[JV] Agatha Knife (2017 – PS4)

Agatha est torturée entre son amour pour la viande et son amitié avec les animaux. Lorsque sa mère lui annonce que la boucherie familiale ne ramène plus de clients et risque de fermer, Agatha cherche une solution, et décide de créer sa propre religion, le Carnivorisme, afin de ramener de l’argent et sauver la boutique familiale, mais également pour permettre aux animaux de ne plus avoir peur d’elle alors qu’elle les découpe.


Avis de Rick :
Mon premier contact avec Agatha Knife fut à sa sortie sur PC en 2017 grâce à une amie qui avait décidé de montrer à sa communauté le jeu sur Twitch. Le jeu, son style, et son humour barré m’avaient fait forte impression, et du coup, j’avais préféré ne pas en voir trop au cas d’une éventuelle sortie sur consoles plus tard, comme c’est de plus en plus souvent le cas. Agatha Knife aura mit plus de deux ans à débarquer ailleurs, sur quasiment tous les supports, et j’avais oublié son existence, jusqu’à ce qu’il soit sur le Playstation Store, et que les souvenirs remontent en un instant. 10 petits euros plus tard, et je plongeais à mon tour dans l’histoire de cette jeune fille, Agatha. Avouez qu’à la lecture du pitch de toute façon, il ne pouvait pas en être autrement. Agatha est une jeune fille qui vit dans l’arrière boutique de la boucherie de sa mère. L’abattoir donc. Mais Agatha va mal, puisqu’elle est déchirée entre son amour pour les animaux (elle aime passer du temps avec) et son amour pour la viande (elle adore découper ses animaux pour les manger). Forcément du coup, les animaux ont peur d’elle et de ses couteaux. Et quand sa mère lui annonce que la boutique familiale va mal et risque de fermer, cela signifie en plus qu’Agatha ne pourra plus manger de viande ! Tragédie ! Géralement dans les jeux, on nous met face à une situation initiale, un souci à résoudre, et pour se faire, les moyens sont peu nombreux. Souvent, on prend une arme, et on s’en sert pour évoluer dans des niveaux en explosant les soucis se dressant face à nous.

Pas ici ! Toute l’originalité du concept, en plus de son humour et de son univers totalement barré, c’est que la solution qu’Agatha trouve pour résoudre ses soucis très tôt dans le jeu, c’est tout simplement de prendre un cours pour créer sa propre religion, le Carnivorisme. Oui, ça se passe comme ça dans le monde d’Agatha. Et dés le début, j’ai été conquis. Car Agatha Knife nous plonge durant environ 4 ou 5 heures (suivant notre facilité à résoudre les énigmes et savoir où aller) dans un univers totalement barré, et ce dés le début. Déjà le pitch s’avère improbable, mais dés que le jeu nous dit que c’est à nous de jouer, on peut écarquiller les yeux face à l’univers et aux PNJ qui le peuple. Oui, on commence dans une église, où se rend notre mère pour prier… Pourquoi pas. Sauf que le prêtre nous dit que pour être pardonner, il faut acheter du fromage et en faire don au Seigneur du Temps. On a même un distributeur de bougies au fromage, servant à faire des offrandes. On sort de l’église, on est témoins d’un couple marié en train de se faire photographier, et on va parler aux PNJ sur notre route pour trouver quoi faire. Et là paf, un homme habillé en femme qui nous annonce que lui aussi il travaille dans la viande… à savoir la prostitution, et que la mariée est une amie travaillant dans la même branche. Moralité, certaines personnes se marient par amour, d’autres pour l’argent. D’accord jeu. Un écran plus tard, et nous voilà dans un cimetière où un jeune homme pleure la tombe de sa mère, tandis que le père se tient derrière, traitant son fils d’abruti et admettant avoir déterré sa femme pour en faire un ragout afin qu’elle reste toujours en lui… Ok…

