Le joueur incarne Amicia de Rune, une adolescente âgée de 15 ans, accompagnée de son petit frère, Hugo, âgé de 5 ans, tous deux livrés à eux-mêmes alors que la guerre et la peste font rage. Bien qu’étant du même sang, les deux enfants se connaissent peu puisque Amicia a été élevée par son père, Robert de Rune, chevalier au service du roi de France, qui lui a appris à chasser, tandis qu’Hugo, atteint d’une mystérieuse maladie, est gardé par sa mère Béatrice de Rune dans sa chambre. Ils vont devoir survivre et ne compter que sur eux-mêmes alors qu’ils sont poursuivis par l’Inquisition dirigée par le seigneur Nicholas qui en a après Hugo qui le tient pour responsable de l’apparition de la peste noire par le biais de sa maladie. Et comme si cela ne suffisait pas, ils sont également cernés par une multitude de rats prêts à les dévorer. Amicia va devoir tout faire pour protéger son petit frère, et les deux enfants vont petit à petit apprendre à se connaître.
Avis de Rick :
Souvent, entre Mars et Mai de chaque année (avant un gros vide jusque Octobre), le marché du jeu vidéo est plombé par les sorties des gros titres AAA qui saturent le marché. En 2019, il y a Rage 2, soit la collaboration entre ID software et Avalanche Studios, Team Sonic Racing du côté de Sega, mais également le très attendu Layers of Fear 2 (alors oui, ce n’est pas un vrai AAA, mais après le succès du premier jeu – que je n’aime pas, voilà). Et puis il y a eu Mortal Kombat 11, des remasters de succès d’antan (Assassin’s Creed 3), Days Gone, Dead or Alive 6, Devil May Cry 5, The Division 2… Bref, beaucoup de gros jeux. Et parmi toutes ces sorties, à l’exception de quelques titres (Dead or Alive 6), mon porte feuille se sera tourné vers des petits jeux (My Big Sister, Lovecraft’s Untold Stories), des JRPG (The Caligula Effect Overdose, Sword and Fairy 6), ou de simples jeux AA (Generation Zero). Oui, un A de moins. Mais étonnement, en Mai 2019, le jeu qui fera le plus parler de lui, ce ne sera pas Mortal Kombat 11, mais le jeu du jour qui nous intéresse, à savoir A Plague Tale : Innocence. Jeu qui m’intéressait depuis quelques temps, car bon, déjà un jeu français, c’est plutôt rare, mais un jeu se déroulant pendant la grande inquisition, avec en plus en thème principal la peste, avouez que ça nous change. A Plague Tale avait donc des éléments au cœur même de son histoire et de son gameplay qui en faisait de base un jeu qui attire, puisque ne nous sortant pas la formule habituelle, même si dans les faits, on retrouve des éléments bien connus des jeux actuels : un peu d’infiltration, un peu de craft, une narration très présente. Mais pour une raison inconnue donc, A Plague Tale a attiré du monde, et fait parler de lui. C’est le jeu du moment. Et au vu de mon ressenti général sur l’œuvre, c’est bien mérité, et voilà qui fait bien plaisir.
Alors contrairement a beaucoup, je ne vais pas crier au chef d’œuvre, car A Plague Tale a des défauts, et ils frappent dés le début du jeu. Et pourtant, la magie opère rapidement si bien que ses défauts, on n’y fait plus trop attention dés lors que l’on est immergé dans l’aventure. Mais ils sont là malgré tout, et il faut le signaler. D’ailleurs, c’est notamment durant le premier chapitre de l’aventure (et son dernier, enfin, avant dernier) que les défauts de l’œuvre en question m’auront le plus dérangé, tandis que le reste de l’aventure m’aura marqué profondément, et scotché à mon écran jusqu’à faire de très longues sessions et d’enchaîner les chapitres sans m’en rendre compte, et ça, c’est fort. A Plague Tale est donc un jeu d’aventures se déroulant en 1348 alors que la France va mal. Oui, il y a la peste, qui se propage partout la faute à de bien méchants rats et fait des morts par milliers, et il y a bien entendu la guerre, l’inquisition, et ces satanés anglais ! Un fond historique bienvenu pour le jeu, et surtout bien trop rarement exploité, voir tout simplement jamais. De ce point de vu, le studio Asobo fait du bon boulot pour nous livrer quelque chose d’unique et d’intéressant. Et sur ce point, ils se sont appliqués un max, puisque l’on a bien l’impression d’être en 1348. Mais on reviendra plus tard sur cette impression. Le jeu nous met donc dans la peau de la jeune Amicia (dans les 14 ans), qui part en voyage forcé dans le royaume de France en devant protéger son petit frère Hugo (dans les six ans), pourchassé pour des raisons inconnues (au départ) par le grand Inquisiteur.
