Bientôt 40 ans de coups de fouet. Non je ne parle pas de moi, mais de la saga Castlevania, licence iconique de la sphère vidéoludique aux dizaines de jeux, portages et compilations qui rappellent à notre bon souvenir à quel point Konami était à une époque un pilier de l’industrie du jeux vidéo. Ce retour sur la saga ne concerne, du moins dans un premier temps, les jeux principaux en 2D. Ne seront donc pas mentionnés des titres tels que Kid Dracula ou Haunted Castle, ni les jeux en 3D pour la simple et bonne raison que je ne les possède pas, que malgré toute la bonne volonté du monde je n’ai pas de quoi émuler les deux titres PS2 (Si vous saviez le prix que j’ai payé le PC qui me sert à écrire en ces lieux…) et que juste penser à Castlevania 64 déclenche chez moi des terreurs nocturnes. Ne figureront également pas les multiples portages de certains opus à l’ image de Castlevania premier du nom ou Dracula X, adaptation SNES de Rondo Of Blood, bien que je vous l’ accorde d’ avance j’aurai pu faire un effort pour quelques titres comme Vampire Killer sur MSX2, mais ça fait déjà un petit paquet de jeux à relancer pour certains et à découvrir pour d’autres. En parlant de MSX, malgré la légende tenace ce n’est pas sur ce support qu’est apparu pour la première fois Castlevania mais bel et bien sur Family Disc System le 26 Septembre 1986. Pour l’ Europe, il faudra attendre fin 1988 et le portage sur NES pour découvrir le point de départ de la lutte entre la famille Belmont et Dracula. Ce premier jeu prend place en 1691, le compte Dracula ressuscite dans son château en Transylvanie, le joueur incarne Simon Belmont qui armé du fouet Vampire Killer part en Transylvanie terrasser le vampire. Castlevania est un jeu d’action plateforme au gameplay facile à assimiler: un bouton pour sauter, l’autre pour frapper de son fouet. Celui-ci presser avec la touche directionnel haut permet d’ utiliser l’arme secondaire. La simplicité du gameplay ne rend pas le jeu facile à battre. Castlevania appartient a ces séries de jeux qui étaient avant tout réputées pour leur difficulté. Ce premier opus n’ a pas volé sa réputation et si les deux premiers niveaux se laissent approcher avec douceur, la suite se corse rapidement entre phases de plateforme retorses et boss ardus qu’ il faudra vaincre avant d’épuiser les trois précieuses vies sous peine de recommencer des niveaux découpés en trois stages depuis le début. Il est évident que de nos jours, à coup de sauvegarde et chargement rapide, la tache est bien moins rude qu’ à l’époque, il n’ empêche que Castlevania contient son lot de moments qui font transpirer du pad, et qu’il faudra apprendre à maîtriser son personnage, qui ne peut frapper que dans deux directions, à la gestion du saut délicate puisqu’il est impossible de jauger ou d’influencer sur le mouvement une fois celui-ci lancé. Reste que si il est difficile, très difficile sur la fin, on est pas au niveau d’ une mission suicide à la Ghouls ‘n Ghosts ou Ninja Gaiden, le jeu fait preuve d’une forme de dosage dans sa difficulté qui permet de profiter d’ un level design qui s’impose déjà comme un standard. Castlevania exploite la verticalité de ses niveaux conçus pour être parcourus dans toutes les directions. Ainsi, le jeu donne l’ impression au joueur de vraiment progresser dans un château. Du jardin à la tour où se cache Dracula en passant par le salon, les souterrains ou la tour des horloges, les décors sont inspirés et gardent une forme de cohérence qui donne le sentiment d’aller de l’avant. Rejouer à Castlevania aujourd’hui, c’est constater que ces qualités allaient se transformer en bases pour la saga. Le level design inspiré et cohérent, la difficulté avérée mais dosée, le mélange équilibré d’action et de plateforme, les secrets cachés derrière les murs, les cœurs a ramasser pour utiliser des armes secondaires tels que le poignard, l’eau bénite, la hache, la montre ou la croix, les escaliers qui deviennent délicats à utiliser, une bande son incroyable qui sera par la suite une véritable marque de fabrique et son univers et bestiaire qui puise aussi bien dans la littérature, la mythologie ou le cinéma, on peut dire que l’essentiel est déjà là.
