[Film] We Are Zombies, de François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell (2023)


Dans une ville infestée de non-vivants – alias des zombies non cannibales –, trois fainéants à la recherche d’argent facile grâce au trafic de zombies doivent combattre des petits truands et une mégacorporation au dessein malfaisant, pour sauver leur grand-mère kidnappée.


Avis de Cherycok :
RKSS, c’est un trio que le grand public a découvert avec Turbo Kid (2015) puis Summer of 84 (2018), des films emplis de nostalgie des années 80. Pourtant, ils sont actifs dès le début des années 2000 avec des courts métrages très funs et très gores, fabriqués avec 3 bouts de ficelles mais avec une réelle envie de donner à leur public ce qu’il est venu chercher. C’est avec Total Fury (2007), Demonitron (2010) et Le Bagman. Profession : Meurtrier (2004), mon préféré, que certains amoureux de bisseries ont commencé à les suivre. C’est T Is for Turbo en 2011, présent dans The ABC’s of Death (2011) qui les a réellement lancés, Turbo Kid (2015) étant l’adaptation en long métrage de ce dernier. Nous allons nous intéresser aujourd’hui à We Are Zombies, une de leurs deux productions de 2023, adapté de la bande dessinée Les Zombies qui ont Mangé le Monde de Jerry Fressen. We Are Zombies n’adapte pas un volume particulier, mais va piocher des idées dans plusieurs tomes existants pour nous proposer une comédie horrifique sympathique mais clairement en demi-teinte.

Encore un film de zombies me direz-vous. Oui, mais pas un film de zombies comme les autres. Du moins jusqu’au final. Ici, les zombies ne mangent personne. Les gens meurent, reviennent à la vie, et ils sont juste là. Certains ne font qu’errer en gémissant, d’autres sont juste un peu lent à la détente, certains parlent, continuent les activités qu’ils avaient lorsqu’ils étaient en vie. Certains films, tels que Fido (2006) avaient déjà abordés sous un autre angle la thématique des zombies qui vivent parmi nous. Et d’ailleurs, ce sont souvent des comédies horrifiques qui tentent cette expérience. Avec ce postulat, We Are Zombies aborde plusieurs sujets, comme le marché du travail qui se retrouve complètement saturé, ou encore celui de certaines entreprises pas très honnêtes qui vont profiter de la situation et de ces « non-morts », mais il aurait fallu que cela soit plus développé pour que cela soit réellement intéressant. We Are Zombies est une comédie horrifique, peut-être même bien plus une comédie qu’un film d’horreur. Sur ce côté-là, l’humour des RKSS fonctionne plutôt bien, pour peu que vous soyez sensible à l’humour geek du collectif et que suivre une troupe de bras cassés pas forcément très adaptés pour ce monde peut vous faire marrer. Alors tout n’est pas bon, c’est parfois beaucoup trop puéril, mais on se paie quand même quelques bonnes rigolades. Les références à la culture geek sont nombreuses, et ce dès la 1ère minute de film où l’un des personnages principaux joue à un livre dont on est le héros.

Mais il y a pas mal de choses qui clochent dans le film. Les personnages sont très (trop) stéréotypés. C’est par contre assez étrange, venant d’un collectif très geek, qu’ils soient caractérisés par des traits assez négatifs. Entre celui qui passe son temps à se tripoter devant des camgirls (zombies qui plus est), son pote bien enrobé et un peu neuneu qui aime le catch mexicain, amoureux de la sœur du premier, et ladite sœur, hackeuse à ses heures perdues, pas agréable pour un sou, le portrait qui est fait de la culture geek est un peu étrange. Mais il est facile de ne pas trop en tenir compte car leur groupe est malgré tout assez sympathique et plutôt attachant. Le plus problématique, c’est le scénario qui est parfois un peu chaotique et ce dès le point de départ qui ne nous explique jamais comment le monde en est arrivé à ce postulat. Depuis combien de temps les zombies non agressifs sont là, comment est-ce arrivé, on ne préfère pas nous l’expliquer et, dans l’absolu, si on l’accepte dès le début, ce n’est pas gênant. Mais le film est bien trop court pour toutes les choses que le scénario veut nous montrer. Par exemple, la scène où ils vont déterrer une ancienne actrice de cinéma dans un cimetière ne sert au final strictement à rien, en plus de ne pas être particulièrement fun. Certaines idées auraient dû être simplement supprimées afin de faire de la place pour le développement du reste et il aurait fallu que We Are Zombies ne parte pas dans tous les sens. Parce qu’en 1h20, génériques compris, il n’y a clairement pas la place pour tout. Et c’est dommage car nombreuses de ces idées sont bonnes et auraient méritées qu’on y consacre plus de temps plutôt que de les bâcler.

Bien qu’elle soit en retrait, l’horreur n’est pas oubliée, avec des effets gores parfois bien crados, malgré tout essentiellement concentrés dans la dernière partie. Les réalisateurs préfèrent travailler à même le plateau, avec prothèses, latex, animatronics, maquillages et faux-sang, bien que certains effets soient malgré tout améliorés en post-prod via quelques CGI. Le rendu est très propre, bien fun pour qui aime le gore, d’autant plus que le charcutage est parfois frontal. Mention spéciale pour cette créature difforme, à la fois repoussante et hypnotisante. Mais ce que cette dernière partie gagne en gore, elle le perd en intérêt car, alors que le postulat de départ était des plus intéressants, avec ces zombies non-cannibales, elle succombe à la facilité (avec des incohérences) parce que, apparemment, il fallait bien que tous ces « gentils » zombies deviennent un jour ou l’autre agressifs. Un choix un peu paresseux, surtout après avoir mis en place cet univers, et bien que ce final soit fun, on ne peut que sortir déçu du choix qui a été fait. Néanmoins, la réalisation dans son ensemble est inspirée et le budget qu’on imagine très serré semble avoir été parfaitement utilisé, mais on ressort de We Are Zombies avec cette légère impression de gâchis, en se disant qu’il y avait un énorme potentiel mais que les trois réalisateurs n’ont pas su l’exploiter correctement.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des gags hilarants…
♥ De bonnes idées…
♥ Le postulat de départ
♥ Les effets gores
⊗ … et d’autres trop puérils
⊗ … pas toujours bien exploitées
⊗ Des personnages caricaturaux
⊗ Un scénario qui veut trop en donner en peu de temps
Du bon et du moins bon dans We Are Zombies mais, une chose est sûre, on ne passe pas un mauvais moment devant. C’est juste très moyen et il y a de grandes chances qu’il soit très vite oublié par les amateurs de comédies et de films d’horreur.



Titre : We Are Zombies
Année : 2023
Durée : 1h20
Origine : Canada
Genre : Zombies non-cannibales
Réalisateur : François Simard, Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissell
Scénario : Jerry Frissen, François Simard, Anouk Whissell

Acteurs : Alexandre Nachi, Derek Jones, Megan Peta Hill, Vincent Leclerc, Benz Antoine, Carlo Mestroni, Guy Nadon, Patrick Abellard, Marc-André Boulanger

We Are Zombies (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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