[Film] Zatoichi At Large, de Kazuo Mori (1972)


Une femme est agressée par un malfrat qui la dépouille avant de la blesser mortellement. Ichi la découvre alors qu’elle est sur le point d’accoucher. Le masseur lui apporte son aide mais la femme décède en mettant l’enfant au monde, non sans avoir auparavant supplié le masseur de le ramener à son père. Ichi se rend donc dans le lieu indiqué, constamment suivi par un mystérieux gamin ne manquant aucune occasion de lui lancer des cailloux. Le héros arrive dans un petit village où Tobei, assure la tranquillité et ne tarde pas à trouver Oyae, la tante du nourrisson. Mais bientôt, Tetsugoro, un chef de gang sans scrupule, débarque pour faire régner la terreur et l’oppression. Le masseur aveugle devra une fois de plus s’interposer et mener un des plus durs combats de sa vie…


Avis de Kwaidan :
Dernier volet réalisé par Kazuo Mori, à qui l’on doit notamment le très bon ZATOICHI AND THE DOOMED MAN, ZATOICHI AT LARGE est un des meilleurs épisodes de la saga du masseur aveugle. On ne peut pas le qualifier d’original puisque sa trame est principalement composée d’éléments d’épisodes précédents (les opus 8, 10 et 21 pour ne citer que les plus évidents) mais ces derniers sont si bien agencés dans une histoire sans le moindre temps mort et regorgeant de séquences anthologiques que l’impression de déjà-vu n’envahit jamais le spectateur. Cette aventure introduit de nombreux personnages très intéressants. La relation entre Tobei et son fils, qui se cherche encore, est particulièrement bien décrite. D’abord présenté comme un petit vaurien lâche et prêt à s’acoquiner avec les yakuza, l’adolescent sera amené à choisir entre la voie que son père a toujours voulue lui indiquer et celle de Tetsugoro. Rentaro Mikuni est impeccable dans son rôle d’ordure sans foi ni loi et on aura rarement vu un chef de gang aussi détestable. On attend qu’une chose, c’est qu’Ichi lui règle son compte de la manière la plus violente possible. Le masseur aveugle, quant à lui, retombe dans le pessimisme qui le touchait dans l’opus 11 mais de manière beaucoup plus radicale puisqu’il va, en quelque sorte, aller jusqu’au suicide.

Las de voir toutes ses bonnes actions récompensées par la haine et la rancœur, le héros cesse brusquement de combattre et tombe entre les mains de Tetsugoro. La « mort » d’Ichi va alors passer par celle de la légende du héros fier et invincible face à l’ennemi: ligoté comme un animal, le masseur subit la plus grande dérouillée de sa carrière. Dans une longue scène quasi insoutenable, il reçoit une multitude de coups, imite un chien, se fait traîner sous les jambes d’une yakuza sadique et va jusqu’à laper le sol pour avoir un peu d’eau. Un des rares moments de la série où Ichi semble définitivement perdu : il ne devra d’ailleurs son salut qu’à la prime mise sur sa tête et la volonté d’un rônin d’affronter celui qu’il considère comme le meilleur combattant du monde. Ce calvaire va néanmoins lui permettre de se reprendre et de ne pas se sacrifier inutilement en se rendant chez Tobei dans le but d’échanger sa vie contre la prime et, ainsi, sauver Oyae. Loin des hommes de loi corrompus dans la plupart des Zatoichi, ce dernier est un être d’exception qui sait reconnaître la bonté d’un homme en regardant au-delà de sa réputation. Voir une telle personne dépasser les préjugés et faire preuve d’une grande estime pour lui bouleversera Ichi au point qu’il retrouvera l’envie de vivre pour continuer à faire le bien.

Après avoir été si sérieusement malmenée, la légende se devait de renaître de ses cendres. C’est chose faite dans un long combat final qui se place comme un des plus spectaculaires de la saga, à quelques coudées derrière le sommet atteint par ZATOICHI 1989. Face au gang au grand complet, Ichi prend sa revanche et nous offre un véritable festival : les adversaires tentent de le coincer avec des échelles, l’affrontent sur un sol glissant, le masseur se retrouve au cœur d’un brasier… Ce dernier combat donne à Ichi une dimension surnaturelle encore plus poussée qu’à l’accoutumée, comme s’il était revenu de l’enfer investi des pouvoirs d’une créature vengeresse. Le masseur se retrouve d’ailleurs à un moment costumé en démon et une séquence à couper le souffle le montre, en flamme, s’avancer lentement vers Testsugoro pour lui porter le coup fatal. Le film en profite également pour se lâcher sur le gore avec une perforation de gorge que n’aurait pas renié Lucio Fulci. D’autres séquences d’anthologie, ce volet en regorge : une scène hilarante montre Ichi mettre d’un coup d’épée les hommes de Tetsugoro en tenu pour un strip-tease intégral et la première rencontre étourdissante entre le masseur et le rônin semble tout droit sortie d’un Sergio Leone. Du grand, du très grand cinéma.

LES PLUS LES MOINS
♥ Aucun temps mort
♥ Des personnages intéressants
♥ Le final
♥ Des scènes mémorables
⊗ Une impression de déjà-vu

Emotion, action, chorégraphies à couper le souffle, humour : ZATOICHI 23 poursuit brillamment une série indispensable qui ne tombe jamais dans la routine. A ce stade, je ne peux plus mettre de note sur ces films : c’est toujours génial, Shintaro Katsu est le plus grand…. Ben oui, je suis fan !…



Titre : Zatoichi At Large / Zatoichi 23 / 座頭市御用旅
Année : 1972
Durée : 1h27
Origine : Japon
Genre : Chanbara
Réalisateur : Kazuo Mori
Scénario : Kinya Laoi

Acteurs : Shintaro Katsu, Hisaya Morishige, Etsushi Takahashi, Naoko Otani, Rentaro Mikuni, Renji Ishibashi, Osamu Sakai

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Auteur : Kwaidan

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