Écran suivant ? Nous voici à nous inscrire pour créer notre propre religion et résoudre nos deux soucis principaux, celui de la clientèle, et celui des animaux qui ont peur de nous et nos couteaux. On nous annonce que toutes les religions sont inventées et que l’homme a souvent besoin de croire en quelque chose pour se sentir complet. En seulement dix minutes, le jeu annonce la couleur. Car on va, d’écran en écran, de surprises en surprises, avec des PNJ tous plus fous les uns que les autres, des situations parfois glauques et hilarantes à la fois, mais toujours avec une petite morale et un fond pas si bête que ça, ce qui donne clairement à l’écriture d’Agatha Knife un fond passionnant. Mais assez parlé des premiers pas, et parlons plus du jeu dans sa globalité. Basiquement, Agatha Knife se joue comme un Point & Click un poil actualisé. Un poil car si l’on déplace bien un curseur, que l’on clique sur les éléments du décors (objets comme PNJ) pour interagir avec eux, Agatha elle se dirige avec le premier stick simplement dans les différents écrans. Le reste lui reste dans la tradition du genre, à savoir des dialogues à choix, des clicks pour interagir avec tout ce qui nous entoure, et un inventaire pour se servir d’objets divers. Agatha Knife ne brille pas par la puissance et l’originalité de son gameplay, mais celui-ci s’avère simple et fonctionnel, pas besoin de plus. Le jeu se découpe en diverses petites zones. On aura donc l’église au début, quelques rues, la boucherie familiale, la maison de notre meilleure amie Nika (la best), le restaurant, la boutique de comics, le vétérinaire, la bibliothèque, la cirque, la ferme. Aucun lieu vraiment énorme. Il faudra passer de l’un à l’autre pour résoudre quelques énigmes, utiliser des objets et faire avancer l’intrigue jusqu’à la réussite de notre but ultime. Des lieux souvent uniques et peuplés de PNJ déjantés, en plus de contenir pas mal de références juteuses.

Dans le cimetière, l’on trouvera par exemple une tombe pour Cthulhu, rien que ça. Dans la bibliothèque, le fan d’Argento et de son mythique Suspiria reconnaîtra facilement le design de l’ascenseur du dit film. La boutique de comics et d’autres figurines regorge de références amusantes et j’en passe. Non, le monde d’Agatha Knife est réellement cool et amusant. Dommage au final que les lieux à explorer ne soient pas si nombreux, le joueur se tapant beaucoup d’aller retour au fur et à mesure du jeu. On nous offre bien un déplacement rapide pour aller d’un bout de la map à l’autre grâce à notre mentor, Sandro le magnifique (un magicien travaillant au cirque), qui peut nous téléporter directement dans notre boucherie, mais si depuis la boucherie, il faut retourner au cirque, il faudra traverser intégralement la map. Rien de bien grave, mais il est vrai un peu lassant lorsque l’on arrive tout à la fin du jeu. Le reste du gameplay est simple, avec des objets à ramasser, et à utiliser au bon endroit. Parfois, le jeu nous permet même de trouver diverses solutions à nos soucis. Emprunter un livre à la bibliothèque ? Facile, l’on pourra soit emprunter la carte de notre meilleure amie, ou bien utiliser de l’argent pour faire des photos d’identité et avoir sa propre carte. Créer un livre fait de pages blanches ? L’on pourra encore une fois payer pour le faire, ou tout simplement utiliser un coupon gratuit disponible à tous. Quelques rares énigmes sont un poil plus tordues, comme celle du livre à récupérer demandant des actions précises, ou encore l’énigme de l’interrupteur de la ferme. Mais rien qui ne bloque la progression du joueur bien longtemps.

