Sans aucun souvenir, le joueur se retrouve propulsé dans les enfers. Il va se mettre à la recherche de la Red Goddess, seule personne en ces lieux pouvant lui rappeler la mémoire, et le faire sortir de là.
Avis de Rick :
Il est amusant de constater que tous les ans, certains jeux se font descendre, et qu’en général, ce ne sont pas toujours les mêmes suivant s’il s’agît de la presse spécialisée ou des joueurs. Il suffit de voir les jeux à licences, qui chaque année se prennent des notes très hautes de la part des soit disant pro (hein les Call of Duty, les Fifa, Resident Evil 6), alors que du côté des joueurs, c’est tout de suite moins glorieux. Les petits jeux quand à eux se font beaucoup plus facilement descendre de la part des pros, la preuve ayant été plus tôt cette année Fear Effect Sedna. Un jeu certes pas parfait et avec pas mal de petits défauts, mais une très bonne ambiance, une histoire prenante et j’en passe. Dernier jeu s’étant attiré les foudres des pros, Agony. Un jeu que j’attendais depuis longtemps, depuis sa campagne kickstarter et ses premiers trailers. Car les survival horror, il faut dire que même si le genre a eu des hauts et des bas, on commence à connaître la formule. Dans les années 90 et au début des années 2000, il fallait des angles précalculés pour faire comme Resident Evil, puis récemment, c’est la vue subjective qui est de mise. Et à force de voir des dizaines de jeux qui se ressemblent, et bien ça fait du bien toujours d’avoir un concept différent. Agony par exemple lui nous propose d’explorer les enfers, en vue subjective certes, mais propose donc un univers visuel et sonore extrêmement glauque et malsain, dans un univers que l’on n’explore pas tous les jours en jeu vidéo. Et même avant sa sortie, Agony faisait parler de lui.
Oui il y a eu son report, et il y a eu surtout cette histoire de censure, dont une vidéo tournant sur youtube nous montre ce qui a été coupé pour ne pas avoir un simple classement A for Adults, qui aurait fait que le jeu ne serait tout simplement pas arrivé sur consoles. Et si à la vision de certains de ses éléments, on se dit que les développeurs sont en effet allés loin (égorgement de nouveaux nés, viol d’une succube plutôt très bien détaillé), et bien c’est malgré tout dommage, car choquer, nous dégoûter, c’est malgré tout le but premier de Agony, celui de nous livrer une expérience totalement différente, glauque, malsaine, pas forcément agréable quoi. Puis le jeu est arrivé en Juin, et ce fut le drame. Des critiques ultra mauvaises de la part des pros (juste quelques malheureuses critiques parviennent à atteindre la moyenne), des avis joueurs tout aussi divisés, certains mettant 0 et d’autres étant un peu plus cléments et s’approchant de la moyenne. Agony ne serait donc pas un grand jeu. Qu’à cela ne tienne, un jeu qui ose faire quelque chose de différent et sortir de la zone de confort habituelle, je suis preneur. Et c’est ainsi qu’un mois après sa sortie (et ayant donc bénéficié de quelques lourds patchs corrigeant des bugs et autres), j’ai pu me lancer dans l’aventure. Et en effet, même après la sortie de divers patchs, le jeu n’est toujours pas parfait, loin de là. Mais de là à avoir des 2/10, non. Agony nous propose donc d’arpenter 4 gros niveaux (en moyenne, il faudra 2h par niveau) dans les enfers pour accomplir notre quête. Nous jouons une âme damnée qui se retrouve là sans souvenir, et qui va partir à la recherche de la Red Goddess afin de s’échapper. Voilà, simple, il n’en fallait pas plus.
Je signale que, comme toujours, ce test à été réalisé sur une PS4 normale. Passé la scène d’ouverture où nous plongeons littéralement en enfer, le tout avec une voix off de notre personnage qui veut se la jouer bad ass (avec voix hyper grave et un peu abusée, il est vrai), nous voilà face à la réalité. Agony, avant même de faire un pas, apparaît comme un peu trop sombre. Oui, comparé aux trailers, ce n’est pas aussi beau. Et c’est là un des arguments de beaucoup. On en parle de Watch Dogs deux fois moins beau dans sa version finale ? Quelques pas pour ramasser une note ou une torche au sol, et voilà un second souci. Lorsque notre personnage ramasse un objet, le jeu semble ralentir, anormalement, voir freezer pendant une seconde, le temps d’afficher la note ou de ramasser l’objet. Ça commence mal on se dit, car si le jeu a des ralentissements pour des actions aussi simples, qu’est ce que ce sera quand il faudra fuir en prenant ses jambes à son cou ? Après à peine quelques pas, nous nous retrouvons face à un PNJ, qui va soudainement vouloir nous parler. Et là encore une fois, un horrible constat. Si le jeu se fait sombre, il garde une direction artistique réussie. Mais en ce qui concerne les personnages, notamment les martyrs, les âmes errantes inoffensives des enfers donc, et bien… c’est moche, dépassé et presque risible. En seulement 5 minutes, Agony nous fait peur, et pas dans le bon sens du terme. Quand on se frotte aux premières énigmes du jeu, voilà que le joueur habitué aux survival old school pourra pester, à nouveau.
