A l’occasion de la sortie en DVD de Princess Aurora, HKmania vous propose de revenir sur l’interview que Seb On Fire, ancien chroniqueur, a consacré à la réalisatrice Pang Eun-Jin en décembre 2007.
Est-ce la première fois que vous venez en France ? Êtes vous surprise qu’un tel honneur vous sois réservé ici ?
Non ce n’est pas la première fois, je suis déjà venue à Paris à plusieurs reprises par le passé, quatre ou cinq fois je pense mais c’est la première fois que j’y viens pour être célébrée en quelque sorte. Je suis bien sur ravie qu’un tel événement ait lieu ici à Paris, une telle ville de cinéma. Je ne connaissais pas du tout le Centre Culturel Coréen et c’est avec plaisir et honneur que j’ai répondu à leur invitation malgré mon emploi du temps assez chargé. Et puis surtout c’est toujours passionnant de rencontrer son public et de pouvoir discuter avec ceux qui font le succès d’un film.
On vous connaissait en tant que comédienne mais qu’est ce qui vous a poussé à passer à la réalisation ?
Et bien c’est assez difficile à expliquer, ce n’est pas une démarche planifiée de ma part, du moins pas consciemment en tout cas, je ne me suis pas dit un jour « Tiens je vais devenir réalisatrice » c’est une envie qui m’est venue naturellement. Un processus qui a mûri en mois, naturellement. Je trouvais intéressant d’élargir un peu mes compétences, de me diversifier et d’explorer d’autres horizons. Pour moi réaliser un film est synonyme de liberté, un peu comme le fait de respirer. De plus quand j’étais comédienne, je pensais que le film appartenait au réalisateur, maintenant que j’ai expérimenté la réalisation et bien je sais que j’avais tout faux. Un film une fois terminé n’appartient plus qu’au spectateur et à lui seul, c’est lui qui fait vivre le film, parfois certains spectateurs peuvent avoir une visions totalement différente d’un même film et certains y voient de choses auquel moi-même je n’avais pas pensée en le réalisant, c’est très étrange. C’était une situation un peu frustrante pour moi au départ mais je m’y suis faite maintenant.
Pourquoi avoir choisi un sujet comme celui de Princess Aurora pour votre première réalisation ? Un film sur un thème si dur et « violent » ?
C’est une longue histoire… En fait il faut savoir que l’idée de ce film n’est pas de moi. J’avais développer plusieurs scénarios de longs métrages moi-même avant de réaliser Princess Aurora mais aucun de ses projets n’a vu le jour. Princess Aurora est un scénario qu’on m’a plus ou moins imposé. Si je mettais cette histoire en images, je pourrais développé mes propres projets par la suite, c’était une opportunité à ne pas manquer pour la suite de ma carrière de réalisatrice. J’ai donc accepter après avoir bien sur retravailler longuement le script pour y ajouter certaines thématiques qui me tenaient à cœur mais je répète, l’idée de base n’est pas la mienne. C’est un film qui peut être perçu comme violent car il y à des meurtres et du sang c’est vrai mais ce n’est pas la le centre de l’histoire, les meurtres ne sont qu’un prétexte, un dispositif scénaristique qui me permettait de parler des femmes. Pour moi Princess Aurora est avant tout l’histoire d’une femme d’action qui décide de prendre les choses en main, d’agir par elle-même pour devenir, en quelque sorte, l’héroïne de sa propre vie. Je ne pense pas que le film soit vraiment violent. Pendant le tournage, je me suis découvert une énergie nouvelle que je ne soupçonnais pas moi-même, une force presque masculine dirais-je et cela peut se ressentir dans la mise en scène de mon film (sourire)
Le film n’est pas sorti ici en France mais quel accueil critique et public a-t-il reçu en Corée ?
