le titre, c’est bien son scénario. Alors oui, cela reste un jeu vidéo, on excuse facilement un scénario cliché, prétexte ou simpliste quand on s’éclate avec le gameplay, mais nous sommes là face à ce que l’on appelle un film interactif, et du coup, niveau gameplay… Et le casting donc, oui, il y a du beau monde, avec du David Arquette, Lance Henriksen, Lin Shaye, Ted Raimi ou encore Grace Zabriskie. Du beau monde, que jamais le jeu ne va exploiter, à part pour Ted Raimi, qui a un personnage bien plus développé que les autres. Mais revenons au commencement. The Quarry est donc un jeu où l’on va alterner entre environ 8 personnages, sur une seule nuit (plus le prologue se déroulant deux mois avant), après le dernier jour de la colo. Des moniteurs donc, qui vont décider de faire la fête pour le dernier soir, malgré les avertissements du proprio, joué par David Arquette, qui quitte le navire aussi vite qu’il arrive. Traduction, on lui fera dire 5 ou 6 phrases, il refera une apparition éclair plus tard, et basta. Et forcément, tout va mal tourner, entre des chasseurs dans les bois (menés par Lance Henriksen, totalement sous exploité et qui doit avoir 5 lignes de dialogues aussi), et surtout un mal beaucoup plus dangereux qui rode, et que le jeu va nous révéler cash dès le chapitre 3. Sur 10. Alors, techniquement, l’on pourrait dire que ça va, puisque les trois premiers chapitres sont les plus longs du jeu.

Sauf que le premier gros souci du jeu, c’est son rythme totalement bancal. En gros, pour avoir enfin quelque chose d’intéressant, à part quelques choix peu importants et des QTE pour rattraper des portables qui tombent, il faudra attendre le chapitre 4. Le début est long, mais long. Surtout quand après trois runs, on se rend compte que peu importe nos choix, 95% d’entre eux ne vont changer qu’une minuscule ligne de dialogue, avant de nous remettre sur les rails voulus par le jeu. The Quarry est d’ailleurs traitre sur ce point, car les choix les plus importants, quasiment tous d’ailleurs, ce seront des QTE à rater volontairement pour véritablement faire dévier l’histoire. Sauf que vu le temps que le jeu nous laisse, difficile de les rater, je pourrais me faire chauffer un café en même temps et n’en rater aucun du jeu. L’ironie étant que dans mon premier run, j’ai raté, volontairement, un QTE, en me disant que l’action prévue allait me mettre dans la merde, et que mieux valait être « cool » avec un personnage en question pour en apprendre plus sur l’intrigue et son background. Monumentale erreur, c’était clairement LE QTE à ne pas rater, et qui m’a donc fermé les portes de la fin, et au final, de tout le background du jeu, intégralement. Pas très malin, car cela rend le premier run extrêmement frustrant pour ceux, comme moi, faisant ce choix.

Mais revenons donc à l’écriture. The Quarry a un rythme qui a clairement du mal à se lancer. On passe quasiment 3 voire 4 heures du jeu à écouter des blagues jamais drôles, à suivre des idiots pas attachants, sans que cela ne passionne. Car si le rythme est aussi bancal, c’est surtout car les personnages sont pour la plupart catastrophiques. Si on devait le comparer à Until Dawn, lui aussi avait des personnages parfois moins intéressants que les autres, ou, s’ils mourraient tôt, juste, vides. Mais Until Dawn savait doser tout ça, nous faisant jouer un peu tout le monde, à intervalle régulier, pour qu’on les connaisse un minimum, et que ce soit donc au joueur d’avoir ses petits préférés, ou ceux qu’il déteste. Rien de tout ça ici, nous n’avons que des clichés sur patte déjà, mais en plus, le rigolo de la bande n’est pas drôle, le gros bras sensible est énervant, l’influenceuse est insupportable… Et pour les autres, malheureusement, le jeu fait des choix étranges. Au début, Abi était le personnage que j’aimais bien, car une jeune femme simple, les pieds sur terre, pas excentrique, artiste. Le jeu nous la fait jouer souvent en plus. Et passé le chapitre 4, on ne la jouera plus, qu’elle soit toujours en vie, ou pas. Un choix très étrange. On pourrait dire la même de Kaitlyn, bad-ass, mais qui ne révèle enfin son plein potentiel que quand on la joue vraiment. Soit, en gros, deux fois dans l’aventure, dans le chapitre 4 ou 5, et le 10. A la place, le jeu préfère nous faire jouer Nick (Justice Smith, vu dans Donjons et Dragons), qui n’a aucun trait de caractère et quasiment jamais d’opinion sur rien, et un autre personnage, déjà plus attachant, mais qui n’arrive vraiment dans l’aventure que lors du chapitre 7. Sur 10, encore une fois.