Oui, rien de bien complexe ici, juste des éléments à trouver dans le décor pour avancer. Des cœurs par exemple à poser sur des balances, des murs à brûler pour dégager le chemin, ou encore des signes à trouver et à reproduire pour débloquer une porte. Agony en a des défauts. Et quand on trouve nos premiers ennemis, voilà que le jeu ne rigole plus. Notre personnage ne peut pas se défendre, et devra donc courir, se cacher, et pourra en maintenant une touche retenir sa respiration. Car les ennemis nous tuent en un coup en général, et nous n’avons pas d’armes. Si l’on meurt, nous devenons une âme flottante à la recherche d’un martyr pour prendre possession de son corps. Les martyrs, comme je le disais plus haut, sont inoffensifs, ce sont juste des humains, comme nous. Il faudra les trouver, retirer le sac qu’ils ont sur la tête, et ils deviendront des réceptacles potentiels si le joueur les retrouve dans le temps imparti. Le cas contraire, nous revoilà au checkpoint précédent. Et le temps que l’on prenne bien le jeu en main, autant dire que l’on va mourir. Sur le premier niveau, j’aurais perdu 6 fois la vie (dont une fois, bêtement), puis 7 morts sur le second niveau. Mais ce qui est bien avec Agony, c’est que 20 ou 30 minutes de jeu suffisent pour cerner les défauts, ceux-ci étant bien incrustés dans l’ADN du jeu et se retrouvant jusqu’à la fin. Mais contrairement a beaucoup, je ne serais pas si méchant envers Agony. Oui, il y a des défauts, oui graphiquement c’est sombre (j’aurais augmenté un peu les gamma arrivé au second niveau), oui les déplacements sont lourds (mais c’est souvent le cas dans les survival horror et ailleurs ça ne semble déranger personne), et oui les énigmes sont simples. Mais est-ce que Agony est le genre de jeu qui doit marquer le joueur par son gameplay ? Est-ce que Outlast a marqué le joueur par son gameplay ne demandant que de courir comme un dératé ? Non !
Car j’ai souvent l’impression partout que les testeurs se sont amusés, face aux défauts trouvés, à chercher la petite bête et à ne livrer par la suite qu’un torchon cherchant le moindre petit défaut, et oubliant donc totalement le reste. Surtout quand certains défauts se retrouvent dans d’autres jeux qui eux seront notés 8/10. Un exemple ? Oui, fuir un ennemi peut être difficile, l’IA étant parfois étrange, et les niveaux étant labyrinthiques et sombres, on se perd facilement, ou bien l’on se retrouve devant un cul de sac. Mmmm, n’était-ce pas le cas dans Outlast 2 ? Ce jeu sombre et labyrinthique dans lequel il fallait se perdre et mourir 20 fois avant de trouver l’unique bon chemin parmi les 15 proposés ? Si, et pourtant, tout le monde l’a adoré ce jeu ! Car si Agony a bien des défauts comme cité plus haut, et quelques autres (la gestion des collisions parfois peu précise par exemple), et bien tout n’est pas à jeter, loin de là. Agony nous fait éviter les combats, bien que plus tard dans le jeu le joueur pourra posséder des créatures plus puissantes pouvant attaquer, et se concentre donc sur autre chose, à savoir son ambiance. Car même si les graphismes sont souvent un poil trop sombres, l’univers proposé fonctionne.