J’aurais pas mal lu sur le net des gens comparant A Plague Tale à The Last of Us. Oui, un périple dans la nature, entre deux personnages ayant un fort lien, tout ça tout ça. Bon sauf que là, Amicia et Hugo sont frère et sœur, mais ignorent quasiment tout l’un de l’autre. Leurs parents sont tués d’entrée de jeu par les Anglais après seulement quelques minutes de jeu. Mais il est vrai que l’on pourra noter des similitudes entre les deux jeux, notamment dans les moments relativement contemplatifs ou le joueur va juste avancer et profiter de l’univers que les développeurs nous offrent. Mais pas que, puisqu’ici aussi, on pourra noter que A Plague Tale ne suit pas vraiment la mode. Pas de monde ouvert non, mais une histoire linéaire, et un jeu de couloir (couloir déguisé, le jeu étant souvent en extérieur). Et ce côté fermé qui déplaira à certains joueurs car pas de contenu annexe, pas de map énorme à explorer, et bien c’est pourtant l’une des qualités du titre. Car faire un monde ouvert encore une fois, c’est compliqué, il faut le rendre vivant, mais pas trop sous peine d’étouffer le joueur sous un contenu que l’on pourra carrément appeler d’Ubisoftication (soit avoir 150 000 trucs annexes partout sur le map, mais qui sont en réalité 3 activités déclinées 500 fois). Et surtout, il faut parvenir à faire une map énorme et ouverte, et donc en quelque sorte diluer les idées et le propos sur la taille de cette map. Avec un monde fermé, le souci ne se pose plus, puisque les développeurs peuvent totalement se concentrer sur ce qu’ils veulent nous montrer et nous dire, et donc laisser leur imagination (et leur talent hein, ça aide) faire le taf.
Le monde de A Plague Tale est donc réussi, même si le premier chapitre m’aura fait peur, m’aura rebuté. Car comme je l’ai dis, le jeu n’est pas parfait, à tous les niveaux, et cela m’a dérangé au départ. Quand tout commence et que l’on prend le contrôle d’Amicia pour la première fois, j’ai pesté. Les contrôles sont lourds, quand elle court, elle trottine, la faire tourner sur elle-même fait penser à un semi-remorque. En terme de gameplay, j’ai eu très peur, et j’ai été rebuté, surtout que les techniques de discrétion sont limitées, et que les seules possibilités d’attaques, du moins au début, sont d’utiliser la fronde et de jeter des cailloux, et que face à deux ou trois soldats courant vers nous, l’utilisation de la fronde laisse à désirer. Oui le gameplay m’a fait peur, mais pas que. Graphiquement, il suffit de faire trois pas dans la forêt pour comprendre que la direction artistique du titre est à tomber par terre, et que pour un jeu AA, ça n’a rien à envier à certains AAA. Alors oui, les animations faciales ne sont pas parfaites dés lors que l’on n’est plus en cinématique, et on se heurte par moment à quelques soucis pratiques. Les zones sont fermées, et parfois, on peut pester face à un petit buisson qui nous empêche de passer, devenant un vrai mur invisible. Alors qu’à l’opposé, on se cachera souvent dans des herbes, mais il manque physiquement quelque chose, notre personnage traversant simplement l’herbe au lieu de la pousser. Le moteur graphique a ses limites. Et puis comme le jeu se déroule souvent à deux, avec Amicia que l’on contrôle et Hugo que l’on tient par la main, il faut bien que je vous avoue quelque chose. Le petit Hugo, j’ai eu au départ envie de le baffer durant le premier chapitre, et le début du second. Je n’arrivais pas à m’attacher à lui, à l’aimer, et je voulais vraiment le baffer. Le premier chapitre, pourtant plein de qualités, m’avait déçu.
