[JV] Dreadout 2 (2020 – PC)

Linda a du mal à se remettre des événements qui a fait perdre la vie a ses amis. Vivant seule dans une chambre d’étudiant, moquée et harcelée par ses camarades de classe. Elle tente malgré tout de vivre une vie normale, mais une puissance maléfique rôde et ne compte pas laisser la jeune femme vivre en paix.


Avis de Rick :
Le premier Dreadout n’a pas mit tout le monde d’accord. Il faut dire que l’expérience proposée par le studio Indonésien Digital Happiness souffrait de quelques malheureux défauts. On pourrait parler de son retard graphique, mais je préfèrerais ne rien dire sur ça, et plutôt saluer le travail d’une minuscule équipe dans un pays où l’industrie du jeu vidéo n’existe quasiment pas en réalité. Mais on ne peut passer sous silence des défauts plus gênants, dans son design, comme ses moments où le joueur erre sans trop savoir quoi faire, car après tout, comment deviner qu’il fallait prendre un buisson en photo pour pouvoir passer ? Ce genre de détails, c’est assez frustrant. Mais l’expérience a su trouver malgré tout ses fans, ou du moins, son public, moi y compris d’ailleurs. Le jeu sortait après tout en 2014, époque où le survival horror tentait doucement de se relever de ses cendres après des choix d’éditeurs plus que douteux, amenant le genre vers le survival action, avec des jeux comme Dead Space 3 (sic) ou Resident Evil 6 (ce jeu n’existe pas). Oui son gameplay était simpliste, oui la mort n’était pas bien importante puisqu’une fois les limbes traversées, notre avatar, Linda, se retrouvait à l’endroit exact de sa mort, oui techniquement c’était en retard, et oui, son design n’expliquait pas toujours bien ce qu’il fallait faire. Mais le jeu mettait en avant des mécaniques quasi oubliées depuis des lustres (se défendre des esprits en prenant des photos, comme à la belle époque des Project Zero), soignait son ambiance, et surtout, mettait en avant un bestiaire inédit dans le monde du jeu vidéo, et même finalement plutôt inconnu du public tout court en dehors des frontières Indonésiennes, un folklore à base de Pocong et de Kuntilanak.

Il est même dans un sens étonnant de voir que le studio aura attendu début 2020 pour livrer une suite, une suite beaucoup plus ambitieuse, plus longue, plus variée, mais tout aussi bancale, on y reviendra. Enfin, étonnant… si l’on met de côté le fait que le premier jeu à eu un DLC, qu’un manga a été fait, et que sortait en 2019 un film Dreadout signé Kimo Stamboel. Et que le dit jeu a eu droit à une sortie sur consoles mi 2022, ce qui était totalement inattendu. Bref, Dreadout 2. Quand on se lance dans la suite d’un jeu à succès, on sait un peu à quoi s’attendre. La même formule, en améliorée. Dans les faits évidemment. Dreadout 2 donc est ce coup-ci découpé en six actes, ou épisodes, en plus de l’acte 0 faisant office de tutorial. Un bond en avant comparé au premier jeu. Le jeu fait plusieurs bons choix dés le départ. Le premier étant de mettre en avant sa narration, elle qui était souvent assez floue dans le premier jeu, et donc, fatalement, de mettre en avant son personnage principal, Linda. Dans le même ordre d’idées, l’intrigue se situant quelques temps après le premier jeu, et Linda étant la seule survivante, le jeu nous propose un cadre bien différent. Terminé l’équipe de bras cassés… euh d’étudiants du premier jeu, aux réactions parfois stupides et surréalistes, et adieu l’exploration d’une école abandonnée (trop cliché) et du village tout aussi abandonné, Dreadout 2 se place dans un cadre bien plus urbain, ouvre un peu son monde, et se permet donc une beaucoup plus grande variété dans les situations, dans les lieux visités, et du coup, aussi dans les esprits que l’on rencontre. Basiquement, on pourra dire que chaque acte correspond a un lieu donné. L’école (pas abandonnée) pour l’acte 1, puis l’hôpital, puis les rues même de la ville avec ses petites ruelles, son marché, ses habitants. Sachant qu’avant d’aller au lieu principal de chaque acte, le joueur pourra retourner dans d’autres lieux visités en se servant de l’application de taxi sur son téléphone.

