Une série de crimes abominables dans la ville de New York conduisent le docteur Peter Chandler et la belle docteur Laurie Ridgeway avec d’autres membres d’une expédition à l’île de Kito, le dieu cannibale, perdue dans l’archipel des Moluques et sont rapidement confrontés à des cannibales, puis à des zombies créés par le sinistre Docteur O’Brien.
Avis de John Roch :
A ma gauche : Cannibal Holocaust, film de cannibale ultime qui aura en son temps fait scandale jusqu’à emmener Rugero Deodato se justifier du contenu de son métrage (et prouver que les acteurs n’étaient pas les stars d’un snuff movie) devant la justice Italienne. A ma droite : l’Enfer des zombies, Zombi 2 en Italie, réalisé par Lucio Fulci, fausse suite du Zombie de Romero qui a toutefois su se démarquer de son modèle pour proposer une vision du mort vivant à la fois moderne tout en la rattachant aux racines du mythe du zombie. Deux films qui cartonnent là où ils ne sont pas interdits, interdictions qui ne rendront que plus curieux les amateurs qui se rueront dans les salles une fois les métrages autorisés à sortir. Cannibalsploitation et zombiespolitation, deux sous-genres que l’Italie va user jusqu’à la moelle tant que cela rapporte de l’argent. Producteur heureux de l’Enfer des Zombies, Fabrizio de Angelis a touché à tous les genres du Bis Rital, du Zombie (Zombi 2 donc) post-nuke (les guerriers du Bronx, qui a révéler au monde Mark Gregory) en passant par le sous-dents de la mer (Killer Crocodile), le sous-Rambo (Tonnerre, Toujours avec Mark Gregory), et même le film de tatane (la saga des Karaté Warrior) mais n’a pourtant mis des billes qu’une fois dans un film de cannibales, en tentant un coup : mélanger les cannibales et les zombies, jusqu’au titre : Zombie Holocaust, également connu en France sous le nom de la Terreur des Zombies, ou Carnage, ou Anthropophage Holocaust. Un film purement mercantile, qui ne surfe pas sur une, mais deux vagues en même temps, histoire de donner aux spectateurs de l’époque ce qu’ils voulaient en une séance, pour le meilleur et pour le pire, surtout le pire.
Pour combiner cannibales et zombies Fabrizio de Angelis, producteur mais aussi scénariste, ne va pas se fatiguer car grosso modo, le scénario de Zombie Holocaust, c’est à peu près celui de l’Enfer des Zombies remanié pour que les deux figures du Bis transalpin puissent être justifiées, en résulte une histoire incroyablement débile : des morceaux de cadavres sont découpés puis volés dans un hôpital universitaire. Pris en flagrant délit, le coupable se suicide en se jetant par la fenêtre. Fin d’une histoire qui aurait fini dans les faits divers ? Et bien non, l’étudiant en médecine responsable du découpage de corps faisait partie d’une tribu cannibale, il n’en faut pas plus pour qu’un groupe d’anthropologues et de journalistes ne parte en expédition sur une île du sud-ouest de l’Asie. Sur place, ils sont accueillis d’un côté par le docteur O’Brien, un savant fou à la tête d’une armée (5 à tout casser) de zombies, et de l’autre par une tribu cannibale qui a les crocs. En surface, l’histoire ne parait pas plus conne qu’un autre film du genre, et pourtant en y plongeant un minimum, elle l’est. Rien ne tient debout ou n’a de sens dans Zombie Holocaust : un étudiant en médecine qui vu son âge semble être à la fin de son doctorat issu d’une tribu primitive isolée de tout ; un scientifique qui a sa maison sur une île et son labo sur une autre (justifié par un twist qui n’en est pas un) ; des cannibales qui font New York – les îles sud Asiatique aller-retour pour faire des études, casser la croute, ou cambrioler l’héroïne du film qui deviendra malgré elle la déesse des cannibales lorsque le scénario se souvient de la sous intrigue qu’il a mis en place en début de métrage qui disparait pendant une bonne heure ; cannibales toujours, le point de départ du film est la présence et les méfaits de ceux-ci dans la civilisation moderne mais les héros décident de partir en expédition alors que sur place l’enquête aurait été plus pertinente vu la direction que prend l’intrigue à ses débuts, et la petite cerise sur le gâteau, on apprend au détour d’un dialogue qu’ils sont excités sexuellement par le cuir chevelu fraichement scalpé… Bref, Zombie Holocaust n’arrive pas à raconter une histoire un minimum crédible, quand il ne pompe pas dans les grandes lignes L’Enfer des Zombies, en plus d’en reprendre deux acteurs (Ian McCulloch et Dakkar) histoire que des plans entiers repiqués au film de Fulci fassent un minimum illusion.