Je peux déjà vous affirmer que les droits du films ont étés acheté pour une distribution en France mais je ne sais pas sous quel format. Avant toute chose il faut savoir que le public coréen n’est ni habitué ni friand de ce genre de film. Pourtant Princess Aurora à plutôt bien marché, il à réalisé un million d’entrées, je pense que le public était curieux et intéressé de voir une actrice plus ou moins connue passer derrière la caméra. Je vais vous racontez une anecdote. Lorsque je remaniais le scénario de mon film, Park Chan-Wook à annoncer qu’il comptait clôturer sa trilogie de la vengeance avec un film mettant en scène une héroïne, ce film sera Lady Vengeance. J’étais bien sur inquiète vu que nos deux projets partageaient pas mal de similitudes et je craignais que le public ne s’imagine que j’avais copier Lady Vengeance alors qu’en fait c’est Park qui m’ avait piquer mon idée (elle se met à rire). Ce « duel » était embêtant pour moi, j’étais assez inquiète mais je savais que mon film présenterait un regard plus féminin sur ce thème car, comme je l’ai dit plus haut, la vengeance n’est qu’un prétexte narratif dans mon film mais bon, la comparaison entre nos deux œuvres était inévitable. Finalement les critiques concernant Princess Aurora ont été bonnes mais je n’aime pas parler du succès de mes films de peur de me mettre en avant, c’est au public de juger pas à moi. Les critiques du public sont plus partagées, certaines adorent, d’autres détestent alors que d’autres encore sont indifférents, je crois que c’est lot de tout film mais je respecte ça, chaque spectateur à sa propre opinion et chaque avis à autant d’importance. Plus que des critiques positives ou négatives, ce film m’a donner le désir de persévérer dans l’aventure et de continuer à réaliser des films. Je tiens aussi à ajouter que je remarque que le public en Europe et plus particulièrement en France ont tendance à regarder un film sans préjugés ni a priori. Les spectateurs ici sont avides de découvertes et voient des films de tous horizons et de tout genre. Je vous suis extrêmement reconnaissant pour ça.
C’est intéressant que vous parliez de Park Chan-Wook car j’allais justement y venir. On l’a dit, votre film comporte pas mal de similitudes avec le cinéma de Park. Était-ce conscient et volontaire de votre part ?
Il est clair que Park Chan-Wook est un très grand cinéaste, en Corée bien sur mais aussi dans le monde entier, il est un peu la vitrine de notre cinéma. Il à un style bien particulier qu’il obtiens en mélangeant différents genres. Personnellement je ne pense pas avoir de style, je n’ai fait qu’un seul film ce serait arrogant de proclamer qu’il existe un style Pang Eun-Jin. Je veux continuer à réaliser des longs métrages pour justement trouver mon propre style, je pense qu’après trois réalisations on pourra voir les grandes lignes de ma mise en scène se dégager, du moins je l’espère, mais aujourd’hui il est encore beaucoup trop tôt pour cela. Toutefois je pense que Princess Aurora diffère des films de Park Chan-Wook, ma mise en scène est moins maniérée et plus direct. En tant que comédienne j’accorde évidemment beaucoup d’intérêt au jeu des acteurs mais comme je vous le disais je suis moi-même à la recherche de mon propre style. Enfin pour terminer sur la comparaison avec Park, ce qui est inévitable vu que nos deux films sont sortis dans la foulée en Corée, je tiens a dire que je trouve ses œuvres de plus en plus bavardes, Lady Vengeance est plus bavard qu’ Old Boy qui l’était déjà, je trouve, plus que Sympathy for Mr Vengeance.
En tant que réalisatrice, donc femme dans un milieu à forte majorité masculine, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrée pour tourner votre premier long métrage ?
Je ne pense pas que ce soit plus difficile d’être une femme cinéaste en Corée que dans n’importe quel autre pays de cinéma. C’est vrai qu’ici, il y à très peu de femmes réalisatrice comparativement à un pays comme la France ou les États-Unis mais je me réjouis de voir que la nouvelle génération tend à se féminiser de plus en plus. On retrouve des femmes réalisatrices mais on commence aussi à voir beaucoup de techniciennes, de monteuses, de productrices, de compositrice,…le cinéma coréen fait montre de plus de féminité à chaque étape de l’élaboration d’un film. Je pense avoir eu a subir les même difficultés que n’importe quel réalisateur, le fait d’être une femme ne m’a pas apporté de problèmes supplémentaires, je veux dire par là que personne ne m’a mis de bâtons dans les roues sur le simple fait que j’étais une femme dans un milieu fortement masculin. Du moins c’est ce que j’aime à penser. Le cinéma est un art, je n’aime pas trop qu’on compare cela à une guerre des sexes (rires), la compétence doit primer sur toutes autres considérations. Par contre j’ai bien l’intention de durer dans ce métier, je ne veux pas être juste de passage je veux faire mon trou dans la corporation. On me fait souvent remarquer que j’ai, en quelque sorte, ouvert la voie pour une nouvelle génération, ce qui n’est pas totalement faux, je n’aime pas vraiment qu’on dise cela de moi mais certains on tendance à m’ériger en symbole du cinéma féminin coréen. Je me rends bien compte que nous ne sommes vraiment pas nombreuses mais malgré tout ça me gêne un peu.