Il y a de très gros soucis d’écriture de personnages, mais aussi de scénario. Si dans les grandes lignes et dans sa narration, The Quarry est limite un copier-coller sous kétamine de Until Dawn, le scénario décide de rendre souvent tous les personnages d’une débilité absolue, si bien qu’en fait, on se dit qu’ils veulent mourir, c’est pas possible autrement. En seulement deux chapitres, on aura donc Dylan, qui en voyant une menace sur une caméra de sécurité juste avant qu’elle ne soit détruite, se dira « c’était probablement rien », puis quelques minutes après, Jacob qui en voyant de la lumière sur une île pourtant inhabitée se dira « On va dire qu’il n’y a rien d’anormal »… Lors de mon premier run, j’ai voulu me facepalmer, lors de mon deuxième, j’ai voulu crier sur mon écran, lors du troisième avec un ami, ce fut l’explosion de rires. Bref, scénario, personnages, rythme, The Quarry ne fait pas fort, même si, sur la fin, il délivre parfois quelques moments plus joyeux et prenants, comme la visite de la casse automobile, qui, là, pour le coup, a de vraies idées de mise en scène. Mais pour continuer sur le négatif, il faut déjà parler également du gameplay. Until Dawn avait un gameplay simple. Exploration, QTE parfois à faire très vite, et choix. Et The Quarry est une version allégée du concept. L’exploration devient limite absente passée les premiers chapitres, les QTE sont longs, mais longs, si bien qu’on ne les rate jamais, et les choix ne changent pas grand-chose, sauf les choix qu’il fallait volontairement ne pas faire… Pire, quand le jeu reprend une des bonnes idées de Until Dawn, il la simplifie aussi et la rend inintéressante.

Pour rappel, dans Until Dawn, parfois il fallait ne pas bouger, et le jeu se servait des mouvements de notre manette pour ça. Tricky, lorsque l’on sort d’une course poursuite haletante et de QTE rapides. The Quarry reprend ce principe, mais… sans se servir de la manette. Il faudra appuyer sur une touche (toujours la même) et la maintenir, avant de la relâcher au bon moment…En réalité, toujours au même moment, à la fin d’une barre qui descend progressivement, et c’est long, peu intéressant, en plus de manquer de logique, quand on voit quand les personnages ne bougent plus et ne respirent plus. Autant quand le jeu nous le fait faire la première fois, ça a du sens (face à un sanglier), autant après, ça n’a aucun sens. Sauf si rester totalement dans l’angle de vue de notre ennemi et juste ne pas bouger rends notre personnage invisible, mais je ne pense pas… Et tout ça, c’est dommage. Car je voulais l’aimer moi, leur jeu. Je voulais m’attacher à Abigail et Kaitlyn, et même Laura. Je voulais être content de voir ses stars dans des seconds rôles qui n’auront pas plus de 5 minutes à l’écran. Car The Quarry, c’est du gros bis qui peut tâcher des fois, c’est joli niveau personnages (même si certains sourires font flipper en vrai), les décors aussi sont jolis. Mais là pour le coup, non, The Quarry était ennuyeux et parfois pénible. Pire, il fait parfois des choix pour se rapprocher du cinéma, en jouant sur la mise au point, mais le fait de manière peu pertinente. Oui, avoir un décor net et un personnage flou, ça pourrait être bien, mais… pas pendant l’exploration quand on a notre personnage au centre de l’écran tout le temps ! Et puis quitte à vouloir se rapprocher du cinéma, bloquer le jeu à 24 images par secondes et non pas 60, ce serait bien.

Que dire de vraiment positif sur The Quarry ? Que les derniers chapitres sont rythmés et bien plus sympathiques à jouer, et que c’est là que le studio a ses meilleures idées, de mise en scène déjà, et de courses poursuites. Qu’il est souvent très beau, autant dans ses designs que dans ses éclairages, bien travaillés et donnant parfois une petite ambiance sympathique. Malheureusement pour moi, ce sera tout. Il y a sans doute un bon jeu derrière tout ça, si le studio avait refilé son scénario à un vrai scénariste pour améliorer tout ça et y mettre un peu de rythme, ou plus de profondeur. Ce qu’ils avaient donc fait sur Until Dawn. Et donner quelque chose de plus intéressant à jouer au grand casting de personnages secondaires, qui à l’exception de Ted Raimi, n’ont en fait rien à jouer et ne font que de la figuration pendant quelques minutes, et basta. Sur ce, moi, j’ai envie de me relancer justement Until Dawn. L’original, pas le remake qui aussi beau soit-il, dénature totalement l’ambiance et l’atmosphère voulue par les développeurs originaux. Bref, Supermassive Games s’est planté pour le coup ici.


GRAPHISMES
Le jeu est beau. Les décors de jour comme de nuit, les personnages, les éclairages. Les animations et certains sourires sont moins convaincants, mais dans l’ensemble, du tout bon.
JOUABILITÉ
Des QTE trop simples et toujours identiques, peu d’explorations et des choix peu impactants, voilà le programme.
DURÉE DE VIE
Environ 8 heures pour venir à bout de l’aventure, sauf qu’on a pas vraiment envie d’y revenir ensuite.
BANDE SON
Sans arriver au niveau du travail d’ambiance de Jason Graves sur Until Dawn, la bande son de The Quarry fonctionne bien.
CONCLUSION
The Quarry voulait être le successeur spirituel d’Until Dawn, mais il se plante la faute à un gameplay encore plus simplifié et une écriture juste catastrophique.

note8



Titre : The Quarry
Année : 10 Juin 2022
Studio : Supermassive Games
Editeur : 2K
Genre : Until Dawn en moins bien

Joué et testé sur : Playstation 5
Existe sur : PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series X and Series S, Microsoft Windows
Support : un disque


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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