Castlevania
Castlevania
Il ne faudra pas longtemps à Dracula pour refaire parler de lui, un an plus tard arrive Castlevania 2: Simon’s Quest, dans lequel nous apprenons que malgré sa défaite, le prince des ténèbre a lancé une malédiction sur Simon Belmont, qui sent la mort arriver 7 ans après les événements de Castlevania. Pour conjurer le sort, il doit parcourir la Transylvanie pour collecter les morceaux de Dracula pour les ramener à son château, ressusciter le Vampire et le tuer à nouveau. Au lieu de se reposer uniquement sur les mécaniques mises en place, Konami tente d’ innover avec Castlevania 2: Simon’s Quest et se casse les dents. Il n’ y a pas grand-chose à dire qui n’ a pas déjà été dit sur ce jeu qui est rentré dans la légende pour sa difficulté à en venir à bout. Le problème de cette suite c’ est la dimension aventure, qui est une excellente idée sur le papier mais en l’ état, l’ absence d’indication rend le jeu infaisable sans une solution à portée de main. Déjà, il faut trouver où aller et ça, c’est déjà une épreuve. Mais il faudra aussi avoir le bon item sur soi, sous peine de faire demi tour et espérer retrouver le vendeur qui proposait l’article à un nombre de cœurs qu’ il faudra avoir pensé à farmer avant de se retrouver à sec et repartir à l’inconnu pour peut être ne plus retrouver son chemin. Il y a bien des villageois censés donner des indices, mais la lenteur à laquelle défile les textes n’ encourage pas à la découverte et une traduction Anglaise hasardeuse ne permet pas de profiter de la seule forme d’ aide disponible, aussi minime soit-elle. On tourne rapidement en rond, même avec tout les items en possession c’est une galère pour trouver quoi faire et où, l’ idée du cycle jour nuit est là mais devient énervante sur la longueur, les niveaux sont remplis de blocs invisibles qui rendent cinglé… il n’ y a pas grand chose qui encourage à se lancer dans l’aventure Castlevania 2, un comble quand l’ accent est mis sur cette facette d’un jeu qui a pour lui une excellente bonne son et quoi qu’ on pense du résultat final, il y a de bonnes idées, peut être trop ambitieuses pour l’ époque.
Castlevania 2: Simon’s Quest
Castlevania 2: Simon’s Quest
Pour Castlevania 3: Dracula’s Curse, Konami reprenant les bases solides du premier opus en y apportant son petit lot de nouveautés. L’ histoire déjà témoigne de l’ intention des développeurs d’étoffer leur univers. Il s’agit ici d’ une préquelle. Le jeu prend place en 1476, soit un siècle avant Castlevania premier du nom et nous incarnons ici Tevor Belmont. Dans la forme, Castlevania 3 reprend les ingrédients qui on fait le succès du premier, un peu trop au premier contact puisqu’ il est similaire jusqu’aux armes secondaires qui restent exactement les mêmes. En surface seulement, car Castlevania 3 fait mieux sur tous les points. Le level design est encore plus soigné et trouve un équilibre parfait entre action et plateforme. La difficulté à également été revue. Si il y a quelques piques ici et là, rien d’ infaisable ou d’ insurmontable, le soft est plaisant à parcourir du début à la fin et il y a même un système de mot de passe salutaire pour venir à bout d’un volet sur lequel il est intéressant de revenir une fois le premier run complété. Castlevania 3 est divisé en deux parties distinctes: la première est le chemin qui mène au château de Dracula et la seconde se déroule à l’intérieur de celui-ci. Les premiers niveaux proposent différents embranchements, et donc différents chemins à découvrir. En plus de laisser le choix du prochain niveau au joueur, il est nécessaire de sortir du sentier tout tracé pour libérer puis recruter de nouveaux personnages. Au nombre de trois, ces alliés que l’on peut intervertir à la volée avec Trevor Belmont sont plus qu’un bonus, ils sont un véritable atout pour progresser. Passons sur Sypha qui est aussi lourde à contrôler que Trevor Belmont, à l’ inverse de Grant qui fait preuve de bien plus de souplesse dans la gestion des sauts tout en pouvant s ‘accrocher aux parois, et d’ Alucard qui peut se transformer en chauve-souris sous réserve que vous ayez suffisamment de cœurs en stock et tirer à distance, sans toutefois faire trop de dégâts. L’ajout de personnages secondaire transforme la façon de jouer et l’ approche des niveaux, mais permet également une bonne re-jouabilité puisque selon qui vous accompagne, c’est trois fins différentes qui s’ offrent à vous. Avec des nouveautés qui cette fois sont bien intégrées, un level design toujours aussi impeccable, une succession de moments forts alternant à un rythme fou phase d’action et de plateforme et une bande son qui déménage, Castlevania 3 n’a pas volé sa réputation de meilleur opus de l’ ère 8 bits pendant laquelle la saga s’est également invitée sur Game Boy.
