[Film] Zatoichi and the Doomed Man, de Kazuo Mori (1965)


Emprisonné, Ichi fait la connaissance d’un condamné à mort qui le supplie de prouver son innocence avant l’heure de son exécution. Las de risquer sa vie et peu convaincu de l’innocence de l’homme, le masseur aveugle décide de ne pas se mêler de cette histoire. Mais un enchaînement de coïncidences, dont la rencontre avec un usurpateur mettant à mal sa réputation, ramèneront Ichi vers sa destinée de justicier et l’obligeront de nouveau à tacher de sang la lame de sa légendaire canne-épée pour faire face à tous ceux qui cherchent à l’empêcher de faire éclater la vérité…


Avis de Kwaidan :
Après une introduction hilarante dans laquelle Ichi, tout souriant, se fout royalement de la gueule de l’homme lui assénant une centaine de coups de fouet (« Arrêtez ! la douleur est telle qu’elle me rend aveugle ! »), c’est un héros grave et fatigué de combattre que l’on retrouve dans cette onzième aventure du masseur aveugle.

Dans la lignée de l’épisode précédent, ZATOICHI AND THE DOOMED MAN laisse moins de place à la comédie en dehors des scènes avec le « side-kick » crétin décidant d’usurper l’identité d’Ichi pour se remplir les poches. Un ton qui convient parfaitement à l’état d’esprit du masseur, de plus en plus las d’être sans cesse plongé dans la violence, la haine et la trahison. Un destin auquel il tentera bien d’échapper en refusant de se mêler des histoires du condamné à mort mais qui finit toujours par le rattraper, quelle que soit la route qu’il emprunte. Ichi attire les ennuis au point qu’il semble poursuivi d’une malédiction : il veut juste se restaurer et voilà qu’un gamin le mène vers un repaire de truands dépouillant les voyageurs, il s’amuse au tir à l’arc et voilà qu’un arnaqueur se met en tête de faire équipe avec lui et finit par usurper son identité, il évite de se rendre dans une ville où des dangers l’attendent et le voilà obligé d’y aller pour secourir un homme blessé rencontré en chemin. Aussi, si Ichi accepte de risquer à nouveau sa vie pour secourir les innocents, on ressent que le cœur n’y est plus vraiment, qu’il n’aspire désormais qu’à un peu de repos pourtant plus que mérité. Deux scènes reflètent particulièrement son aigreur et sa répulsion de plus en plus grande vis à vis de cette existence : celle où il marche volontairement sur le pied d’une femme qui s’est servie de lui pour échapper aux yakuzas, une attitude qui contraste avec sa réaction vis à vis de la pickpocket lui réclamant une tape sur la main dans l’opus 8, et surtout durant la bataille finale où il supplie ses agresseurs de cesser de l’attaquer afin de ne plus avoir à tuer.

Reste que si le héros est fatigué, il tient cependant à ce que sa légende, sa plus grande fierté, reste intacte. Ainsi, lorsqu’il apprend qu’un imposteur est en train de salir son image, c’est dans un double but qu’il se lance à sa poursuite. Il tient bien sûr à ce que ses talents de sabreurs restent reconnus et craints de tous, au point d’accepter de se battre à la place du truand. Mais s’il veut que l’homme arrête d’arnaquer tous les chefs yakuzas qui l’emploient pour préserver son statut d’homme d’honneur, c’est aussi parce qu’il sait que ces derniers n’hésiteront pas à lui envoyer des tueurs pour se venger. Autant de nouveaux dangers, de nouveaux combats auxquels il devra tôt ou tard faire face pour sauver sa peau et surtout, autant de morts qu’il aura sur la conscience à cause d’actes malhonnêtes dont il n’est même pas responsable.

Ce onzième volet est de nouveau visuellement superbe, notamment par ses décors maritimes lui donnant une atmosphère toute particulière. Le combat final, opposant Ichi à une multitude de yakuzas dans un port parsemé de pièges mortels, est un véritable moment d’anthologie. Le masseur fait un véritable massacre dont la chorégraphie est à couper le souffle. Ecrasé sous un immense filet et encerclé par des adversaires, il signe un des plus beaux combos de sa carrière avec une attaque tournoyante lui permettant de se libérer tout en les éventrant en un clin d’œil. Et pour achever ses fans, il finit par combattre avec deux sabres, comme dans l’épisode précédent mais en les tenant cette fois tous les deux à l’envers pour une séquence beaucoup plus longue et de nouvelles techniques de folie. Ah la vache ! Ça fait du bien ! Après la tempête, le final est un des plus calmes et contemplatifs de la série. Méditant face à l’océan, Ichi peut enfin se détendre et faire le point avant de repartir sur les routes, vers de nouvelles aventures toujours plus palpitantes.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’évolution du personnage d’Ichi
♥ Visuellement superbe
♥ Les chorégraphies
♥ Le final
⊗ …

Donnant une vision de l’humanité encore plus pessimiste que l’opus 4, ce ZATOICHI 11 marque surtout par l’évolution du masseur aveugle, plus torturé que jamais, comme pour mieux faire oublier les petites concessions commerciales de l’épisode 9. Des changements de ton qui donnent à Ichi une grande complexité et permettent à la série d’évoluer et de continuer à surprendre le spectateur. Après cet excellent épisode, il n’y a qu’une chose à dire : on en redemande !



Titre : Zatoichi and the Doomed Man / Zatoichi 11 / 座頭市逆手斬り
Année : 1965
Durée : 1h18
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisateur : Kazuo Mori
Scénario : Shozaburo Asai

Acteurs : Shintaro Katsu, Kanbi Fujiyama, Kenjiro Ishiyama, Masako Akeboshi, Eiko Taki, Ryuzo Shimada, Koichi Mizuhara, Sachiko Murase

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Auteur : Kwaidan

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