[Interview] Gary Daniels

Gary Daniels est né en 1964 en Angleterre. Après avoir joué quelques petits rôles à la télévision dans des série tv comme 2 Flics à Miami, Gary Daniels fit ses premiers pas au cinéma dans 2 films d’action philippins à petit budget.
Après ça, il rentre à Los Angeles où il commence sa carrière dans des films d’action à petit budget destinés au marché de la vidéo avant de tourner le film par lequel il reçu la reconnaissance des amateurs du cinéma de Hong Kong : City Hunter. Lui qui a toujours été passionné par ce cinéma a la chance de tourner avec son idole Jackie Chan. Il profitera d’un break de 3 semaines pendant le tournage pour jouer également un petit rôle dans Mission of Justice, dans une scène où il affronte la reine du girls with guns : Moon Lee.
Après ce cours passage à Hong Kong, Gary retourne au Etats Unis où il se construit une carrière et devient une star du direct to video. On a pu le voir dans des films comme Fist of the North Star, une adaptation live de Ken le survivant où encore Bloodmoon réalisé par Tony Leung Siu Hung et produit par Ng See Yuen.


– Comment avez vous débuté dans le milieu du cinéma ?

J’ai voulu faire du cinéma depuis l’âge de 8/9 ans. J’ai vu une bande annonce pour un film de Bruce Lee et j’ai immédiatement su que c’était ce que je voulais faire. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de travailler pour la télévision ou le cinéma en Angleterre, j’ai passé ma jeunesse à étudier les arts martiaux et à regarder toutes les sortes de films d’arts martiaux qui me passaient entre les mains. Je suis allé en Floride aux Etats Unis quand j’avais 20 ans et là bas j’ai fait des études de cinéma pendant environ 18 mois tout en faisant des publicités et des petits rôles à la télévision comme dans Miami Vice (2 flics à Miami). Je suis ensuite allé aux Philippines où j’ai eu le premier rôle dans 2 films d’action à petits budgets et fait beaucoup de publicités, ce fut pour moi une expérience très instructive. Je suis ensuite allé à Los Angeles où j’ai été engagé pour plusieurs films d’art martiaux à petits budgets et à partir de là, tout a suivi.


– Pouvez vous nous relater votre parcours martial et les styles que vous avez appris ?

J’ai commencé mon entraînement à l’âge de 8/9 ans avec une méthode appelé le « kung fu Mongolien », mon maître était très dur et m’a enseigné une méthode de combat de rue qui n’était pas très jolie à voir mais qui t’endurcit. J’aimais vraiment les attaques de pieds donc quand j’ai eu environ 13 ans je me suis mis au Tae Kwon Do. Après avoir gagné ma ceinture noire à 16 ans, je fus disqualifié de 3 tournois pour avoir mis mes adversaires K.O, j’ai donc décidé d’adopter le kick boxing et de me battre dans la P.K.A (Professional Karate Association ) et j’ai été entraîné par un professeur de boxe pendant 3 ans. Aux états Unis, j’ai étudié le Muay Thai, essayé le Taijutsu et l’Aikido pendant environ un an mais finalement j’ai rencontré mon sifu (maître) Winston Omega et j’ai étudié avec lui durant les 13-14 dernières années, son art est le Sillum Wong ka Kune.


– Comment avez-vous obtenu votre rôle dans City Hunter ?

J’ai envoyé mes bandes de démos à HK pendant des années, recevant des réponses polies, merci mais non merci. Quand finalement ma bande est allée à un des types de Jackie nommé Fong qui je crois était monteur et je suppose que je correspondais au rôle de Ken dans City Hunter.


– N’était-ce pas un rêve de jouer dans un film de Jackie Chan ? Quel genre de relation entreteniez vous avec lui ?

Oui c’était un rêve de travailler avec Jackie car j’étais un fan depuis que j’avais 12 ou 13 ans. Ce film est arrivé au commencement de ma carrière alors que je n’étais pas aussi expérimenté ; j’espère pouvoir de nouveau avoir cette chance. Mes rapports avec Jackie étaient professionnels, certains jours il était très heureux d’être là et parlait beaucoup de sa vie et de sa carrière mais d’autres jours, il pouvait être très fatigué et un peu distant. En fait, il tournait City Hunter le jour et faisait les scènes de nuit pour Crime story c’est la raison pour laquelle il pouvait être très fatigué.


– Ce fût difficile de vous adapter au rythme des chorégraphies de Hong Kong ?