Castlevania 3: Dracula’s Curse
Castlevania 3: Dracula’s Curse
Pour le pire avec Castlevania: The Adventure, sorti en cette même année 1989 que Castlevania 3. Il ne faut pas chercher d’aventure dans ce jeu qui n’en a que le titre. Il s’agit d’ un titre d’ action plateforme tout ce qu’il y a de plus banal, la faute à la limitation de la taille de l’ écran de la Game Boy qui a poussé Konami à opter pour un personnage plus grand qui navigue des décors réduits, transformant ainsi le jeu en un simple side scroler. Le level design est réduit à sa plus simple expression, la bande son ne propose aucun morceau marquant et le jeu fait preuve d’ une difficulté à s’arracher les cheveux dans un dernier niveau des enfers comme on en verra plus. Mais plus que ça et le gameplay qui s’est appauvri (il n’y a même pas d’armes secondaires), c’est la lenteur du personnage qui achève le tout. Vous trouviez Simon et Trevor lourd à contrôler? Ce n’est rien face à Christopher Belmont qui donne une nouvelle dimension à la manière d’appréhender un saut qui doit parfois se régler au millimètre pour être un succès. Ajoutez à cela que le jeu rame dès qu’il y a plus d’un ennemi à l’écran, que l’intégralité doit être plié avec au départ uniquement deux vies sans possibilité de recommencer au début d’ un niveau et l’absence d’un système de mot de passe, et vous obtenez un bien mauvais volet. La barre est largement redressée avec Castlevania 2: Belmont’s Revenge qui gomme tout les défauts de son aîné: la taille des sprites est réduite pour laisser plus de place aux décors, rapprochant ainsi l’expérience de ce qui se faisait sur console, le personnage se manie toujours avec lourdeur mais la encore plus proche de ce qui se faisait sur NES, le bestiaire est étoffé, les armes secondaires sont là, les boss sont mémorables, le level design est bien plus inspiré…les voyants sont de nouveaux verts pour ce jeu qui réussi même à reprendre le peu d’ idées des niveaux de Castlevania: The Adventure et à en faire quelque chose de jouable. Dommage que ça se finisse aussi vite et que cet opus ne propose pas de réelle difficulté à être terminé. Pas mal du tout pour ce soft sorti en 1991, soit la même année que Super Castlevania 4 qui fait entrer la saga dans l’ère des consoles 16 bits.
Castlevania: The Adventure
Castlevania 2: Belmont’s Revenge
Présenté comme un remake de Castlevania premier du nom, ce quatrième opus est avant tout une vitrine technologique pour la SNES. Les effets de zoom et de distorsion, le mode 7, les sprites géant, le son digital stéréo, toutes les capacités de la console de Nintendo sont au service d’ un jeu qui ne se limite pas à son enrobage graphique pour être un titre convainquant. La maniabilité à également été revue, il est désormais possible de frapper dans les huit directions, le système de saut a également été retravaillé et la présence de plus de boutons sur la manette permet à l’utilisation des armes secondaires d’ être plus naturelle, rendant ainsi Simon Belmont bien plus agréable à contrôler que dans les précédents personnages des jeux de la saga. La bande son a également fait l’ objet d’une refonte complète, les arrières plans sont détaillés et confirme l’ univers gotique de la saga, le bestiaire est étoffé et les boss sont mémorables, tout autant qu’ une succession de niveaux tous aussi maîtrisés les uns que les autres, chacun se parcourant à un rythme de folie et apportant ses petites idées, qu’elles soient de gameplay ou de graphisme. Super Castlevania 4 est de plus un jeu abordable. Si il y a quelques passages ardus, il n’ y a rien d’ infaisable, le challenge est à porté de tous et cela ne rend ce petit bijou d’action plateforme que plus agréable à parcourir. Si Super Castlevania 4 a fait le bonheur des joueurs de Super Nintendo, ceux qui jouaient sur Megadrive ont également eu le droit à un opus tout ce qu’il y a de recommandable avec Castlevania: The New Generation qui amène lui aussi ses petites nouveautés. Au niveau de l’ histoire déjà, qui fait un bon en avant en 1917, dans laquelle on ne repart pas affronter Dracula mais empêcher sa résurrection. Ça à l’air de rien comme ça, mais on évite la répétitivité du scénario global de la saga (Dracula qui revient tout les siècles, un Belmont qui se dresse sur son chemin) et ça permet à celle-ci d’étoffer son univers avec de nouveaux antagonistes, mais aussi protagonistes. Dans ce seul Castelvania a être sorti sur une console Sega, il est possible de