La tête d’Ichi est mise à prix par des yakuzas. Tout en essayant de sauver sa peau, le masseur aveugle va faire en sorte que deux amoureux appartenant à des gangs rivaux puissent s’aimer librement. Mais la prime de plus en plus importante attire bientôt un samouraï dont les talents mortels pourraient bien annoncer la fin du désormais légendaire Zatoichi.
Avis de Kwaidan :
Après un troisième épisode axé sur les personnages qui levait le voile sur l’origine des talents de sabreur du masseur aveugle, cette quatrième aventure de Zatoichi est plus volontiers placée sous le signe de l’action.
Au programme, on trouve donc, entre autres, une introduction ultra jouissive qui nous montre qu’Ichi est, même privé de sa fameuse canne épée, un redoutable lutteur et un final qui se place, à ce stade, comme le plus spectaculaire de la série. Un moment d’autant plus marquant que, cette fois, le masseur aveugle ne massacre pas une multitude d’adversaires uniquement en état de légitime défense mais fonce furieusement dans le tas avec la volonté de donner la mort. On découvre un Ichi enragé, plus que jamais poussé à bout par le désir de vengeance: une facette du personnage qui n’avait jusqu’alors jamais été aussi explicitement présentée. Le dernier quart d’heure est particulièrement intense et, même si l’on sait pertinemment qu’Ichi va s’en sortir (vu qu’il en reste 22, il y aurait intérêt…), on ne peut s’empêcher de retenir son souffle, notamment lors du duel contre le samouraï qui est sans doute l’adversaire le plus redoutable rencontré depuis le début de la série. Magnifiquement chorégraphiée et mise en images, cette séquence est un morceau de bravoure à classer dans les annales de la saga.
Mais dans ce déluge de coups de sabres, les personnages n’ont pas pour autant été oubliés et l’on retrouve tous les ingrédients classiques d’un Zatoichi : amours impossibles, vengeance, trahison, bravoure…tout y est pour que le héros se retrouve de nouveau au centre d’une grande tragédie. Le lien avec les trois premiers opus est encore entretenu par le retour de Tane, une femme dont Ichi est éperdument amoureux depuis le premier épisode et qui est aujourd’hui la compagne du rônin. THE FUGITIVE donne une vision très pessimiste de l’humanité. En dehors de la jeune Nobu, d’Ichi et de la vieille femme, pour qui l’honneur et la loyauté signifient encore quelque chose, tous les autres personnages sont des lâches, des traîtres avides d’argent et de pouvoir. L’ultime dialogue entre Ichi et le samouraï est à ce titre des plus poignants et montre le masseur s’efforcer de rester aveugle face à l’effondrement d’un de ses idéaux de pureté et d’innocence, refusant ainsi de reconnaître que le monde est encore plus sombre qu’il ne le pensait.
Même si Ichi termine l’aventure moralement blessé, cela n’empêche pas un happy-end en décalage avec la noirceur de ce qui précède mais qui nous rappelle avant tout la philosophie du héros : se souvenir des belles choses, apprécier la vie, la nature et ne jamais manquer l’occasion de saisir les petits bonheurs qu’elles nous proposent. C’est ce qui lui permet d’aller de l’avant, de survivre dans le monde menaçant qui l’entoure. Et c’est surtout ce qui le rend si attachant. Après le tour de chant de ZATOICHI 3, Shintaro Katsu nous fait la démonstration de ses talents de danseur au rythme des tambours. Une scène très amusante qui n’est pas sans rappeler le final musical que Kitano orchestrera dans son prolongement du mythe, près de quarante ans plus tard.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ L’introduction et la fin intenses ♥ Les personnages ♥ Les thématiques abordées ♥ La noirceur de l’ensemble |
⊗ … |
|
|
|
| Un quatrième épisode aussi excellent que ses prédécesseurs pour une série mythique. On ne s’en lasse pas… et on passe sans plus attendre au numéro 5, ZATOICHI ON THE ROAD. | |
Titre : Zatoichi The Fugitive / Zatoichi 4 / 座頭市兇状旅
Année : 1963
Durée : 1h26
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisateur : Tokuzo Tanaka
Scénario : Minoru Inuzuka, Seiji Hoshikawa
Acteurs : Shintaro Katsu, Miwa Takada, Mazayo Banri, Junichiro Narita, Katsuhiko Kobayashi, Toru Abe, Koichi Mizuhara, Jutaro Hojo, Sachiko Murase, Hiroshi Nawa