Pleins de qualités oui, car la direction artistique est souvent à tomber par terre, les décors sont sublimes, tout comme les effets de lumières. Les doublages (j’ai fais le jeu en VO) sont parfaits, et apparemment la VF n’est pas en reste, l’écriture du titre même si j’ai eu du mal avec Hugo est fort plaisante, l’ensemble est rythmé, les musiques sont géniales. Et puis sans comprendre vraiment pourquoi, arrivé dans un village contaminé par la peste lors du chapitre 2, j’ai été pris dans l’histoire, le gameplay bien que ne changeant pas m’a parru mieux adapté aux situations, la relation entre Amicia et Hugo m’a passionné, et l’ensemble m’a happé littéralement. Sans doute que le rythme trépidant de l’aventure ainsi que le danger constant, à la fois par l’armée anglaise mais par les rats, qui s’invitent rapidement dans l’aventure et deviennent un danger intrépide ne m’auront pas laissé souffler et que cela aura déclenché quelque chose chez moi. Car A Plague Tale est un jeu ouvertement mature, et ça, c’est le moins que l’on puisse dire. Et plus on avance, puis on comprend les intentions des développeurs, et plus le sous titre du jeu (Innocence) trouve une signification certaine). A Plague Tale se révèle alors sous un autre jour, un jour mature, intéressant, passionnant, et en fait, j’ai presque envie de dire génial. Toujours pas parfait, puisque parfois limité dans son gameplay ou ses énigmes, mais plus que recommandable, et livrant une expérience malgré tout inoubliable.
Basiquement donc dans le titre, on alterne les moments narratifs, où l’on va souvent marcher, explorer de petits environnements, en apprendre plus sur nos personnages, puis les moments dits d’infiltration qui mettent en avant l’armée anglaise, avant de devoir fuir le danger dés que la nuit tombe et que les rats sortent, avec quelques énigmes pas bien complexes, mais plutôt intéressantes. Alors, en terme de narration, comme je l’ai déjà dit, c’est du tout bon, surtout que les personnages sont attachants, très bien doublés, et que l’environnement du jeu est oh combien crédible et poignant. Que ce soit avancer en pleine nature pour profiter du soleil couchant ou bien avancer dans une ville ravagée par la peste et devoir marcher littéralement sur des cadavres, on est soit émerveillé soit dégoûté, mais toujours à fond dedans. Les phases d’infiltration, si elles ne sont pas parmi les plus passionnantes du titres, gagnent en intérêt au fur et à mesure que le gameplay nous offre diverses possibilités pour avancer. Faire de bruit pour attirer l’ennemi et passer discrètement, l’éliminer avec la fronde, utiliser la lumière ou justement l’obscurité pour laisser nos amis les rats se faire un casse croute, ou utiliser quelques potions d’alchimistes pour d’autres possibilités. Cela reste relativement simple dans les faits, malgré quelques passages qui vont forcément amener des game over, mais c’est plaisant. Par contre, en ce qui concerne les rats, c’est du tout bon, et ce dés la première rencontre avec les hostiles créatures.
