Le chef suprême des yakuzas décide d’éliminer Ichi. Après avoir échappé à de nombreuses embuscades, le masseur aveugle est convié à un grand rassemblement de yakuzas qui servira de piège ultime. En même temps, il se retrouve poursuivi sans relâche par un rônin assassinant tous les amants de celle qu’il aimait. Persuadé qu’Ichi est le dernier encore en vie, il fait de son élimination sa seule raison de vivre. C’est dire si rien ne l’arrêtera dans sa folie meurtrière…
Avis de Kwaidan :
Vingt et unième aventure du masseur aveugle, ZATOICHI : THE FESTIVAL OF FIRE fait partie des chef-d’œuvres parsemant cette légendaire série. Un scénario habile et sans temps morts écrit par Shintaro Katsu, une magnifique réalisation de Kenji Misumi et surtout le face-à-face de deux acteurs exceptionnels : tout est présent pour aboutir à un sommet du chambara.
Le retour du réalisateur du premier épisode de la série ainsi que de la plupart des BABYCARTs, est un gage de moments d’anthologie. Le mot est faible lorsqu’on se retrouve face à ce combat sur un pont entre Ichi et le rônin, la scène dantesque où le masseur est au cœur d’un brasier ou encore cette embuscade dans la maison de bain. Une séquence magnifique oscillant entre burlesque, avec le gag des seaux et les astuces pour masquer les parties des combattants à poil (Austin Powers n’a rien inventé…), et ultra-violence, comme ce plan en plongée de folie montrant Ichi dans un bain dont l’eau vire lentement au rouge. Un mélange des genres qui s’étale sur tout le film, alternant comédie et moments graves, violents et cruels. Des situations variées et monstrueusement divertissantes qui rendent bien trop courtes ces 96 minutes de pur plaisir.
THE FESTIVAL OF FIRE regorge de personnages hauts en couleurs. Le toujours formidable Katsu Shin croisera la route du chef suprême des yakuzas, lui aussi atteint de cécité et partagé entre admiration et haine pour le masseur aveugle; d’un jeune travesti désireux de devenir yakuza qui tombera amoureux de lui (ce qui nous vaut une scène hilarante lorsqu’il fait des avances à un Ichi très perplexe); d’une jeune femme chargée de séduire Ichi pour mieux l’éliminer mais qui finira elle aussi par tomber sous son charme sans oublier un délirant couple d’aubergistes passant leur temps à se foutre sur la gueule. Mais gardons le meilleur pour la fin. Après avoir rencontré Toshiro Mifune dans l’épisode précédent (ZATOICHI MEETS YOJIMBO), c’est au tour d’une autre légende, Tatsuya Nakadai, de se mesurer au héros aveugle. Lui aussi acteur fétiche de Kurosawa, incarnation du mal mémorable dans des œuvres comme YOJIMBO et surtout LE SABRE DU MAL, il traverse le film comme un ange de la mort au regard halluciné. Ce personnage de rônin rongé par la jalousie, dont la seule raison de vivre est d’éliminer Ichi suite à une méprise qui l’a fait passer pour l’amant de celle qu’il aimait, est un des plus fascinants, sinon le plus fascinant, adversaires du masseur aveugle.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario habile et sans temps mort ♥ Très bonne réalisation ♥ Le casting ♥ Des moments d’anthologie |
⊗ … |
Ajoutez à toutes ces qualités une musique particulièrement réussie et, au cas où ça ne serait pas déjà fait, vous comprendrez que ce ZATOICHI 21 est définitivement un film incontournable. Notez qu’il n’a pas la note maximale uniquement parce qu’il me reste d’autres épisodes à voir qui, sait-on jamais, pourraient être encore meilleurs… |
Titre : Zatoichi Goes to the Fire Festival / Zatoichi 21 / 座頭市あばれ火祭り
Année : 1970
Durée : 1h36
Origine : Japon
Genre : Chanbara
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénario : Shintaro Katsu, Takayuki Yamada
Acteurs : Shintaro Katsu, Reiko Ôhara, Masayuki Mori, Tatsuya Nakadai, Kô Nishimura, Ryûnosuke Kaneda