[Film] Zatoichi’s Flashing Sword, de Kazuo Ikehiro (1964)


Ichi reçoit une balle dans le dos. Il est secouru par des paysans et apprend qu’une jeune femme, Kuni, a payé le médecin local pour qu’il soigne sa blessure. Désireux de rembourser sa dette, le masseur aveugle se lance à sa recherche et la retrouve chez son père, un chef de gang très humain et généreux qui l’invite à séjourner dans sa demeure. Mais le répit n’est que de courte durée lorsque le chef du gang adverse, voulant contrôler le passage de la rivière, cherche par tous les moyens à déclencher une guerre afin d’exterminer les sauveurs du héros. C’est sans compter sur Zatoichi, bien décidé à défendre ses nouveaux amis.


Avis de Kwaidan :
La saga du masseur aveugle se poursuit, et les grands films s’enchaînent. Après avoir signé un sixième épisode légèrement décevant par rapport à ses glorieux prédécesseurs, Kazuo Ikehiro rattrape magistralement le coup avec cet excellent ZATOICHI’S FLASHING SWORD, un septième volet très orienté personnages et comédie.

Le masseur aveugle joue essentiellement un rôle d’observateur dans cette histoire et ne passera réellement à l’action que dans le dernier quart d’heure. Après l’avoir quitté en piteux état à la fin de ZATOICHI AND THE CHEST OF GOLD, on retrouve Ichi atteint d’une balle dans le dos et sauvé grâce à la fille d’un chef de gang. Un homme généreux qui ne demande jamais au héros de combattre pour lui, d’autant qu’il ne cherche pas le conflit avec ses rivaux. Personne n’utilise donc la bonne action de la jeune Kuni pour obliger le masseur à plonger dans un tourbillon de violence et c’est uniquement son sens aigu de l’honneur et de l’amitié qui pousseront Ichi à se mêler des affaires des deux gangs et pardonner à celui qui a essayé de le tuer au point de le sauver d’une mort certaine.

Si ce volet contient relativement peu d’action, les deux gros combats qui le ponctuent sont particulièrement réussis et inventifs. La façon dont Ichi va essayer de régler les problèmes de ses bienfaiteurs est l’illustration d’un de ses grands principes : ne jamais attaquer en premier. Le masseur va tout tenter pour éviter de sortir son sabre et en particulier jouer à nouveau au jeu de l’intimidation en s’appuyant sur sa redoutable réputation. Des tentatives qui s’avéreront bien sûr des échecs, ne laissant plus d’autre choix au héros que de mener un dernier assaut vengeur contre le gang rival. Un final assez original où Ichi va infiltrer discrètement la demeure et piéger ses adversaires par petits groupes. Il attendra dans la mesure du possible qu’ils se jettent sur lui afin de respecter son principe de légitime défense même s’il n’hésite pas à le contourner pour leur tomber dessus par surprise à plusieurs reprises. D’où des scènes monstrueusement jouissives, comme lorsque le masseur plonge la maison dans le noir complet (n’oublions pas, « darkness is his ally »), se réfugie dans une pièce et dit aux yakuzas terrifiés de venir le trouver s’ils souhaitent y passer, et visuellement superbes lors de ce combat filmé en plongé dans un couloir à ciel ouvert alors qu’éclate le feu d’artifice. L’autre grosse scène d’action consiste en un assaut sous-marin : Ichi, encerclé par des mercenaires à ses trousses alors qu’il se baignait dans une rivière, plonge et éventre un par un ses assaillants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Un nouveau moment d’anthologie à mettre sur le compte de la série.

Ce septième Zatoichi met énormément l’accent sur la comédie dès sa géniale séquence d’ouverture qui place le spectateur dans la peau d’une mouche virevoltant autour du masseur en pleine sieste et qui finit par l’agacer au point de se faire sabrer. On retiendra également l’hilarante scène où Ichi paye une tournée générale de sucettes à ce qu’il croit être un groupe de deux ou trois enfants mais qui se révèle être composé d’une quinzaine de garnements ou sa façon de remercier le chef de gang rival pour l’avoir traité de mauvais masseur et lui avoir donné un repas dégueulasse en guise de salaire. Des scènes parmi tant d’autres qui permettent d’apprécier l’immense talent comique de Katsu Shin. Le film devient aussi drôle que touchant à travers l’amitié qui unit le héros aveugle à un artificier sourd comme un pot (« il est sourd, je suis aveugle, il risque d’y avoir un problème »). Voir le masseur décrire au vieil homme combien sa nouvelle fusée sera belle ou expliquer à Kuni que son handicap ne l’empêche pas d’accompagner les bruits du feu d’artifice par des gerbes de couleurs imaginaires sont des instants extrêmement émouvants.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des combats rares mais inventifs
♥ Un final original
♥ Des moments jouissifs
♥ La photographie
⊗ …

ZATOICHI 7 se place parmi les meilleurs épisodes de la longue série. Un scénario simple, direct, efficace pour une aventure drôle, esthétiquement superbe et parfois assez sanglante. Il faut noter que ce film semble avoir particulièrement plu à Shintaro Katsu puisqu’il réutilisera deux séquences marquantes, le gag du trou et la bougie au bout du sabre, dans son ZATOICHI 1989.



Titre : Zatoichi’s Flashing Sword / Zatoichi 7 / 座頭市あばれ凧
Année : 1964
Durée : 1h22
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisateur : Kazuo Ikehiro
Scénario : Shozaburo Asai, Minoru Inuzuka

Acteurs : Shintaro Katsu, Naoko Kubo, Mayumi Nagisa, Takashi Edajima, Tatsuo Endô, Yutaka Nakamura, Bokuzen Hidari, Ryosuke Kagawa, Ikuko Mori

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Auteur : Kwaidan

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