Beaucoup de gens parlent du rythme des combats des films H.K. La plupart du temps, les mouvements sont conçus pour des cascadeurs chinois de petit gabarit qui n’ont jamais fait de musculation et sont donc beaucoup plus souples, par conséquent leur manière de se déplacer est très différente de celle des occidentaux de plus grande taille. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir eu beaucoup de problème d’adaptation mais je ne me déplacerai jamais de la même façon qu’un petit gars Chinois.


– Dans City Hunter vous avez une scène excellente dans laquelle vous jouez Ken de Street Fighter, pouvez vous nous en dire plus à propos de cette scène ?

Faire les scènes de Street Fighter était assez dur, le plateau ressemblait plutôt à un chantier de construction qu’à un plateau de cinéma, du fait de tous les équipements pour les cascades avec les câbles. J’ai été mis sur une machine qui me faisait tellement tourner que j’avais envie de vomir mais je ne pouvais pas les laisser voir ça. J’ai vu Ken Lo transporté hors du plateau très mal en point du fait d’être resté si longtemps suspendu aux câbles de façon si douloureuse. Nous tournions toute la nuit aussi, nous étions très fatigués, mais je ne me plaignais jamais car j’étais juste heureux d’être là. Ce combat s’est passé juste avant la fin du tournage, il y avais une atmosphère exceptionnelle sur le plateau pendant le tournage de cette scène. Nous avons vraiment beaucoup rigolé.


– J’ai entendu dire qu’il n’y avait pas de script sur le plateau et les dialogues vous étaient donnés juste avant de tourner. Dans ces conditions vous ne pouvez pas vraiment créer un background pour votre personnage. Vous pensez que c’est pour cette raison que les rôles des méchants joués par les étrangers sont si caricaturaux dans les films de Hong Kong ?

C’est vrai qu’il n’y avait pas de script, donc oui, le plus souvent vous jouez le stéréotype du méchant dans les films chinois. Le style de jeu des acteurs à HK est très différent de celui des Etats Unis. Ici « le moins est le mieux », tout est subtilité, sobriété, alors qu’à HK, spécialement dans un film comme City Hunter le jeu des acteurs est généralement « exagéré », plus visuel.


– Richard Norton était l’autre “gweilo” sur le plateau ; vous a-t-il donné des conseils ?

Richard ne m’a pas vraiment donné de conseils mais cela faisait du bien d’avoir quelqu’un avec l’expérience de Richard dans les parages. C’est vraiment un très chic type et je me rappelle après ma première scène dans le film où je faisais ma scène d’entraînement en solo, j’étais si éreinté du fait du nombre de prises que nous avions fait, contrairement aux U.S. Richard riait car je boitillais en sortant du plateau alors que j’y étais entré si enthousiaste. Après cette scène, je n’ai pas pu marcher correctement pendant 2 jours.


– Et qu’en est il de votre relation avec les autres membres de l’équipe ? Y a-t-il eu une barrière par rapport aux langages, considérant que vous parliez anglais et non le dialecte local, le Cantonais ?

Je m’entendais bien avec l’équipe et je suis devenu particulièrement ami avec le directeur de photographie Gigo Lee, nous sommes aujourd’hui encore de bons amis. Je m’entendais bien avec les cascadeurs et le metteur en scène Wong Jing, un homme très drôle. J’ai appris beaucoup de Cantonais pendant que j’étais là-bas et je pense que l’équipe HK respectait ça.


– Dans les prises ratées de City Hunter, on peut voir Jackie s’énerver car Richard Norton n’arrive pas à suivre le rythme de la chorégraphie du combat final et finalement Jackie utilisa une doublure pour ce combat. Vous en savez plus à ce propos ?

Je ne dirais pas que Jackie s’est mis en colère, peut être juste un peu frustré, il faut se rappeler comme je l’ai dit qu’il était souvent très fatigué. Richard est un bon acteur et artiste martial mais comme je l’ai dit, un type qui pèse plus de 90 kilos ne va pas pouvoir se déplacer comme un chinois de 70 kilos. Rappelez-vous que tout le monde est doublé à Hong Kong, y compris Jet Li et Jackie Chan, c’est leur façon de faire. Ils feront ce qu’il faut pour offrir le meilleur résultat à l’écran.


– Vous avez également fait un autre film à Hong Kong qui s’appelle Mission of Justice avec les 2 reines du girls with guns : Moon Lee et Yukari Oshima.
Pouvez vous nous en dire plus à propos de cette expérience ?