Dreadout 2 se montre de toute façon d’emblée beaucoup plus ambitieux que le premier jeu, et ça, on s’en aperçoit dés le prologue, qui nous place toujours avec un téléphone dans la main pour prendre des photos et vaincre les esprits, mais également, car on a deux mains après tout, une arme, que ce soit un couteau, une hache. Le gameplay s’en retrouve donc plus varié, surtout que prendre des photos a également été revu, pour coller une approche stratégique beaucoup plus proche de Project Zero, avec la photo à prendre au bon moment. Au fur et à mesure des chapitres (ou actes, ou épisodes peu importe), le gameplay varie, pour s’adapter aux situations, aux lieux, aux ennemis. Dans le premier acte par exemple, notre téléphone ne marche plus, à part son flash, et il faudra donc aveugler les esprits avant de frapper au couteau pour espérer les vaincre. Dans le chapitre 2, ce sera la hache, puis des éléments disséminés dans le décor qui vont servir d’armes. D’autres fois, c’est la classique formule du premier jeu qui revient, avec juste l’appareil photo. Bref, de la diversité, c’est sans aucun doute le mot clé de ce second opus. On la remarque encore une fois dés le début de l’acte 1, où il faudra se rendre en cours, et que le jeu nous propose de nous balader en ville, de parler aux PNJ, et au fur et à mesure de l’aventure, même de trouver des éléments appartenant à des légendes urbaines. Si notre téléphone permet toujours de retenir les esprits que l’on a vaincu et aussi d’en apprendre plus sur le folklore Indonésien, ça va du coup un peu plus loin avec l’ajout de ses légendes, et même de quelques courtes missions secondaires, plutôt sympathiques d’ailleurs.

Un soin tout particulier donc a été apporté au titre, et aux légendes qu’il met en scène, car si on retrouve les grands classiques comme le Kuntilanak, on trouvera aussi une espèce de tigre (oui !), des monstres aveugles qui se repèrent au son, un chirurgien fou… Dommage par contre que le reste de la mise en scène, ou tout simplement des dialogues avec les PNJ, soient particulièrement ratés. On pensera à cette fille étudiant les légendes, que l’on croise très tôt dans l’aventure, dans les rues de la ville, et qui est doublée dans un Anglais forcé et beaucoup trop enjoué pour convaincre. Mais ce qui est vraiment dommage avec Dreadout 2, c’est que l’on sent que l’équipe derrière le projet a voulue être généreuse, diversifier le jeu, les situations, les ennemis, les ambiances, quitte parfois à piocher quelques idées ailleurs (la partie de cache-cache dans l’hôpital rappellerait presque un certain Outlast), mais n’a par contre pas véritablement travaillé le gameplay du jeu. Oui, celui-ci est plus poussé et plus varié que dans le premier, avec l’ajout d’armes blanches, ou des photos à prendre au bon moment pour plus de dégâts, mais c’est parfois peu convaincant. Les photos à prendre au bon moment par exemple, il y a comme un petit temps avant que l’action ne se produise alors que l’on a déjà appuyé sur le bouton, ce qui fait que parfois, oui, on attend, on attend, on appuie et on se prend un coup dans la gueule car la photo est prise un quart de seconde trop tôt, ou trop tard. Pareil pour l’ajout des armes blanches. Pouvoir enfin se défendre (oui, car voir tous les personnages dans Outlast courir et fuir tout le temps alors que les lieux regorgent d’éléments pouvant servir d’armes, ça m’énerve et j’en ai marre), c’est bien. Que le maniement soit un peu lourd, soit, c’est le genre qui veut ça.