choisir son personnage entre John Morris et Eric Lecarde. Le premier est un descendant des Belmont armé de fouet Vampire Killer, l’autre se sert d’ une hallebarde pour effectuer un super saut et peut la faire tournoyer dans les airs, ça ne sert à rien mais c’est classe. Il est dommage que les différences entre les personnages ne soient pas plus exploitées que ça, on ira pas jusqu’à dire qu’il aurait fallu deux aventures distinctes, quoi que, mais peut être quelque chose de plus que de rares chemins alternatifs auxquels vous ne prêterez pas la moindre attention si vous n’avez pas assimilé le super saut de Eric. Si l’ ajout d’un autre personnage qui renouvelle légèrement le gameplay, la maniabilité fait un petit bond en arrière avec un système de saut revient aux sources de la saga, rendant ainsi les phases de plate forme plus délicate que dans Super Castlevania 4. Il n’empêche que les 6 niveaux se parcours avec plaisir, chacun se termine par un impressionnant boss et y va de son idée pour renouveler le périple et celui-ci étant une course contre la montre dans toute l’ Europe, les décors trouve une nouvelle identité tout en restant cohérent avec le design global de la saga. Si Castlevania: The Next Generation ne retrouve pas l’ intensité de Super Castlevania 4, il reste néanmoins un très bon jeu qui fait honneur à la série.
Super Castlevania 4
Castlevania: The Next Generation
Après Nintendo et avant Sega, c’est du coté de chez Nec et sa PC Engine qu’il faut chercher Castlevania: Rondo Of Blood. Attention, voila la pépite de l’ ère pré-Symphony Of The Night. Rondo Of blood est une synthèse de la saga Castlevania et sublime le tout en un opus qui apporte même plus. Pour ce qui est de la maniabilité, on fait un bon en arrière: il n’est possible de frapper que dans deux directions et le saut est certes un peu plus permissif que dans les jeux sur NES, mais les phases de plateforme restent tout à fait abordable bien que la difficulté globale soit parfois à casser la manette. Graphiquement le bon en avant est visible. Jamais un opus de Castlevania n’a été aussi beau, animé, détaillé et fouillé que jusqu’ alors. Et que dire de cette bande son tout simplement magistrale! Le support CD rom de la PC Engine permet à Konami de passer un cap et de proposer des remixes des précédents morceaux à la sauce rock orchestrale du plus bel effet qui ajoute de la dynamique à un jeu au rythme incroyable et toujours aussi maîtrisé dans un mélange d’ action plateforme qui tout comme Super Castlevania 4 ne se contente pas d’ un enrobage graphique et sonore pour contenter son public. Castlevania: Rondo Of Blood est un jeu bien plus riche qu’il en a l’air. Repris dans Castlevania: The Next Generation, le système de choix de personnage est déjà là, à la différence qu’ici il est bien plus pertinent. On retrouve deux protagonistes aux styles bien différents qui ici influe directement sur la difficulté du soft. Richter est un Belmont, de ce coté rien d’ innovant. Maria quant à elle peut tirer à distance, tout en courant, et à un double saut. Forcement, le jeu devient bien plus facile en incarnant une petite fille qui se sert du pouvoir des animaux pour venir à bout de Dracula, au point de se demander si avec ce personnage et cet écran de game over coloré et mignon comme tout n’est pas un troll de la part de Konami. Avec Maria, la difficulté n’est plus corsée mais reste néanmoins présente à travers un jeu qui regorge de secrets. La principale innovation de cet opus est la possibilité de revenir dans les niveaux précédemment terminées pour y découvrir des chemins alternatifs qui font office de raccourcis bienvenus ou non, ou ceux qui mène à un autre boss et à un niveau lui aussi alternatif. Castlevania: Rondo Of Blood est un jeu à la re-jouabilité nécessaire pour en saisir toute l’ excellence et son petit coté aventure qui cette fois encourage à l’ exploration et est bien intégré à un gameplay rodé qui n’a finalement fait que d’évoluer avec le temps, en tentant des choses, en les conservant ou en les retirant parfois à tort telle la maniabilité de super Castelvania 4, parfois à raison comme le coté aventure de Castlevania 2: Simon’s quest pour mieux le réintégrer par la suite. Castlevania est une série de jeux qui jusqu’ici n’a fait que d’aller de l’avant, elle était pourtant loin de la formule qui allait alors révolutionner la saga. Mais ça, ce sera pour une prochaine fois…
Castlevania: Rondo Of Blood
Castlevania: Rondo Of Blood