Il faut dire que voir ses hordes de rats se mouvoir et ne former limite qu’un provoque son petit effet, notamment avec leurs effroyables sons. Et en parlant de son, il faut signaler que la bande son, signée Olivier Deriviere (Alone in the Dark, Remember Me, Get Even) est magistrale, et souligne bien les atrocités, autant de la guerre que des rats, et va nous aider à bien stresser lors de ces derniers moments, avec une utilisation très sèche des violons. Finalement, malgré quelques limitations, A Plague Tale m’aura totalement convaincu, à la fois visuellement, musicalement, et la plupart du temps, narrativement. À l’exception du premier chapitre, et du dernier. Le jeu se découpant en 16 chapitres et un épilogue. Là où les treize premiers chapitres se font dense, concis, souvent stressants malgré la présence de nombreux checkpoints, et attachants de par les personnages et l’intrigue souvent floue mais au contexte historique réussi, l’ensemble prend un tournant autre durant les trois derniers chapitres. Tournant qui m’aura quelque peu déçu, mais là c’est totalement subjectif, avec mes attentes et ma propre sensibilité. J’aurais trouvé ça dommage, sans pour autant me gâcher le jeu et son final, puisque l’ensemble restant néanmoins ancré dans une logique narrative présente depuis le début. En tout cas, on sent que le jeu a été fait par une équipe qui a voulu nous offrir le meilleur jeu possible avec les moyens à disposition, et qu’ils sont restés fidèles à leurs envies et surtout à ce qu’ils voulaient nous raconter, et c’est à saluer.
Oui, l’aventure sera jugée courte par beaucoup, le jeu n’étant pas un monde ouvert tant à la mode, et pouvant se boucler, suivant si vous fouillez un peu pour récupérer les collectibles et voir quelques événements secondaires entre 12 et 15 heures. Mais je préfère une aventure courte et intense plutôt que longue mais au rythme boiteux. A Plague Tale lui affiche un bon rythme, qui ne faiblira jamais (malgré une énigme sans doute un peu trop longue mi-parcours), en nous racontant une histoire qui ne souffre d’aucunes longueurs. C’est à saluer, tant cela semble rare dans les jeux bénéficiant aujourd’hui d’une telle médiatisation. Du coup, félicitations Asobo Studio, en espérant que le succès commercial et critique du titre leur permette de continuer dans cette voie et de nous offrir à l’avenir d’autres titres autant travaillés dans le fond et dans leur univers, tout en corrigeant les quelques petits défauts situés ci et là dans l’œuvre. C’est tout le bien que je peux leur souhaiter. A Plague Tale en a séduit beaucoup, et si on est loin du chef d’œuvre, il faut avouer aussi qu’en 2019, les jeux plus fermés, qu’ils soient AA comme ici ou AAA s’en tirent bien mieux que les jeux en monde ouverts. Car entre A Plague Tale et Resident Evil 2, ou l’énième stand alone Ubi Soft ou l’open world vaste mais répétitif, et bien je prends les deux premiers jeux sans hésiter malgré leur durée de vie assez courte en soit.
GRAPHISMES |
À l’exception de quelques animations faciales ratées in game, et de quelques textures moyennes (et de la physique de la végétation), A Plague Tale est un plaisir pour les yeux. Personnages, décors, effets de lumières, un excellent travail qui n’a rien à envier aux AAA. |
JOUABILITÉ |
Un peu raide et limitée, le gameplay va demander un petit temps d’adaptation avant que l’ensemble de ses mécaniques ne nous accrochent. Rien de bien méchant néanmoins. |
DURÉE DE VIE |
Étant très narratif, l’aventure se boucle en environ 12h. Un peu plus pour ceux voulant tous les collectibles. Mais il n’en fallait pas plus, le studio a eu l’intelligence de ne pas céder à la tentation du monde ouvert vide et sans raison. |
BANDE SON |
Une excellente bande son signée Olivier Deriviere, des doublages très convaincants, de bons bruitages. Un grand soin a été apporté à l’ambiance sonore du titre. |
CONCLUSION |
Jeu du moment pour beaucoup, A Plague Tale Innocence est un excellent jeu narratif. Son intrigue, sa reconstitution de la France à cette période si particulière et sombre, sa direction artistique, sa musique, tout est fait pour nous immerger dans ses enjeux, et ça fonctionne, même si pour ma part, il m’aura fallut un chapitre le temps de trouver mes marques et de me plonger dedans. |
Titre : A Plague Tale : Innocence
Année : 2019
Studio : Asobo Studio
Editeur : Focus Home Interactive
Genre : Satanés rats
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One, PC
Support : un disque
Galerie d’images :