Mais dans ce genre de film, l’histoire, toute aussi débile soit-elle, est finalement secondaire, car devant un film qui se nomme Zombie Holocaust, ce que veut le spectateur c’est des cannibales, des zombies, et du gore. De ce côté, c’est partiellement réussi. Partiellement car au final, Zombie Holocaust ne tient pas ses promesses sur la rencontre entre les cannibales et les zombies, ces derniers sont d’ailleurs relayés au second plan. Un peu trop puisqu’outre le fait qu’il faudra patienter une bonne heure avant d’en apercevoir un, ceux-ci n’apparaissent qu’une petite poignée de minutes sans bouffer qui que ce soit, en plus d’avoir des maquillages parmi les plus moisis jamais vu sur un écran. Coté gore en revanche on est servis : énucléations, membres sectionnés, scènes de banquets cannibales, tripailles extirpées, les moments gores sont nombreux et crades, que le réalisateur cadre en gros plan, histoire de ne pas perdre une miette. Les effets spéciaux sont la plupart du temps foirés (le mannequin qui perd un bras après sa chute à l’origine d’un faux raccord incroyable ; des prothèses visibles même sur une copie basse résolution délavée ; les viscères achetées chez le boucher du coin mal dissimulés sous les habits des victimes), mais font quelques fois illusions (la tête du zombie éclatée par un moteur de bateau) et sont renforcés par des bruitages aussi irréalistes que cra-cra. Du gore qui rehausse la qualité de Zombie Holocaust et qui permet de ne pas passer un moment trop désagréable, d’autant plus que le métrage est assez bien rythmé et court, mais qui ne suffit pas pour faire oublier tout le reste. L’histoire donc, mais aussi des acteurs qui semblent tous se faire chier, mention spéciale à Ian McCulloch qui nous avait habitué à plus expressif, et à Alexandra Delli Colli qui fait la gueule (mais vraiment, elle tire une tronche de fin du monde pas possible) tout au long du film peu importe la situation dans laquelle elle se trouve, que ce soit dans les moments calmes, de panique, ou un peu plus colorés à l’image de ce moment impayable ou toute nue elle se fait peindre des fleurs sur le corps (oui, nous avons ici des cannibales hippies, ça change). Le reste du casting n’est pas en reste, tous les acteurs sont tous aussi mauvais les uns que les autres, jouent leurs rôles sans aucune envie ni conviction (ce gars qui se fait égorger et étriper sans aucune réaction, qui cligne des yeux en attendant que ça se passe). Concernant la réalisation, Fabrizio de Angelis fait appel comme il l’a fait pour l’Enfer des Zombies à un réalisateur qui a touché à peu près à tous les genres capable de boucler un film pour pas cher et rapidement. Mais à la différence d’un Lucio Fulci, qui lui s’est découvert un certain talent pour le cinéma horrifique, Marino Girolami, planqué sous le pseudo de Franck Martin, dont c’est le seul film d’horreur et l’un de ses derniers film tout court, peine à mettre en image Zombie Holocaust. En ressort une mise en scène fade et sans aucune idée qui aurait pu insuffler un minimum de suspens et d’énergie à un film qui en aurait eu besoin.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des cannibales et des zombies dans le même film ♥ Quelques moments poilants il faut le reconnaitre ♥ Du gore qui tache ♥ C’est rythmé et court |
⊗ Une mise en scène fade ⊗ Une histoire très débile qui n’a aucun sens ⊗ Au final, en plus d’ être peu présents, les zombies ne servent à rien ⊗ Des acteurs qui font le minimum, quand ils ne font pas la gueule ⊗ Des effets spéciaux par instants bien foirés |
Prenez l’Enfer des Zombies, remplacez les zombies par des cannibales, remettez des zombies et vous obtenez Zombie Holocaust. Un film foireux, de la réalisation au scénario en passant par les acteurs. Reste les scènes gores, nombreuses et crades, qui permettent de ne pas passer un moment trop désagréable. A réserver aux amateurs de tripailles, de cannibales et de Bis Italien. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film est sorti aux USA sous le nom Docteur Butcher M.D. Cette version est non seulement coupée, mais contient également une introduction alternative, en fait un bout de film inachevé.
• Marino Girolami est le père de Enzo G. Castellari .
• La plupart des musiques entendues dans le film sont issues de Emmanuelle Chez les Cannibales.
Titre : Zombie Holocaust / La terreur des zombies / La Regina Dei Cannibali / Docteur Butcher M.D
Année : 1980
Durée : 1h24
Origine : Italie
Genre : Zombie Holowcost
Réalisateur : Marino Girolami
Scénario : Romano Scandariato et Fabrizio De Angelis
Acteurs : Ian McCulloch, Alexandra Delli Colli, Sherry Buchanan, Peter O’Neal, Donald O’Brien, Dakar, Walter Patriarca