Après le meurtre de son père, Hazuki Ryo suit la trace de son assassin, et quitte le Japon pour se rendre à Hong Kong. Son but ultime, se venger, mais également comprendre pourquoi, et comprendre ce que sont les deux miroirs, dont le miroir du phénix qui est en sa possession.
Avis de Rick :
Si j’avais pu toucher au premier Shenmue à sa sortie en Europe fin 2000, soit donc avec un an de retard comparé au Japon, et que l’on peut donc dire que je fais parti des vieux gamers, je n’avais pas touché à Shenmue II. Malgré tout le bien que tout le monde en disait, malgré le fait qu’il était aussi sorti sur Xbox en 2002, malgré le fait que j’avais aimé le premier. Mais oui, quand on n’a pas d’Xbox, ni de Dreamcast, compliqué de se lancer lors d’une après-midi chez un pote dans un jeu avec un rythme aussi spécifique que Shenmue. Et en l’absence de suite, et donc, avec une histoire qui s’arrêtait globalement au chapitre 5, sur 16 (Shenmue constituant le premier chapitre de l’histoire, le second était une petite BD sortie uniquement au Japon tandis que Shenmue II contient les chapitres 3 à 5), l’envie de me lancer dans une intrigue en sachant par avance que je n’aurais pas la fin ne me tentait pas tant que ça. Même si l’on dit souvent que parfois, c’est le cheminement qui compte, et non pas la destination. Mais la sortie en 2018 des remasters des deux premiers Shenmue (que je fais 3 ans après, je sais !), puis en 2019 de la suite inattendue et inespérée avec Shenmue 3, ainsi que la préparation d’un animé de 13 épisodes sur Shenmue et des premières prises de paroles du créateur sur un éventuel Shenmue 4, je me suis dis qu’il était quand même temps de tenter la bête. Refaire Shenmue 1 aura été un préambule, une introduction d’environ 20 heures de mon côté, une introduction qui aura fait office de temps d’adaptation face au gameplay ultra lourd de Shenmue, qui l’était déjà à sa sortie. Je pouvais donc me lancer dans Shenmue 2, et ce sans temps d’adaptation. Car refaire Shenmue sur une courte période de temps aura eu l’effet sans doute escompté par toute grande histoire : donner envie de connaître la suite, et ce malgré des défauts.
Du coup, après une courte pause et surtout un autre jeu entre les deux, pour ne pas rêver de Shenmue la nuit, ce qui serait grave, me voilà à remettre mes petits pieds dans les baskets d’Hazuki Ryo, et à continuer mon périple. Après les rues de Yokosuka, l’histoire délocalise, et l’aventure reprend lorsque le bateau de notre personnage arrive à Hong Kong. Shenmue II, c’est comme Shenmue 1. Mais en mieux. Sans rien changer à la formule, mais avec des petits arrangements un peu partout pour rendre l’expérience plus plaisante, plus intuitive même parfois, et également plus rythmée. Car oui, Shenmue était l’introduction, le premier chapitre, et Shenmue 2 lui contient 3 chapitres, qui changent de lieux d’ailleurs à chaque fois. Le rythme se fait plus soutenu, les événements plus nombreux, tout comme les retournements de situations. Tout ce qui faisait la saveur de Shenmue se voit donc multiplié. Plus d’affrontements, plus de QTE, plus de lieux à visiter, plus de PNJ à qui parler, plus de mystères. Et quelques petites nouveautés qui sont finalement bienvenues également. Ce qui est sûr, c’est qu’après seulement quelques pas, en sortant du port de Hong Kong, on se rend compte que ce second chapitre ne fait pas du tout les choses à moitié. Les quartiers sont plus vastes, plus grands, plus tortueux parfois, les PNJ sont beaucoup plus nombreux dans les rues, donnant une impression d’être dans un monde beaucoup plus vivant que cette petite bourgade Japonaise. Cela ne se fait pas sans quelques rares petits soucis, comme des PNJ qui apparaissent tout à coup pendant un mouvement de caméra en arrière plan lors d’une cinématique, ou tout à coup devant nous lors d’un changement de zone. Ou encore quelques (très rares) ralentissements également. Sans doute le prix à payer pour autant d’ambitions en 2001, seulement deux ans après la sortie Japonaise du premier jeu, et toujours sur le même hardware, la Dreamcast donc.
