Ichi décide d’aller rendre visite à son ancien professeur Hikonoichi. Mais en arrivant sur place, il apprend que ce dernier a été sauvagement assassiné et que sa fille est retenue prisonnière dans un bordel. Le masseur va mener son enquête et découvrir que le chef de gang local oblige les jeunes filles à se prostituer pour rembourser les dettes de leurs parents. Des pratiques insoutenables qui, ajoutées au désir de vengeance, vont pousser à bout le héros aveugle : nombreux sont ceux qui ne finiront pas la nuit en un seul morceau.
Avis de Kwaidan :
Après un neuvième épisode assez « gentil » où deux gamins débrouillards venaient prêter main forte à Ichi pour secourir une jeune fille en détresse, ZATOICHI’S REVENGE nous plonge dans une aventure beaucoup plus sombre et violente rappelant que, malgré quelques concessions, la popularité de la série n’est pas prête de la faire tomber dans le conte pour enfants.
Le sujet du film, des jeunes filles forcées de se prostituer pour rembourser des dettes, est particulièrement grave et Akira Inoue bien décidé à ne rien cacher des traitements que le chef de gang réserve à ses « pensionnaires ». Une scène particulièrement dure montre une jeune fille vierge se refusant à l’intendant corrompu recevoir une sévère punition de la part de la maîtresse des lieux. On ne voit pas explicitement les coups qui lui sont infligés mais les sons suffisent à faire deviner leur violence et le désespoir de la victime. Le film ne s’arrête pas là en montrant une fille se faire copieusement tabasser par trois hommes de main sadiques dans une séquence suffisamment insistante pour créer le malaise. Le réalisateur rend également le flash-back sur l’assassinat sauvage de Hikonoichi particulièrement intense en le filmant du point de vue du tueur, permettant au spectateur d’être aux premières loges pour assister à l’agonie du vieil homme. Le noir et blanc et la caméra tremblotante renforce encore plus l’impact de cette scène choc en lui donnant un côté brut, quasi-documentaire.
Le final de ZATOICHI’S REVENGE est à ranger dans les annales de la série. Haineux, poussé à bout par les agissements du chef de gang et de l’intendant corrompu, le masseur aveugle passe à l’attaque avec le désir de faire payer aux deux hommes tout le mal qu’ils ont semé. Ichi s’improvisera juge dans une séquence où il met ses ennemis face à leurs méfaits et surtout bourreau. Un bourreau qu’une armée de yakuzas déchaînés ne pourra empêcher de faire son office devant celles qui ont si longtemps souffert. Le combat est splendide et montre Ichi, incarnation quasi-surnaturelle de la mort et de la vengeance, se frayer un chemin dans une forêt d’adversaires qu’il élague froidement pour rattraper et torturer ses deux cibles terrifiées. Inoue adopte à nouveau le style reportage et nous plonge au cœur de l’action, comme si l’on se trouvait juste derrière le masseur aveugle, dans une séquence ahurissante. Pour dire le degré de fureur qui se dégage de ce final, on voit Ichi combattre avec sa canne épée dans une main et un sabre (tenu normalement) dans l’autre histoire de faire plus de dégâts, ce qui permet également d’apprécier de nouvelles chorégraphies toujours aussi spectaculaires.
L’humour n’a cependant pas été totalement oublié, notamment durant l’incontournable scène de la maison de jeu et le final dont la violence sèche est légèrement compensée par les facéties d’un ancien homme de main passé dans le camp d’Ichi depuis que son chef lui a demandé de lui « confier » sa petite fille chérie pour rembourser ses dettes. Figure tragique durant la majeure partie du film, ce personnage de veuf se change de façon surprenante en « sidekick » gaffeur et adepte de la blague bien grasse. Il faut le voir lorsque, encerclé par des adversaires, il tente maladroitement d’imiter le style de combat du masseur et finit par s’en sortir par de gros coups de bol et des ruses très amusantes.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Noir et violent ♥ Un final mémorable plein de fureur ♥ Les combats ♥ La mise en scène |
⊗ … |
Toujours parsemée de combats spectaculaires, de plans magnifiques (ceux d’Ichi dans la brume sont particulièrement esthétiques), de répliques qui tuent (« vous n’avez qu’une vie, vous auriez du mieux en prendre soin ») et de petits moments légers et savoureux (l’introduction dans laquelle Ichi parle au soleil), cette aventure est une fois de plus une belle réussite. Pour une série qui en est à son 10ème volet, on rentre dans le domaine de l’exploit. |
Titre : Zatoichi’s Revenge / Zatoichi 10 / 座頭市二段斬り
Année : 1965
Durée : 1h24
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisateur : Akira Inoue
Scénario : Minoru Inuzuka
Acteurs : Shintaro Katsu, Norihei Miki, Mikiko Tsubouchi, Takeshi Kato, Fujio Harumoto, Sachiko Kobayashi, Sonosuke Sawamura, Gen Kimura