Est-ce qu’en tant que réalisatrice il y a des réalisateur qui vont inspirés ou qui sont des influences pour vous ?
(Elle réfléchit longuement…) Non je ne dirais pas cela, je ne pense appartenir à aucune famille de cinéma, là tout de suite je n’ai pas de noms qui me viennent à l’esprit, j’essaie avant tout de faire mes propres films.
Plus généralement, j’aimerais connaître votre impression de l’intérieur sur l’industrie du cinéma local et bien sur faire un petit point sur la fameuse loi des « screen quotas » imposée par le gouvernement.
Après la démission du ministre en charge du cinéma et de la culture en générale, en début d’année s’est formé ce qu’on à appelé ici en Corée, une « démocratie d’alcôves » c’est-à-dire que les décisions étaient prises par un petit groupe de personnes et malheureusement la loi du screen quotas n’à pas échappée à ce phénomène. Officieusement les quotas furent déjà cédés au Etats-Unis. Je dois avouer que cette situation me désole et le fait honte, j’ai honte de mon gouvernement. Bien sur cette loi à suscité un tollé dans le milieu du cinéma coréen et une forte mobilisation à vu le jour mais malheureusement peu suivie par la population et les médias. Au final, les jours de présence en salle de films nationaux ont baissé de moitié pour tomber aujourd’hui à soixante treize jours par an, cette une situation difficile pour le moment dans mon pays mais paradoxalement l’année dernière fut une année faste pour l’industrie coréenne, beaucoup d’argent fut injecté et de nombreux films furent tournés, cent dix longs métrages ont été produits alors qu’habituellement seulement une soixantaine sont produit. Mais la Corée reste un petit pays et cette situation à créer un problème d’abondance, trop de films furent projetés en salle et peu ont pu jouir d’une exploitation suffisante, sans parler des films qui ne furent jamais exploités. Un phénomène nouveau a découlé de cette situation, de nombreux films ne restant que quelques jours à l’affiche. Aujourd’hui en Corée, si un film reçoit de mauvaises critiques ou s’il ne réalise pas au moins 300.000 entrés en fin de première semaine d’exploitation il sera presque automatiquement retiré de l’affiche. Un phénomène négatif pour toute l’industrie donc qui à tué une frange entière du cinéma. Cette situation à créer une nouvelle distribution des cartes. D’un coté les films à gros budget, de l’autre des productions fauchées 100% indépendante et il n’y à plus rien entre ces deux extrêmes, il est quasiment impossible de mettre en chantier une histoire personnelle demandant un minimum d’argent, c’est tout ou rien. De plus le taux de remplissage des salles est assez bas, il faut l’un ou l’autre très gros sucées pour que ce taux atteigne les 50%, ce qui n’est pas énorme. Les spectateurs coréens deviennent de plus en plus exigeants et ont l’impression de voir toujours la même chose, ils réclament plus d’inventivité et davantage de créations de la part des cinéastes locaux. Ce que les spectateurs ne savent pas toujours c’est que dans de nombreux cas ce sont les investisseurs qui décident quels films seront produits et projetés, les réalisateurs ne sont plus vraiment maître de leur films, de nombreux projets doivent être avortés faute d’argent. Ces investisseurs, dont le but est la rentabilité, produisent essentiellement des films à gros budget propices à réussir au box office et à l’exportation. Je trouve cette situation dommageable car je pense que le cinéma est un symbole de la culture nationale, au même titre que la littérature, la peinture ou toute forme d’art en général, et celle-ci devrait être préservée et encouragée alors que le gouvernement actuel privilégie l’argent. Ils considèrent le cinéma comme une simple marchandise et pas comme une partie du patrimoine culturel. C’est vraiment dommage car je pense que nous devons préserver le cinéma et la culture nationale à tout prix. Je suis aussi très en colère contre les Etats-Unis qui sont en train de massacrer une grande partie de la culture coréenne et d’autres pays pour une simple question d’argent.
Quels sont vos projets de réalisations en ce moment ? Avez-vous un nouveau long métrage en préparation ?