J’ai fait un combat dans ce film. Jackie s’était cassé la cheville sur le tournage de City Hunter, nous avons donc eu 3 semaines de pause. On m’a demandé si je voulais faire cette scène et j’étais ravi de pouvoir travailler avec Moon Lee. En fait, ce fut une erreur car nous tournions près de l’eau et ils voulaient que je saute d’une pile de canoës très instable d’environ 3 à 5 mètres de haut. Quand Je suis retombé en déséquilibre, je me suis foulé le talon et j’ai eu très mal. J’ai du voir un herboriste chinois pendant 3 semaines pour essayer de guérir mon pied avant la reprise du tournage de C.H. Ce n’était pas très malin !


– Pourquoi n’avez vous pas continué de faire des films à Hong Kong après ça ? Est-ce parce que les rôles offerts aux étrangers n’étaient pas bons ?

Effectivement, les rôles pour les occidentaux dans les films H.K sont toujours sensiblement les mêmes et ils ne payent pas tellement bien. J’ai été chanceux sur City Hunter mais habituellement ils préfèrent faire appel à quelqu’un du coin juste pour venir et se battre plutôt que de payer un billet d’avion, l’hôtel et les frais de séjours d’un étranger. Franchement, j’aimerais encore retourner et travailler à H.K ou en Chine. Espérons que cela se fera.


– Comment voyez vous l’action à Hong Kong comparé avec l’action au Etats Unis ? Avez-vous essayé d’utiliser ce que vous avez appris à Hong Kong dans vos films US ?

Bien sur, j’adore les films d’action HK, j’aime la manière dont ils tournent leurs scènes d’action. Ils sont si avancés dans leurs pensées, leurs chorégraphies et leurs manières de filmer. Mais cela prend du temps de tourner de cette manière et dans les plus petits films d’action aux USA, nous ne nous donnons pas ce luxe du temps. A HK, ils peuvent prendre 2 à 3 semaines pour un combat alors qu’aux US nous prenons 3 à 6 heures ! J’ai essayé de le faire à la manière HK mais vous avez besoin d’une équipe sur la même longueur d’onde et si le réalisateur ne comprend pas votre vision des choses, vous n’arriverez pas au résultat escompté. A H.K, un chorégraphe prendra la direction du plateau au moment des combats et le réalisateur peut même ne pas être sur le plateau mais ça n’arrivera jamais au Etats Unis.


– En 1995 vous jouer Kenshiro dans le film “Fist of the North Star” qui est en fait une adaptation du manga : Hokuto no Ken (Ken le Survivant). Connaissiez-vous le manga avant de tourner le film ? Et comment avez vous préparé votre rôle ?

Oui, je connaissais le film d’animation avant que l’on me propose le rôle de Kenshiro. C’est difficile de donner vie à un personnage de manga. J’ai personnellement modifié mon entraînement pour augmenter mes muscles afin d’essayer de ressembler plus à l’animé et j’ai lu 2 volumes du manga. Plus récemment, j’ai regardé toutes les séries animés et j’aurais voulu les avoir vu avant le tournage pour pouvoir mieux cerner son personnage.


– Quels sont vos films HK préférés ?

Oh là, là, il y en a tellement. Je suis un grand fan des premiers films de kung fu « old school » avant qu’ils n’utilisent les caméras en accéléré et les câbles. J’aime bien le 1er Drunken Master (Le Maître Chinois), Fearless Hyena (La Hyène Intrépide), Snake in the Eagles Shadow (Le Chinois se Déchaîne), Young Master (La Danse du Lion). J’aimais bien aussi Prodigal Son et Warriors Two. Tous les films avec Tam Tao Liang et Hwang Jang Lee, 2 kickers incroyables. Eastern Condors était un autre de mes films favoris. J’aime bien les films de John Woo comme Hard Boiled (A Toute Epreuve), A Better Tomorrow (Le Syndicat du Crime), The Killer et Bullet in the Head (Une Balle dans la Tête), ces 4 films font partie des meilleures interprétations que j’ai vu dans les films H.K. J’ai apprécié Fist of Legend et plus récemment So Close. Comment puis-je oublier Fong Sai Yuk. Il y en a encore beaucoup mais je ne peux pas tous les énumérer.


– Quel sont vos prochains projets ?

Les choses se sont calmées pour moi, je viens de finir un film de science fiction / action avec Dolph Lundgren et j’ai quelques scripts à lire.


– Et pour finir, qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

Je voudrais juste dire merci aux lecteurs qui ont regardé mes films et m’ont soutenu au cours des années.


Nous Remercions Gary Daniels pour son amabilité et sa disponibilité.

Propos recueillis et traduits par Tavantzis Nicolas (Ryô Saeba), Avril 2004.

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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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