Car encore une fois, c’est donc avec la version remaster de 2018 que j’aurais fais l’aventure. Et comme pour le premier, le minimum a été fait. Un petit lissage HD, et voilà, on en parle plus. Le jeu est en 16/9, les cinématiques et moments importants toujours en 4/3, et si en 2001 Shenmue 2 était une pure vitrine technologique, ce n’est plus le cas en 2018. Attention, si l’on adhère à son univers, certains paranoramas, certains personnages conservent clairement leur charme, il n’y a pas photo. Mais joué de nos jours sur des installations beaucoup plus grandes que la petite télévision 36cm que l’on avait tous en 2001, ce n’est pas pareil. Et si le 16/9 et le lissage HD sont un plus, et bien en fait, c’est juste le minimum que l’on pouvait attendre, tant le reste est identique au jeu de l’époque. Avec son gameplay lourd, ces quelques bugs, ces rares dialogues qui saturent mais il faut le souligner. Est-ce que ça entache l’expérience ? Si vous savez dans quoi vous allez, non. Si vous aimez de base Shenmue et connaissiez les jeux de base, non. Si vous êtes très jeune et ne jouez qu’à des open world made in Ubi Soft, fuyez. Bon, déjà car Ubi Soft, ça fait 10 ans que tous leurs open world se ressemblent et qu’on a fait le tour du sujet. Mais c’est un autre débat. Voilà donc pour la qualité de ce remaster. Pas honteux, mais ne nous donnant que le strict minimum. Ce qui est dommage, car en y repensant, Sega aurait pu, par exemple, demander de l’aide au Ryu Ga Gotoku Studios, faisant les jeux Yakuza, qui par certains aspects se sont inspirés de Shenmue, pour les aider à donner un coup de jeune à Shenmue. Sans les dénaturer, sans en changer le rythme, ni même les scénarios, mais juste en utilisant leur moteur maison pour redonner vie à Shenmue. Mais encore une fois, je m’égare.
Shenmue II donc. L’aventure nous entraine à Hong Kong déjà pour une bonne quinzaine d’heures où l’on retrouve tout ce que l’on aimait dans le premier opus. On avance, on interroge les habitants, on essaye de se repérer dans un nouvel environnement qui nous est totalement inconnu. Premier bon point, la possibilité dans chaque quartier d’acheter une carte, qui va alors apparaître en bas de l’écran, et nous permettre d’un peu mieux nous y retrouver, car la taille de cette première ville est bien plus grande que la ville du premier jeu. Alors si l’on ajoute que l’on a encore deux environnements par la suite. Autre changement de taille, le monde dans lequel nous allons évoluer semble en effet bien plus vivant. Si nous sommes perdus, demander à un passant dans la rue de nous guider sera une option recommandée, puisque les habitants, contrairement au premier jeu, semblent bien plus tendres. On nous envoyait parfois balader, ici non, certains auront même la gentillesse de nous dire « oh c’est sur mon chemin, suivez moi je vous accompagne ». Du coup, même si l’intrigue est plus longue, même si le monde est plus vaste, Shenmue II ne perd jamais le joueur. On a toujours l’impression d’évoluer, chacun à son rythme bien entendu, mais voilà, on évolue, toujours. Mais ça ne s’arrête pas là bien entendu. La gestion de l’argent sera bien plus poussée que dans le premier jeu, puisque personne ne viendra nous donner 500 yens en argent de poche chaque jour, et que l’on n’aura pas de toit où dormir gratuitement chaque nuit.
Du coup, il va falloir travailler, gagner de l’argent, ou alors aller à un préteur sur gage pour vendre nos collections de figurines (issues du premier jeu, la sauvegarde étant transférable). Ou bien entendu, faire des jeux d’argent, moyen totalement aléatoire de tout perdre d’un coup, ou de rafler gros (sauvegarde avant de jouer recommandée). Car oui, il faudra de l’argent pour payer sa chambre d’hôtel tous les soirs, et par la suite, de grosses sommes d’argent afin d’accéder à certains lieux. Les combats, tout comme les QTE sont bien plus présents que dans le premier jeu, ce qui lui donne un rythme un peu plus soutenu d’ailleurs. Si les QTE s’exécutent toujours de manière logique (un objet à éviter venant de la droite et il faudra presser le stick vers la gauche, un ennemi nous attaquant par le bas, et il faudra mettre le stick vers le haut pour sauter), le jeu ajoute deux petits éléments bienvenus. À savoir, le fameux QTE qu’il ne faut absolument pas faire, sous peine de perdre carrément une journée dans son emploi du temps. Anecdotique, mais finalement bien trouvé, puisque jouant avec nos habitudes. Mais surtout, les Freeze QTE, à savoir des combinaisons de touches à effectuer rapidement pendant que l’action, comme son nom l’indique, est en pause. Procédé sympathique au début, mais qui, il faut bien l’avouer, surtout vers la fin de la seconde partie, sera oh combien frustrant, quand après un combat difficile, le jeu enchaîne 3 ou 4 Freeze QTE de suite, et qu’en rater un signifie tout recommencer, le combat inclus. Frustrant oui. De nouvelles mécaniques, d’autres un peu changées, toujours de l’argent à gagner. Notons qu’à ce niveau, les boulots qu’il est possible de faire sont plus nombreux. Oui, on n’aura pas forcément à passer 5 matins de suite dans un charriot élévateur pour bouger des caisses, mais on pourra aider à tenir des stands ou autres. Bienvenu pour diversifier le tout.