Comme promis, Agony est glauque et malsain. On évolue dans des dédales labyrinthiques, on se perds, on rampe dans des petits recoins fait de chair et de bouts de cadavres, on découvre des statues démoniaques, on croise des démons mangeant des membres humains, certains martyrs sont décapités, transpercés par des lances en métal et servent de décorations murales, des nouveaux nés sont accrochés par leur cordon ombilical au plafond. Oui, malgré la censure, Agony va loin, et n’hésite pas à nous donner un mélange d’ultra violence glauque et par moment, de sexualité. Les succubes sont nues par exemple, et le joueur en verra des seins et des fesses. Et ce mélange de violence et de sexe ne laisse pas indifférent, puisque par moment, entre la direction artistique (très réussie) et l’ambiance sonore ultra glauque, et bien on arpente les différents couloirs du jeu de manière pas forcément sereine. L’ambiance est la force première du titre. Se perdre et se retrouver dans un cul de sac par exemple, en devant faire demi-tour dans une zone avec des ennemis et très sombre, ça ne fait pas toujours plaisir, mais dans le bon sens du terme, du moins pour moi. Car si beaucoup pestent contre le level design, il faut avouer que se perdre en enfer, que l’on accepte ou non le concept, et bien c’est un peu le but d’Agony dans un sens (et encore une fois, on se perdait dans Outlast 2 également). Quand les lieux varient quelque peu, les développeurs varient également la façon de nous perdre, ou de nous mettre en danger. Certaines pièces du premier monde jouent par exemple sur la verticalité, tandis que la forêt du second niveau nous balance des serpents, seulement avec les hautes herbes et les graphismes sombres, le joueur ne verra rien venir, et devra donc souvent courir comme un dératé et se fier aux sons. Dans le troisième monde, de la glace s’invite dans la partie, il faudra parfois faire fondre des morceaux de glace avec une torche pour avancer.
Par contre, il faut bien avouer que niveau bestiaire, il y a à boire et à manger justement. Autant les succubes et autres démons ont clairement de la gueule, et les croiser ne fait pas forcément plaisir, autant les développeurs ont ajoutés d’autres ennemis qui ne sont pas forcément réussis dans leur vision personnelle de l’enfer. Je pense par exemple aux araignées à membres humains, qui ne semblent être que des araignées avec des bras humains, mais sans tête ni rien, et ne déclenchant ni la peur, ni le dégoût chez le joueur. Dommage. Surtout qu’au final, il est facile de se libérer de leur emprise et qu’elles ne représentent donc pas un grand danger, atténuant encore une fois l’aspect horrifique voulu. Mais au final, arrivé au bout de l’expérience, est-ce que Agony fut, comme beaucoup s’amusent à le dire, l’expérience désagréable d’un nouveau studio déjà agonisant ? Pas pour moi. Une œuvre imparfaite, qui aurait mérité un temps de production plus long pour corriger encore des défauts, ainsi qu’un plus gros budget et sans aucun doute d’une meilleure optimisation sur console (les premiers pas font très peur hein), mais qui ne mérite pas toute la haine déversée dessus. Car quitte à choisir, entre un Agony qui tente des choses, délivre un univers véritablement glauque, et un Resident Evil 6 qui oublie ce qu’il doit être et nous sort des QTE et des scripts tous les 3 pas, et bien moi je prend Agony (oui, ça faisait longtemps que je ne lui avait pas craché dessus à ce fameux jeu de Capcom). Quand à la censure, oui il faut avouer, c’est un peu dommage, mais bon. À noter que depuis, d’autres patchs correctifs sont lancés.
GRAPHISMES |
Si le jeu bénéficie d’une bonne direction artistique, il faut avouer que sinon ce n’est pas la joie, entre des textures approximatives, quelques bugs, des visages humains totalement ratés et surtout, le jeu est trop sombre. |
JOUABILITÉ |
Au final, le joueur n’aura qu’à avancer, trouver son chemin et résoudre quelques énigmes pas compliquées. Il y a bien quelques bugs de collisions, et les déplacement sont lourds, mais ce dernier point est sans doute volontaire. |
DURÉE DE VIE |
Comptez en moyenne, en se perdant un peu et en explorant, 2h par niveau. Le jeu en compte 4. Mais une fois le jeu terminé, le joueur pourra jouer au mode Succube en jouant une… oui succube, et jouer au monde Agony. |
BANDE SON |
Si la bande son est en soit très discrète, l’ambiance sonore est elle fort réussie, glauque à souhait, et correspond parfaitement au voyage proposé. |
CONCLUSION |
Véritable bête noire critiquée de toute part depuis sa sortie, Agony est certes bourré de défauts mais reste une expérience que je n’aurais pas trouvé désagréable sur sa courte durée. Les développeurs voulaient nous envoyer en enfer et que l’on s’y perde, et c’est ce qu’on a. C’est glauque, sombre, malsain, dérangeant parfois, on se perd oui, et ça réussit là son pari, malgré tous les bugs, soucis de level design et j’en passe. |
Titre : Agony
Année : 2018
Studio : Madmind Studio
Editeur : Madmind Studio
Genre : Survival horror en enfer
Joué et testé sur : PS4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One, PC
Support : un disque