Tout c’est bien passé pour moi après ma première réalisation, dans la foulée de Princess Aurora, j’ai eu de la chance dans un premier temps…j’ai en effet pu développer un projet personnel durant presque une année entière, un drame humaniste mettant en scène un personnage masculin, mais j’ai déchanté car je n’ai pas pu mener le film à son terme, tout à été stoppé soudainement par manque d’argent, en partie à cause des effets pervers du screen quotas. J’ai mal vécue cette situation, je me sentais déprimée et abandonnée. Mais bon j’ai pu me rendre compte que c’est une situation vécue par la grande majorité des réalisateurs et je me suis remise en selle immédiatement. Je pense préparer un scénario plus commercial, plus en rapport avec les attentes du public et des investisseurs, j’espère ainsi avoir plus de facilités pour le financement. Pour le moment je travaille sur un nouveau court métrage produit par l’association coréenne de défense des droits de l’homme. Ce court métrage prendra place dans la quatrième édition de l’anthologie « If You Were Me » qui regroupe au total six courts métrages dont au moins un est réalisé par une femme, cette année c’est mon tour (rires).
Pouvez vous nous dire quels seront les autres réalisateurs présents cette année ?
Pour le moment je sais juste que Kim Tae-Young (Memento Mori) m’accompagnera dans cette aventure. J’aime réaliser des courts métrages car sous ce format on est vraiment libre de faire et de dire ce qu’on l’on ressent vraiment, on est débarrassé de toutes les contraires financières, du box office, du marketing, de la promotion et tout le reste. C’est un petit vent de liberté (sourire)
Pour terminer sur votre carrière de réalisatrice, une question un peu plus légère. Imaginons que vous disposiez d’un budget illimité, quels comédiens aimeriez vous diriger ?
(Elle éclate de rire…) Je ne sais pas trop, je n’ai pas d’idée la comme ça…laissez moi réfléchir…C’est déjà tellement difficile de réaliser un film qu’on ne pense généralement pas à ce genre de choses. J’aimerais beaucoup diriger Juliette Binoche, une actrice française que j’aime vraiment beaucoup et que je trouve excellente sinon heu…Maggie Cheung qui est vraiment une comédienne hors pair. Ça manque un peu d’homme tout ça (rire) J’ajouterais Johnny Depp dans un rôle masculin (elle éclate de rire). Sinon je suis très intéressée par tous les comédiens que l’ont voit grandir sur l’écran. Je pense notamment à Zhang Ziyi, une actrice qui à commencer très jeune pour continuer une très grande carrière internationale. Et vous quels sont les acteurs et réalisateurs coréens que vous aimez ?
Euh…Moi ?!
Oui vous personnellement (rires)
Et bien alors niveau réalisateurs j’aime beaucoup Bong Joon Ho, Kim Jee-Won, Kwak Kyung-Taek, Ryoo Seung-Wan et Im Pil-Seong dont j’ai hâte de voir le prochain film. Et pour les comédiens j’aime beaucoup Song Kang-Ho, Yoo Ji-Tae, Yu Oh-Sung , Jang Dong-Kun et Lee Byung-Hung. Pour les actrices Ha Ji-Won, Shin Eun-Kyung et Kim Seon-Ah.
Pour continuer avec les comédiennes, j’aimerais revenir un peu sur votre carrière d’actrice. Vous n’avez plus tourné depuis 2003, est-ce un choix délibéré afin de vous centrer sur votre carrière de réalisatrice ?
(Rires) Non pas du tout, bien au contraire j’ai toujours très envie d’exercer le métier de comédienne, simplement je ne reçois plus de proposition. Ce n’est pas un choix délibéré de ma part, je pense que les réalisateurs ont un peu peur de moi, du fait que je sois aussi réalisatrice et plus une « simple actrice », ils craignent que je ne marche sur leur plates bandes en quelques sortes, que j’arrive avec tout mon univers alors qu’en fait c’est tout le contraire j’ai envie de leur dire « Mais engagez moi, je connais vos problèmes !!! » (Elle éclate de rire). Je pense que certains réalisateurs pensent tout simplement que je n’ai plus envie de jouer pour me concentrer sur ma carrière derrière la caméra mais c’est faux, l’envie de jouer la comédie est toujours présente en moi. D’un autre coté je me rends compte aussi à quel point c’est difficile de mener deux carrières de front, quand on est que comédienne on peut enchaîner plusieurs projets par ans et rester à l’affiche tandis que lorsque je décide de m’atteler à un film cela me prend une année complète parfois sur un projet qui ne voit même pas le jour. C’est donc compliqué d’alterner les deux métiers.
Dans ce cas, pourquoi ne pas vous mettre en scène dans le premier rôle de l’une de vos futures réalisations ?
