[Hommage à Ogata Ken] Kichiku, de Nomura Yoshitaro (1978)

Titre : きちく , Kichiku, aka The Demon, aka L’été des démons
Année : 1978
Origine : Japon
Genre :
au bonheur des drames
Réalisateur :
Nomura Yoshitaro

Acteurs : Ogata Ken, Iwashita Shima, Ogawa Mayumi, Iwase Hiroki, Esumi Hideaki, Hamamura Jun, Hozumi Takanobu, Kanie Keizo, Kato Yoshi, Ôtake Shinobu, Otaki Hideji, Suzuki Mizuho, Tanaka Kunie, Yamatani Hatsuo

Synopsis : Un soir, Sokichi voit débarquer chez lui sa maitresse accompagnée de leurs trois jeunes enfants… Oume, son épouse, piquera une colère noire. Le jour suivant, la maitresse de Sokichi disparaitra sans prévenir, laissant à son amant et à sa femme la responsabilité des enfants. Oume se surprendra alors à pouvoir faire preuve d’une cruauté qu’elle n’avait jamais soupçonnée…

Avis d’Oli : Sokichi a caché à sa femme, durant plus de sept ans, qu’il avait eu trois enfants avec une maitresse. Oume, l’épouse bafouée déjà meurtrie par le fait qu’elle n’a jamais pu donner un héritier à son mari, perdra alors quelque peu pied avec la réalité, poussant son mari, très faible, aux pires atrocités.

KICHIKU est en effet un film d’une rare cruauté. La violence psychologique que subissent Sokichi (meurtri), sa femme (qui est à plaindre) et surtout les enfants, ira très loin. Abandonnés par leur mère, les trois enfants vont donc devoir vivre avec leur père et sa femme (qui n’en veut bien évidemment pas). Cette dernière, poussée à bout par la découverte de cette maitresse mais aussi par la banqueroute annoncée de l’imprimerie familiale, cherchera alors à se débarrasser de cette encombrante progéniture…avant de convaincre son mari de l’aider dans cette bouleversante entreprise…

 

 

 

 

 

 

Le plus incroyable, dans ce film d’une richesse inouïe, vient du profil des personnages. Malgré leurs défauts, malgré les actes insensés dont ils se rendent parfois coupables, le réalisateur parvient tout de même à leur insuffler un souffle certain d’humanité. Et on ne peut s’empêcher de les plaindre à un moment ou  à un autre… Ainsi et bien qu’indéfendable, Sokichi est parfois touchant en raison de sa faiblesse maladive. Quant à Oume, son épouse, elle se laissera aller au pire, après avoir affronté la triste réalité de la double vie de son mari. Comme si ce traumatisme lui avait fait perdre le sens des réalités. Si le film parvient à faire passer autant d’émotions troubles au spectateur, c’est donc en raison de ces personnages fictifs intelligemment écrits, mais aussi en raison des acteurs, ici en état de grâce.

Iwashita Shima est exceptionnelle dans son rôle d’épouse au bord du gouffre, qui tente de maintenir à flot l’entreprise familiale tout en mettant de coté son humanité…pour mieux manipuler psychologiquement son mari. Déjà si faible. Déjà un peu mort, quelque part à l’intérieur. Ogata Ken, plusieurs fois récompensé pour son interprétation, parvient à dégager une détresse insoupçonnable quand on sait de quoi il se rendra coupable. Jusqu’à la scène finale, bouleversante.

Un grand film, dont l’histoire (un roman de Matsumoto Seichô) sera notamment repris par la télévision, avec Kitano Takeshi dans le rôle principal.

 

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Auteur : Oli

Amateur de cinéma japonais mais de cinéma avant tout, de Robert Aldrich en passant par Hitchcock, Tsukamoto, Eastwood, Sam Firstenberg, Misumi, Ozu, Claude Lelouch, Kubrick, Oshii Mamoru, Sergio Leone ou encore Ringo Lam (un intrus s'est glissé dans cette liste, sauras-tu mettre la main dessus - attention il y a un piège).
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