La vie parfaite en apparence de Catherine est bouleversée lorsqu’elle découvre que son mari cache un sombre secret qui la pousse à l’inimaginable: le meurtre.
Avis de Cherycok :
Premier et unique film, à l’heure où j’écris ces lignes, de Stephanie Zari qui n’avait jusque-là que des courts-métrages à son actif, Zebra Girl est l’adaptation de la pièce de théâtre anglaise saluée par la critique Catherine and Anita (2017). C’est le genre de film dont il est difficile de parler dans un texte de peur d’en dévoiler trop pour les potentiels futurs spectateurs. Alors on va essayer d’en parler malgré tout, sans trop spoiler, en essayant de garder un minimum de mystère sur ce qui est au final une jolie petite surprise. Pas le film du siècle, mais néanmoins un bon moment de cinéma, bien que « bon » ne soit pas réellement le bon terme tant l’expérience que Zebra Girl propose est loin d’être confortable et l’ambiance de paranoïa qui y règne pourra mettre certains spectateurs mal à l’aise. Surtout que la narration est l’œuvre du personnage principal, traumatisé, épouse parfaite en apparence mais à l’esprit torturé, envahi par la folie. Mais en tout cas, merci au Basque Meca pour la découverte (il se reconnaitra s’il lit ces lignes).
Catherine est le personnage central de ce thriller horrifique. C’est une femme compliquée, à cause d’un passé compliqué. Aujourd’hui elle semble aller mieux. Elle met des pulls roses, se maquille, se met du vernis à ongles, mais ses bizarreries sont toujours là. Elle maitrise ses démons mais c’est un combat de tous les jours. Elle a du mal à faire confiance aux gens, et elle est tellement obnubilée par l’honnêteté que ça en devient déstabilisant pour qui partage sa vie. Jusqu’au jour où ces démons reprennent le dessus et où elle tue son mari d’un coup de couteau dans la tête car elle le soupçonne de regarder de la pédopornographie. Elle fait appel à Anita, sa meilleure amie qu’elle n’avait pas vue depuis cinq ans car elle a besoin de son appui. Anita va rassembler tout ce dont Catherine a besoin sans trop éveiller les soupçons : des sacs poubelle, des produits de nettoyage, diverses bâches, et une scie. La narration de Zebra Girl n’est pas du tout linéaire, avec plein de retours dans le temps pour par exemple expliquer comment Catherine a rencontré Dan, comment leur relation a évolué, pour expliquer la jeunesse de Catherine, … Petit à petit, les pièces du puzzle vont s’assembler et nous permettre d’en savoir plus sur la psychologie et la pathologie du personnage principal (pourquoi cette araignée, pourquoi le zèbre du titre, …). Le déroulement du scénario est extrêmement précis et tout s’emboite à merveille. Les indices nous sont divulgués petit à petit, de façon intelligente, avec des scènes qui sont continuellement interrompues par de nouveaux souvenirs ou évènements. Un peu comme dans l’esprit de Catherine où les souvenirs sont mélangés, où la tristesse pesante des évènements passés ne quitte jamais le personnage. Car l’histoire que Catherine vivait avec Dan était pourtant belle si on enlève la maladie de l’équation. Ils s’aimaient tous les deux, mais malheureusement le poids du passé était trop lourd pour l’esprit fragile de Catherine et elle a commis l’irréparable, se rendant compte trop tard qu’elle avait peut-être commis une erreur et mis un terme à son bonheur ?
La première moitié du film est presque un pastiche de film d’horreur, avec un sens aigu du ridicule et des dialogues conçus spécialement pour amener de l’humour noir. Dans la seconde moitié, le film change de ton en abordant des sujets bien plus sérieux et dérangeants tels que la maladie mentale ou la maltraitante sexuelle sur des enfants. Là, Zebra Girl devient plus sinistre, plus menaçant, en laissant place à la psychose et une ambiance presque poisseuse. La durée extrêmement courte du film (1h19 génériques compris) permet à Zebra Girl de ne jamais ennuyer grâce à un sens du rythme et de la mise en images qui sont à souligner. La caméra est nerveuse et fait partie intégrante de cette ambiance malaisante qui s’est instaurée petit à petit, reflétant l’état mental du protagoniste principal. Sarah Roy, qui interprète Catherine, porte le film sur ses épaules et sa performance est assez impressionnante arrivant en une fraction de seconde à passer de la fragilité à la folie. Elle donne tout ce qu’elle a (elle interprétait déjà le rôle dans la pièce de théâtre originale) et le résultat est souvent assez bluffant. Cette folie est d’ailleurs appuyée par des bruitages (des murmures, des sons étranges) et la bande originale (excellente utilisation de la comptine pour enfants L’Araignée Gipsy) qui créent une ambiance pesante. Zebra Girl perd malgré tout quelques points en omettant certains détails qui auraient eu leur importance. Un vrai oubli ? Le manque de budget qui a forcé à faire un film très court ? Aucune idée. Mais par exemple, il aurait été judicieux d’expliquer un peu mieux la relation que Catherine avait avec sa mère (pourquoi elle ne l’a pas aidée ?) ou de s’attarder un poil plus sur le basculement dans la relation de Catherine et Dan. Mais qu’importe, Zebra Girl s’en sort avec les honneurs et c’est déjà très bien.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le casting ♥ Très bien mis en scène ♥ L’ambiance pesante ♥ La bande son |
⊗ Manque parfois de développement. |
Zebra Girl est un thriller horrifique mâtiné d’humour noir qui déroule brillamment son scénario. Bien que son manque de budget et sa courte durée l’empêchent de se développer complètement, il s’en sort avec les honneurs. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film est sorti depuis près de 2 ans en Angleterre, il reste encore inédit chez nous à l’heure où j’écris ces lignes (06/2023).
Titre : Zebra Girl
Année : 2021
Durée : 1h19
Origine : Angleterre
Genre : Le zèbre tueur
Réalisateur : Stephanie Zari
Scénario : Derek Ahonen, Sarah Roy, Stephanie Zari
Acteurs : Sarah Roy, Tom Cullen, Jade Anouka, Anna Wilson-Jones, Isabelle Connolly, Moyo Akandé, Angela Yeoh, Henry Douthwaite, Daisy Mayer, Tega Oduko