Né en 1961 à Hong Kong, Herman Yau est devenu grâce à quelques films cultes, comme par exemple The Untold Story et Ebola Syndrom, le roi de la catégorie 3 craspec. Mais il a également signé des films plus intimistes comme No More Love, No More Death, Don’t Fool Me avec Andy Lau et Tony Leung Chiu-Wai et dernièrement l’excellent From The Queen To The Chief Executive.
– Comment avez-vous commencé dans le milieu du cinéma ?
J’ai étudié le cinéma au Hong Kong Baptist College (maintenant connu comme Hong Kong Baptist University). Après l’obtention de mon diplôme, recommandé par un ancien camarade de classe, j’ai rejoins une équipe de tournage comme script. C’était en 1984.
– Comment The Untold Story a été perçu lors de sa sortie ? Et quels ont été les problèmes avec la censure ?
Quand The Untold Story est sorti pour la première fois à HK, c’est devenu un sujet brûlant de conversation pour les gens. Le film a fait grand bruit dans la ville. Il y eut des commentaires positifs et négatifs, mais la plupart des gens ne pouvaient pas nier que c’était un film “puissant” et qui a eut un fort impact sur le public. Les gens ne pouvaient pas nier également que Anthony Wong avait fait une très bonne performance. Les gens ont surtout mis en cause la nécessité de la violence. Sur l’aspect moral, le film a été beaucoup condamné.
– Comment avez-vous créé le personnage de « Bunman » ? Cela a-t-il été fait en collaboration avec Anthony Wong ?
J’ai fait un gros travail de recherche pendant la période de préparation du film. Je suis allé à Macau et j’ai rencontré quelques reporters qui avaient enquêté sur le sujet. Mais l’information la plus précieuse nous a été fournie par un prisonnier qui a été dans la même cellule que Bunman. Après avoir recueilli les informations, j’ai discuté du personnage avec Anthony Wong. A la réunion, j’ai apporté une photo du vrai « Bunman ». Après qu’Anthony ait vu la photo, il a essayé d’imiter son expression. Et j’ai pensé que j’avais trouvé la bonne personne pour jouer le rôle.
– Comment vous est venue l’idée de faire Ebola Syndrom ?
Après le succès de The Untold story (du moins dans le box office de HK et Taiwan), j’ai arrêté de faire ce genre de films pendant trois ans. En 1996, Wong Jing m’a demandé de faire un autre film Cat III. C’était le commencement du film. L’idée d’avoir Ebola dans le film est venu de Wong Jing et j’ai pensé que c’était intéressant. Alors j’ai parlé avec Anthony Wong de cette idée. Un mois plus tard, je commençais le tournage du film.
– Pensez-vous que les films HK ont changé après que ces deux films soient sortis ?
Pour Ebola Syndrom, l’influence sur l’industrie a été faible car le box office du film n’était pas bon. Mais pour The Untold Story, l’influence a été grande. Les gens ont fait beaucoup de films Cat III après le succès de The Untold Story. Dans ce marché, j’étais censé être le plus calé des metteurs en scène dans ce genre de film. Mais j’ai refusé toutes les offres et à la place, j’ai fait d’autres genres de films.
– Pourquoi et comment avez vous fait un film aussi poignant et engagé que From the queen to the Chief Executive ? Qu’est-ce qu’il représente pour vous ? C’est un tournant dans votre carrière ?
Je ne pense pas que “From the Queen to the Chief Executive” soit un tournant dans ma carrière. Je pense que c’est juste une part de ma carrière.
Dans notre vie quotidienne, les chances de rencontrer l’injustice sont nombreuses. Quelques personnes peuvent vouloir fermer les yeux sur ces injustices. C’est pourquoi je veux les mettre à l’écran. Je pense que je suis suffisamment chanceux pour trouver un investisseur pour investir dans ce genre de film. Je ne sais pas si vous avez une bonne compréhension ou non de l’extrême difficulté d’obtenir un investissement pour des films abordant des questions politiques. Je pense également que le film représente ma colère contre l’injustice.
– Comment et pourquoi avez-vous produit 9413 de Francis Ng ?
Francis Ng est un bon ami. Autour des années 1998, Francis voulait mettre en scène son premier film. Il voulait que je rejoigne la production. Bien que je ne sois pas un réalisateur de film brillant, j’étais un réalisateur expérimenté. Dans cet aspect, Francis avait besoin de moi pour l’aider dans son premier film comme metteur en scène.
– Vous avez écrit et réalisé Master Q 2001, une comédie pour enfant et premier film a intégrer des acteurs digitaux dans le cinéma hongkongais. Comment l’idée vous est venue pour un tel projet ?
J’ai dirigé Master Q 2001. Le producteur était Tsui Hark. L’idée d’avoir des personnages 3D produits par CG pour “bouger” avec des personnages vivants est venue de Tsui Hark. Il m’a parlé de ce projet lorsque je travaillais Time and Tide comme directeur de photographie. Il m’a demandé d’être le metteur en scène et j’ai dit “oui” sans réfléchir une seconde.
– Vous avez souvent travaillé avec Tsui Hark. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette collaboration et nous expliquer comment elle a commencé ?
C’était vers 1991, j’ai rencontré Nansun, maintenant mariée à Tsui, dans un restaurant. Elle disait que Tsui voulait que je travaille avec lui sur quelques projets. Mais après le dîner, personne de Film Workshop, société de Tsui, ne m’a appelé. Puis plus tard, nous avons travaillé ensemble dans un court film d’animation qui était un film de propagande pour un parti démocratique de HK.
En 1999, j’ai travaillé comme directeur de la photographie dans Time and Tide de Tsui, puis Master Q 2001 a suivi. Quand je faisais le CG du film, je travaillais sur Legend of Zu comme directeur de la photographie. Au cours des deux dernières années, j’ai rejoins l’équipe de Era of the Vampires et Xanda comme directeur de la photographie
– Comment voyez-vous la nouvelle vague de films d’horreur ?
En réalité, je n’en ai aucune idée. Mais je pense que ce genre restera une partie du courant dominant. J’ai toujours de l’intérêt à faire des films d’horreur.
– Quels sont vos futurs projets ?
Je viens de terminer un film appelé Seventeen Years Buried avec une société chinoise. En août, je vais faire un film pour Universe. Le film est une comédie avec Jordan Chan et Candy Lo en vedette.
– Et pour finir, qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?
Merci d’avoir vu mes films, si vous les avez vus.
Nous remercions Herman Yau pour son amabilité et sa disponibilité.
Propos recueillis et traduits par Tavantzis Nicolas (Ryô Saeba), juillet 2003.