Les combats eux se déroulent comme dans le premier jeu, en étant calqués sur le système de Virtua Fighter, et ça fonctionne bien. Dommage que les endroits pour s’entrainer à maitriser des coups sont beaucoup plus rares, comparé au premier jeu, où il était parfois possible de passer le temps en s’entrainant une demi-heure dans un parking vide. Shenmue II propose toujours autant de contenu en tout cas, optionnel souvent, avec des rencontres aléatoires, ou des PNJ qui nous proposeront carrément des pans d’intrigues secondaires bienvenues. Oui, en allant totalement par hasard dans un magasin d’alimentation dans un quartier d’Hong Kong, j’aurais rencontré une caissière à mi-temps, étudiante Japonaise, qui craquait quelque peu pour moi. Totalement inutile, mais amusant, voir plaisant, si bien que j’y retournais dés que je passais dans ce quartier, quitte à perdre une demi-heure de mon précieux temps. Et si Ryo est seul au début de l’aventure, lâché dans un nouvel environnement, une nouvelle galerie de personnages va vite l’entourer, comme Joy qui débarque toujours avec sa moto en écoutant du rock, Ren le gangster qui nous arnaque toujours, ou le jeune Wong, pro pour crocheter des serrures. Ils sont tous attachants, et utiles pour le cheminement général du jeu.
Mais le plus gros point fort de Shenmue II évidemment, c’est sa générosité, et sa variété, puisque lorsqu’après 15 ou 20 heures de jeu, on nous annonce que la suite de l’aventure se déroulera à Kowloon, je pensais tout simplement moi à la fin du jeu, et donc à Shenmue III. Mais non, que neni, je ne venais de finir que la première partie du jeu, et voilà qu’une toute nouvelle map, tout aussi grande, s’ouvre à moi, avec de nouveaux quartiers, énormément de bâtiments que l’on peut tous visiter et avec de multiples étages, des combats, des séquences blindées de QTE qui demandent du temps, et même des boss récurrents. Et quand après 15 heures, et une séquence anthologique (mais un poil trop longue, une infiltration sur 18 étages), on en vient enfin à bout, fier de nous, remettant l’aventure en avant et encore plus de mystères, voilà que le jeu se décide à nous donner encore une nouvelle aire de jeu à explorer, bien différente et moins urbaine que les deux précédentes. Là aussi, sans doute quelques petites longueurs (cette forêt m’aura paru interminable), mais des moments plus doux, plus posés, quelques moments magiques, si bien que même si l’on ne fait que discuter, impossible de lâcher la manette, la magie opère. Plus long, plus varié, avec des mécaniques quelques peu repensées et mieux intégrées dans le jeu, Shenmue II parvient à faire mieux que le premier jeu, à lui donner plus d’ampleur. Quitte à nous abandonner sur un énorme cliffhanger, qui à l’époque, dû être plutôt rude pour les fans, avec la non continuité de l’histoire, le déclin de Sega qui passa de constructeur de console à simple éditeur de jeu (et développeur parfois oui). Mais voilà, autant c’est indéniable, les deux premiers Shenmue ont prit un petit coup de vieux, autant c’est indéniable que ce sont des expériences uniques, exigeantes certes, mais prenantes et passionnantes, et ce Shenmue II est à priori le meilleur (je n’ai pas encore terminé le 3 en écrivant ces lignes, mais comparé à la presse, je le trouve très sympa).
GRAPHISMES |
Comme pour le premier, c’était sacrément beau à l’époque, un peu moins aujourd’hui. Mais la générosité, la grandeur de la carte, le nombre de PNJ tous différents à l’écran (pas de doublons ici), la variété des environnements. C’est du travail de titan. |
JOUABILITÉ |
Identique au premier opus, bien qu’avec quelques minuscules changements, et plus de QTE. Du coup, oui, ça reste ultra lourd. Bienvenu en 2001. |
DURÉE DE VIE |
Si le premier pouvait se bouclait en 20 heures mais ne livrait pas tous ses secrets, Shenmue II lui demandera environ 30 heures. C’est long, c’est varié, il y a deux maps entières à découvrir, plus une troisième zone plus linéaire mais totalement différente, et encore une fois, beaucoup de contenu optionnel. |
BANDE SON |
Plus de quartiers, plus de lieux, plus d’événements, et donc, plus de musiques différentes, dont certaines très jolies tandis que d’autres restent en tête. |
CONCLUSION |
Shenmue 2 surpasse clairement le premier jeu. Rythme mieux géré, plus de péripéties, plus de lieux à visiter, map plus grande et variée, plus de combats, plus de QTE (et même des Freeze QTE, je déteste ça rah), plus d’activités, plus de personnages attachants. Et quand on croit à la fin du jeu, on change de ville, plusieurs fois. Un pari fou, ambitieux, pour un remaster toujours bien feignant, mais quel plaisir malgré tout. |
Titre : Shenmue II
Année : 2001 (Remaster : 2018)
Studio : Sega AM2
Editeur : Sega
Genre : Vivre comme un Japonais
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Dreamcast, Xbox, PC, Playstation 4, Xbox One
Support : un disque
Galerie d’images :