Un sorcier taoïste se rend en Thaïlande pour aider la Police à vaincre deux criminels adeptes de magie. Mais un sorcier diabolique vole les corps des deux criminels et, grâce à un rituel démoniaque les réveille en un seul être « bisexuel » ultra puissant connu sous le nom de Terrific Vampire. Ce monstre lubrique acquiert des connaissances et de la force en tuant et en dévorant les cerveaux de ses victimes…
Avis de Cherycok :
Bien que Yuen Cheung-Yan soit plus connu en tant qu’acteur, il a également participé à la mise en boite de nombreuses scènes d’action. Certes, son CV est moins impressionnant que celui de son frère Yuen Woo Ping, mais il a fait son petit bonhomme de chemin et a même réalisé quelques films. On lui doit notamment Taoism Drunkard (1984), Darkside of Chinatown (1989) ou encore la gentillette comédie Funny Ghost (1989). Mais alors que le sous-genre typique du ciné HK de la ghost kung fu comedy était sur la fin, Yuen Cheung-Yan décide malgré tout d’y laisser son empreinte avec Wizard’s Curse, un film sans le sou mais avec plein d’envie et d’énergie, et surtout avec un Lam Ching-Ying qui, une fois de plus, va reprendre son rôle de fat-si qui l’a rendu célèbre. Mais histoire de se différencier de la masse, et aussi parce que ça commence à être à la mode, on va y rajouter du sexe, un peu de gore, et du graveleux, histoire que le film soit classé Cat III. Bon, au niveau du box-office, ça n’a pas eu l’effet escompté. Mais pour l’amateur de bisserie, de ghost kung fu comedy et de Lam Ching-Ying que je suis, la recette est on ne peut plus appréciable.
Se déroulant de nos jours (enfin, les 90’s) à l’instar de Magic Cop, sans doute pour pallier au manque de budget évident, on va constater dès la scène d’introduction que Wizard’s Curse va jouer à fond la carte du délire, de l’excentricité, de la folie typiquement HK, avec des idées complètement nawak et des acteurs qui en font des caisses. Rien que le méchant, c’est tout un programme : deux démons sont ramenés à la vie via un rituel utilisant « le sperme de 99 satyres et le sang de 99 règles de chiennes » mais, suite à une fausse manipulation, ils vont partager le même corps. Il en résulte une entité unique, presque invincible, à double sexe et visage. Ce démon, pour devenir plus puissant, mange le cerveau de ses victimes afin d’assimiler leurs forces et leurs connaissances. Les victimes, il les fait entre autres grâce à une sorte de grosse bite géante bleu fluo ornée d’épines dont il se sert pour attaquer. Oui oui, vous avez bien lu. Avec, il détruit des meubles, transperce des gens, et l’avantage, c’est qu’elle est rétractable et donc il ne se prend pas les pieds dedans quand il n’en a pas besoin. Mais ça, ce n’est qu’un exemple de toute l’excentricité de Wizard’s Curse qui, Wong Jing au scénario oblige, va bénéficier d’un humour tournant constamment autour de l’entrejambe. Quand les blagues ne sont pas limites puériles, comme lorsqu’un patient ne veut pas se faire examiner le sexe à l’hôpital car le docteur est une femme, elles vont tourner autour d’un personnage obsédé sexuel (l’inégalable Charlie Cho), de positions sexuelles donnant des pouvoirs au démon, ou de sortilèges rendant des personnages accros au sexe. Le film commence d’ailleurs sur une scène érotique torride entre les personnages de Billy Chow (Eastern Condors) et Tsui Man-Wah (The Lady Punisher, Temptation Summary 2) qui n’est pas la dernière quand il faut se dénuder devant la caméra. C’est sans doute d’ailleurs ce qui vaudra au film sa classification Cat III car, en matière de gore, Wizard’s curse est plutôt gentillet.
On est clairement content de retrouver le regretté Lam Ching-Ying en fat-si, avec son habit jaune traditionnel, son miroir, son épée en bois. Une fois de plus, il fait le job et n’a pas peur du ridicule lorsque sa scène avec l’excellente Mimi Zhy (Flirting Scholar, Dragon Reloaded) lors du final vire au grand n’importe quoi. Ellen Chan et Cheung Kwok-Keung sont malheureusement un peu en deçà. Certes, ils s’amusent comme les petits copains, mais ils semblent moins à l’aise. Mais le duo qui tire son épingle du jeu, c’est sans conteste Billy Chow dans un rôle qu’il aime jouer, à mi-chemin entre Terminator et le loubard des Village People. L’attaque du commissariat serait-elle d’ailleurs un clin d’œil au Terminator de James Cameron ? Martialement parlant, Yeung-Yan nous a habitué à mieux sans le sens où, certes, il y a des combats, mais ils sont beaucoup plus axés sur la magie noire que sur les arts martiaux. Les quelques échanges pieds / poings n’ont rien d’exceptionnel, mais ils sont heureusement rattrapés par les nombreux SFX grattés à même la pellicule. Typiques de la ghost kung fu comedy des années 80, comme s’il n’y avait eu aucune évolution technique, ils sont d’un kitch absolu mais apportent un charme fou à ce genre de film fauché. Et quand on n’a pas d’argent, il faut être le roi de la débrouille et Yuen Cheung-Yan va user de tous les cadrages possibles pour ses effets (très) spéciaux comme lorsque Billy Chow sort du ventre de Tsui Man-Wah ou inversement. Bien que le film ait ses temps morts, il reste néanmoins souvent frénétique, soit dans sa succession de gags (pas tous réussis), soit par l’action nawak et ses plans barrés, et ses 1h33 passent à vive allure et permettent de passer un moment délirant en compagnie d’acteurs qui s’amusent tout autant que nous.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Lam Ching-Ying forever ♥ Le démon improbable ♥ Le kitch de l’ensemble ♥ Les moments nawak |
⊗ Quand même très fauché ⊗ Certains gags un peu nuls |
Wizard’s Curse est un film de mauvais goût, aussi bien pour son humour graveleux en dessous de la ceinture que pour le kitch de ses effets spéciaux dans leur ensemble. Mais pourtant, il est sacrément fun grâce à une énergie communicative et des tonnes d’idées farfelues. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Yuen Cheung-Yan réitèrera l’année suivante dans la ghost kung fu comedy avec Kung Fu Vampire pour un résultat bien en deçà et un score au box-office catastrophique (à peine 94680$HK). Wizard’s Curse, qui n’avait déjà pas été un gros succès, en avait rapporté environ 3 millions.
• C’est le studio Animation Shop qui s’est occupé des effets spéciaux. Ils avaient déjà travaillé sur des films tels que Demoness of Thousand Years (1990), An Eternal Combat (1991), Robotrix (1991), Forced Nightmare (1992) ou encore The Romance of the Vampires (1994)
Titre : Wizard’s Curse / 妖怪都市
Année : 1991
Durée : 1h33
Origine : Hong Kong
Genre : Ghost Kung Fu comedy sexyment gore
Réalisateur : Yuen Cheung-Yan
Scénario : Wong Jing
Acteurs : Lam Ching-Ying, Billy Chow, Ellen Chan, Cheung Kwok-Keung, Tsui Man-Wah, Charlie Cho, Mimi Chu, Wu Fung, Yuen Cheung-Yan, Yau Gin-Gwok