J’y ai effectivement pensé, c’est une expérience que j’aimerais bien tenter au moins une fois avant ma mort (rires) mais c’est déjà tellement difficile de se concentrer sur son jeu ou sur la réalisation alors mener les deux de front…J’adore toujours le métier d’actrice c’est bien d’être reconnue pour cela, dire le contraire serait hypocrite mais ce qui m’intéresse c’est de rencontrer mon public, de partager quelque chose avec lui. J’aime rencontrer les spectateurs et je suis intéressée par le retour qu’il me donne mais aujourd’hui mon objectif principal est de continuer la réalisation et essayer de faire au mieux afin de contenter mon public, en tant qu’actrice ou que réalisatrice.
Durant votre carrières, vous avez dû jouer quelques rôles assez durs psychologiquement, chez Kim Ki-Duk ou Park Chul-Seo notamment, comment faites vous pour vous y plonger et surtout pour en sortir ? Gardez vous une trace quelconque de certains rôles ?
(Très sérieuse) Ca va faire une vingtaine d’années que j’ai débuté dans la comédie, je suis expérimentée maintenant mais c’est vrai qu’on garde toujours quelque chose d’un rôle. C’est surtout difficile lorsqu’on est une jeune actrice. Avec l’âge et l’enchaînement des rôles les séquelles s’amoindrissent et il devient plus facile de sortir d’un personnage en fin de journée pour rentrer chez soi. Puis bon il faut bien continuer à vivre de toute façon, c’est une chose qui s’apprend et qui fait partie de l’apprentissage d’un acteur. Personnellement je plonge toujours tête baissée dans un rôle et je le vis à fond. L’avantage avec des réalisateurs comme Kim Ki-Duk et Park Chul-Seo est que leur tournages sont souvent très court et intense on à donc pas le temps de penser à ce genre de chose, c’est plus simple pour un acteur. Puis bizarrement les rôles les plus extrêmes ou les plus durs sont ceux dont on se débarrasse le plus facilement, ils sont tellement éloignés de la réalité que c’est comme passer un costume, une fois qu’on en à plus besoin on l’hôte et on le range. Par contre cette situation peut être plus compliquée au théâtre car on interprète parfois un rôle pendant des mois et là on peut finir par confondre certains aspects d’un personnage avec sa propre personnalité. J’ajouterais, et ce n’est pas par fausse modestie, que je n’apprécie pas particulièrement me revoir lors de mes premiers rôles au cinéma, je ne me trouve pas très bonne, mon jeu est trop théâtral et trop typé.
En tout cas, cela ne semble pas être l’avis général vu les nombreux prix d’interprétation que vous avez reçu. Enfin pour terminer j’aimerais vous demander si vous avez quelques films coréens à conseiller aux spectateurs français ?
Je ne connais pas trop les goûts des spectateurs français c’est donc difficile de répondre. Par exemple vous quels sont les films coréens que vous avez aimé dernièrement ?
Et bien je ne suis pas certain que mes goûts soient représentatifs du public français… je suis plutôt fan de polar et de films d’actions… Ce n’est pas grave dites moi toujours… (rires)
Alors personnellement j’ai beaucoup aimé City Of Violence de Ryoo Seung-Wan, The Host bien sur, un film que j’ai découvert récemment qui s’appelle Dasepo Naughty Girls, A Dirtry Carnival de Yu Ha, A Bittersweet Life et enfin Antarctic Journal qui est un de mes films préférés tous pays confondus. Voila les quelques films qui me viennent à l’esprit… Sinon en France les réalisateurs les plus connus sont Kim Ki-Duk, , Hong Sang-Soo, Lee Chang-Dong et Par Chan-Wook bien sur. Ryoo Seung-Wan est un jeune réalisateur qui réalise de bons films d’actions… Je vous conseillerais de voir Like A Virgin de Lee Hae-Jun, un film qui me rappelle ce film belge je crois, La Vie en Rose. Like A Virgin raconte l’histoire d’un jeune homme qui désire changer de sexe pour cela il pense participe à un tournoi de sport de combat pour récolter l’argent nécessaire à son opération. C’est un beau film, très bien réalisé je trouve à la fois drôle et touchant. J’aime beaucoup aussi le dernier film de Kim Tae-Yong Family Ties, qui est pour moi le meilleur film coréen de l’année dernière. C’est un film mélangeant trois petites histoires en apparences anodines mais qui raconte beaucoup de choses sur la nature humaine, c’est un film qui fait très « film français », je le comparerais au film de Jean Pierre Bacri et Agnes Jaoui…
Je prends note. Un dernier mot pour finir ?
Non je n’ai rien à ajouter, je veux juste vous remercier pour cette interview.
Merci à vous et bonne continuation pour la suite de vos carrières.