Agatha Knife nous offre un style graphique en apparence tout mignon, dessiné à la main, et aux animations fortement sympathiques, qui dénote d’ailleurs grandement avec le côté violent de l’aventure. Violent à la fois visuellement (ça saigne parfois pas mal) mais dans ce que le jeu nous raconte. Car des thèmes sérieux comme la religion, la sexualité, l’alimentation, la télévision et j’en passe, ils sont au centre du récit, mais le tout vu depuis le point de vue d’Agatha, une enfant avec une vision forcément limitée du monde. L’ensemble peut parfois paraître provoquant, notamment l’épisode du vétérinaire, mais parvient toujours à aborder tel ou tel sujet avec un ton relativement léger, et avec une certaine distance. Car le monde d’Agatha Knife est si fou que même si le fon est réaliste et intéressant, on peut mettre de la distance avec les éléments qu’on nous raconte. Et c’est un excellent point. Le jeu bénéficie d’une réelle qualité d’écriture, même si certains resteront un peu bouche bée devant l’avalanche de PNJ fous qui se présentent à nous. Et pas que d’ailleurs, puisque si on peut rire clairement des PNJ, comme Nika notre meilleure amie surdouée qui aime boire pour trouver l’inspiration (c’est une enfant pour rappel), le vendeur de ticket de loterie obèse condamné à vivre dans une boite, le prêtre vendeur de fromage ou encore le génial Sandro, le jeu va plus loin dans l’absurde, en faisant parler les animaux aussi. Il ne sera pas rare d’avoir de longues conversations avec un hamster addict à la télé réalité, un cochon qui veut devenir un martyr, ou de voir un chat de gouttière se faire chauffer du saumon au coin du feu.

Oui, c’est un plaisir d’originalité d’évoluer dans le jeu et d’aider Agatha à créer le Carnivorisme et tenter de convaincre les animaux que le grand cochon sanglant (notre Dieu) leur apportera le bonheur s’ils acceptent de mourir de nos mains. C’est très dark, souvent fou, souvent très drôle, et pourtant, ça touche à des sujets qui font mal avec une certaine pertinence. Le tout dans un style graphique plaisant et un rythme qui ne faiblit jamais. Dommage du coup pour la répétitivité qui s’installe notamment vers la fin (malgré une dernière partie géniale et assez sombre), ainsi que finalement la relative facilité des diverses énigmes. Mais pour un petit jeu avant tout narratif, c’est une excellente pioche. Clairement pas à mettre entre toutes les mains vu son humour agressif et son contenu clairement pour adulte, mais qui vaut le coup pour qui apprécie son style et l’humour noir. Surtout que pour une fois, le jeu est intégralement traduit en Français, permettant à tout le monde de saisir les notes d’humour. Et si j’ai testé le jeu sur Playstation 4, je tiens à préciser que le jeu étant disponible sur tous les supports, et étant un Point & Click dans son gameplay, la Nintendo Switch pourrait s’avérer une excellente option pour profiter pleinement de son gameplay. Le jeu est même disponible sur iphone et android. Laissez-vous donc tenter par le Carnivorisme !


GRAPHISMES
Le jeu aborde un style dessiné tout mignon, bien que parfois sanglant, et souvent totalement barré pour le look de certains PNJ. Mais ça fait mouche, le style est coloré et souvent amusant.
JOUABILITÉ
Bien que l’on déplace le personnage avec le stick, le jeu est un pur Point & Click au delà de ça, avec des objets à trouver dans le décors, à utiliser, et des objets de l’inventaire à utiliser au bon endroit.
DURÉE DE VIE
En soit, à un ou deux moments près, le jeu n’est pas bien dur, et 4h peuvent suffire pour boucler l’aventure. Mais plus aurait été bien lassant.
BANDE SON
Une musique qui rentre dans la tête, et quelques très beaux thèmes.
CONCLUSION
Malgré quelques petits défauts, Agatha Knife est un petit coup de cœur. Un point & click à l’humour très noir vu à travers les yeux d’une enfant qui aime les animaux, et la viande ! Court, souvent hilarant et blindé de références, le jeu se parcourt avec grand plaisir.

note8



Titre : Agatha Knife
Année : 2017
Studio : Mango Protocol
Editeur : Mango Protocol
Genre : Vive le carnivorisme

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One, PC, Nintendo Switch, iOs, Android
Support : dématérialisé


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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