Mais comme il n’y a juste qu’un bouton pour frapper, et aucun pour se tenir en garde par exemple, et bien entendu aucun moyen de verrouiller un ennemi, on se retrouve à avancer vers un ennemi en frappant, en espérant faire mouche. Les idées sont là, elles sont bonnes ou du moins intéressantes et variées, mais l’application elle manque parfois de rigueur. Pareil graphiquement. Entre le premier et le second jeu, il y a un bond en avant certain. Mais il y a aussi ces personnages aux animations raides, quelques bugs de collisions voir des difficultés à franchir des grilles, des approximations. C’est dommage, car encore une fois, les efforts sont là, c’est largement au-dessus du premier jeu, et c’est bien plus varié, surtout que les lieux, bien que pas énormes en soit, on chacun leur petite ambiance bien à eux, et cette ambiance, souvent glauque et saignante, elle est fort réussie. Que ce soit les couloirs rouillés et ensanglantés de l’hôpital, la nuit qui semble engloutir la ville lors des explorations nocturnes, l’école, ou un hôtel délabré et même un cimetière (que l’on peut facilement rater si on ne fait pas une quête secondaire), chaque lieu a son ambiance, son bestiaire, et même ses petits éléments de gameplay.

Bref vous l’avez compris, Dreadout 2 a des atouts, il améliore la formule de son ainé (heureusement, vu les six années séparant les deux titres), mais il souffre encore de beaucoup trop d’approximations, et de retard sur certains points pour pleinement convaincre. Par contre, comme le premier jeu, Dreadout 2 n’est malheureusement pas bien dur. SI l’on mourrait dans le premier, on traversait les limbes et reprenait l’aventure pile là où l’on était en mourant. Ceci a été supprimé ici, mais Linda semble beaucoup plus résistante aux assauts des ennemis, et pour mourir, il m’aura finalement fallut tomber sur des ennemis bien coriaces ou armés pour que cela soit justifié, mais le reste n’amène pas un gros challenge, même au niveau des boss en réalité. C’est dommage ça aussi. Mais voilà, Dreadout 2, c’est malgré tout un jeu pour lequel j’ai beaucoup de tendresse. Mieux réalisé que son ainé, avec un travail sur le son qui fonctionne très bien, un poil plus long sans tirer non plus sur la corde et se faire trop long, avec plus de lieux, plus d’ennemis, plus d’ambitions dans tous les sens, il reste une expérience plaisante à parcourir pour ses idées, son folklore et son ambiance. Il faut juste passer outre sa technique datée, sa trop grande facilité la plupart du temps, et ses idées pas toujours bien développées (les armes blanches) ou implémentées (le côté plus ouvert, assez limité malgré tout). Mais voir un petit survival horror à l’ancienne en 2020, qui ne tente pas d’en faire trop (Resident Evil 8, qui ne m’intéresse pas), qui ne soit pas un remake, ou qui ne joue pas sur le gros cliché du genre (vue subjective et fuite), ça fait plaisir.


GRAPHISMES
Si c’est toujours daté techniquement, l’ensemble est néanmoins plus travaillé que sur le premier jeu, et propose des environnements et ennemis plus variés.
JOUABILITÉ
Beaucoup d’ajouts pour un gameplay plus tactique, des armes, mais encore beaucoup de moments hésitants ou avec des petits soucis de collisions.
DURÉE DE VIE
Si le premier jeu pouvait se boucler en 4h, comptez 6 heures ici en ligne droite, plus si vous prenez votre temps et explorez pour trouver tout le contenu annexe et les différentes légendes.
BANDE SON
La bande son, que ce soit musique ou bruitages, est réussie et inquiétante, tandis que les quelques doublages peinent à convaincre.
CONCLUSION
Dreadout 2 débarque six ans après le premier jeu. Il se fait plus long, plus varié, plus ambitieux, et dans le fond, toujours sympathique à parcourir. Mais il demeure toujours un jeu parfois bancal, dans son design et surtout dans son gameplay.

note65



Titre : Dreadout 2
Année : 21 Février 2020
Studio : Digital Happiness
Editeur : Digital Happiness
Genre : Survival horror

Joué et testé sur : PC
Existe sur : PC, Playstation 4 (et 5), Xbox One (et Series X)
Support : digital


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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