[Journée Tiger Style Media 3/4] Art of Eight Limbs, de Robert Grasmere (2024)


En mission au Myanmar, un analyste de données de la CIA et un kickboxer à temps partiel doivent infiltrer un tournoi d’arts martiaux qui sert de couverture à un marchand d’armes vendant du gaz neurotoxique VX. Son objectif : fournir un dispositif de détection crucial, aux alliés. Cependant, alors que la mission devient incontrôlable, il est forcé de faire face aux combattants les plus impitoyables du monde, étant considéré comme la dernière ligne de défense contre une menace mondiale imminente


Avis de Cherycok :
On dit que chat échaudé craint l’eau froide. Mais pas moi, parce que je ne suis pas à un navet près. Après un Lady Scorpions pas faramineux mais dont les scènes d’action valaient le coup d’œil, j’étais presque enthousiaste de m’enchainer le 3ème film de la collection Tiger Style Ultimate Martial Arts Collection de Paramount+, et ce malgré le visionnage très difficile du premier, Kung Fu Games, un bon gros naveton. Me voilà donc en train de m’apprêter à vous parler de Art of Eight Limbs, deuxième et dernière réalisation en date de Robert Grasmere après le téléfilm Flying Monkeys (2012) pour la chaine Syfy, plus connu dans le milieu pour ses talents dans les effets spéciaux puisqu’il a participé à ceux de films tels que Prince des Ténèbres de John Carpenter, encore Predator 2 de Stephen Hopkins, ou encore Demolition Man de Marco Brambilla. Rien que ça ! Avec ses talents, on s’attend plus à le voir à la tête d’une bobine horrifique ou fantastique, pas d’un film d’arts martiaux. Mais pourtant c’est bien lui qui met en scène Art of Eight Limbs, un film sur le muay-thaï. Comme Lady Scorpions, les scènes martiales vont être des plus soignées. Ce qui cloche dans Art of Eight Limbs, c’est tout le reste…

Le film commence pourtant plutôt bien, en nous présentant la double vie du protagoniste principal, à la fois analyste de données pour la CIA et combattant de MMA, avec une séquence d’action bien fichue qui nous met en confiance. Au fur et à mesure que le scénario de Art of Eight Limbs avance, on se rend compte qu’on est quelque part dans une remise au gout du jour d’Opération Dragon de Robert Clouse avec Bruce Lee, le jeet kune do ayant bien entendu été remplacé par le muay-thaï, avec son mélange d’espionnage international, de crimes, et de tournois d’arts martiaux bien sûr. On va avoir droit à tous les clichés qu’il est possible d’y avoir, et à aucun moment les trois scénaristes n’essaient d’injecter quelque chose de nouveau, comme s’il fallait que le film soit passe-partout et qu’il ne devait à aucun moment sortir des clous. Dans l’absolu, pourquoi pas, on a déjà vu des bobines façon série B nerveuse au scénario vu et revu mais sacrément efficaces dans leur rythme et dans l’action, mais Art of Eight Limbs donne beaucoup trop de place à ce qu’il y a autour des combats. Là aussi, pourquoi pas, mais il faut que ce qu’on nous raconte soit intéressant et ce n’est pas le cas. Et pour un film qu’on nous dit faire partie d’une collection dédiée aux arts martiaux, ça pousse beaucoup trop loin l’intrigue pour au final pas grand-chose, au lieu de mettre l’action au centre de l’attention. Même lorsqu’on a enfin des combats, ils sont souvent interrompus par des détours inutiles de l’intrigue, sur d’autres personnages, alors qu’on aurait clairement préféré que la caméra reste sur le ring. Les scènes de remplissage sont beaucoup trop nombreuses, souvent trop bavardes sans raison, et s’ils avaient taillé dans le gras et qu’Art of Eight Limbs n’avait duré que 1h20, il y a de grandes chances que le résultat aurait été bien plus efficace. De plus, les antagonistes ont des motivations aussi fines que du papier à cigarette, ce qui n’aide pas à réellement s’impliquer dans l’histoire.

C’est dommage car Ludi Lin (le Mortal Kombat de 2021, Aquaman) s’en sort honorablement dans ce rôle de combattant sous couverture. Il est crédible aussi bien dans les scènes d’exposition que dans les scènes martiales où il en impose par son style, par la puissance de ses coups, par ses compétences de manière générale. Son physique est crédible et on sent la détermination de son personnage dans son regard. On en arrive aux combats, le cœur de ce genre de bobines, presque relayés au second plan. Et c’est fort dommage car bien que basiques, ils sont très efficaces avec des combattants qui se donne à fond, ne retiennent pas les coups, pour un résultat visuellement intéressant. Mis en boite par Seng Kawee, coordinateur des cascades sur des films tels que Ong Bak, Born to Fight ou encore L’Honneur du Dragon, ils sont mis à l’honneur par un montage qui privilégie la lisibilité avec des plans larges et des coupes peu présentes. Ils sont punchy, violents, certes un peu trop courts, et on regrette qu’ils n’aient pas été plus nombreux tant ils ont bénéficié de bien plus de soin que le reste. La mise en scène dans son ensemble tient la route, mais la construction du scénario est étrange, donnant parfois l’impression que certaines scènes ont été mises bout à bout sans forcément réfléchir à la fluidité et au rythme de l’ensemble, même lorsque le film attaque la partie tournoi d’arts martiaux. L’écriture est paresseuse et lorsqu’une bonne idée arrive, elle n’est pas exploitée, voire carrément mise de côté pour ne jamais revenir. Alors c’est sûr, si on prend le film dans son entièreté, on a vu bien pire, à commencer par Kung Fu Games de la même collection. Mais en l’état, on n’a qu’une seule envie, faire avance rapide entre chaque scène d’arts martiaux et en général, ce n’est pas très bon signe. Il ne restera plus qu’à voir The Lockdown, mais sa durée de 1h51 laisse à penser qu’on y rencontrera la même problématique.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bons combats…
♥ Ludi Lin plutôt crédible
♥ Une mise en scène correcte
⊗ … mais trop peu nombreux
⊗ Trop long pour ce que ça raconte
⊗ Scénario prévisible et rempli de clichés
Bien que correctement emballé et proposant de bons combats, Art of Eight Limbs rate le coche en s’attardant trop sur les scènes d’exposition inutiles et pas assez sur ses bons combats. C’est l’inverse qu’on veut quand on regarde un film d’arts martiaux !



Titre : Art of Eight Limbs
Année : 2024
Durée : 1h41
Origine : U.S.A
Genre : Operation Dragon 2
Réalisateur : Robert Grasmere
Scénario : H. Daniel Gross, Ryan C Jaeger, Louis Spiegler

Acteurs : Ludi Lin, Grace Vorananth, Nicholas Hammond, Tofan Pirani, Ron Smoorenburg, Cindy Sirinya Bishop, Vithaya Pansringarmn Sahajak Boonthanakit, Abra Moore

Art of Eight Limbs (2024) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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