[Film] Vol d’Enfer, de Michael Keusch (2007)


John Sands, déserteur et ancien agent secret de l’US Air Force, est obligé d’accepter un dernier travail pour pouvoir enfin être libre de toutes obligations envers l’Oncle Sam. Sa mission, retrouver le X-77, un avion F-117 modifié tombé aux mains d’un groupe terroriste se cachant dans le nord de l’Afghanistan.


Avis de Cherycok :
Troisième collaboration entre Steven Seagal et le réalisateur Michael Keusch après L’Affaire CIA et Attack Force, Vol d’Enfer a été un joli succès en DVD. A sa sortie, Steven Seagal a déclaré qu’il s’agissait de son film préféré depuis Piège en Haute Mer parce qu’il y faisait une grande variété de choses. De quoi mettre en confiance non ? Mais comme disait un célèbre Mon Calamari dans Star Wars, « It’s a Trap ! », « C’est un piège ! » dans la langue de Molière. Même si les fans de Seagal ont acheté le DVD en masse, parce qu’il semble avoir les membres les plus fidèles du Cinéma qui continuent d’acheter ses films malgré les merdes qu’il enchaine depuis pas mal d’années à cette époque-là, les critiques presse étaient unanimes sur la qualité du bousin : c’est tout pourri. Et je confirme leurs dires et j’affirme même que c’est la pire des trois collaborations de Seagal avec le réalisateur Michael Keusch. Les deux autres avaient eu 4/10 et 3.5/10, c’est dire la qualité de ce Vol d’Enfer.

Celui qui a pas mal bourlingué dans le DTV des années 90 se rendra rapidement compte que le film est un remake presque plan par plan du film Black Thunder (1998) avec Michael Dudikoff, jusque dans le nom des personnages qui sont parfois similaires. Le scénariste de ce dernier est à peine remercié dans le générique de fin alors que Seagal et son scénariste Joe Halpin sont fièrement crédités pour le scénario de Vol d’Enfer. Ce n’est pas le seul « emprunt » à d’autres films puisqu’un certain nombre de scènes de vol, d’engins militaires sont tirées directement de Aigle de Fer (1986) de Sidney J. Furie (entre autres). Ça en devient parfois grotesque lorsque le grain d’image change subitement, ne laissant aucun doute que ces images proviennent d’un film bien plus ancien, lorsque ce n’est pas la continuité de ces stockshots qui devient aléatoire (l’arrière-plan peut changer, les vêtements des gens également). Comme autre dérive de ce Vol d’Enfer, citons le fait que la toute jeune Ciera Payton, qui venait d’avoir 18 ans, a accepté le rôle en lisant un scénario incomplet (qui avait été vendu comme complet) et qu’à la lecture du vrai scénario complet lors du trajet en avion pour aller jusqu’aux studios de tournage en Roumanie, elle s’est rendue compte qu’elle avait une scène de nu (en sortant de la douche) et même une courte scène de sexe avec une autre femme. Lorsqu’elle est allée voir Seagal et les producteurs, ils semblent avoir été extrêmement insistants avec la jeune fille afin qu’elle tourne malgré tout ces scènes. Dans la première, elle a finalement une nuisette, mais dans la deuxième, ça suce du téton. Bienvenue dans le merveilleux monde des gros cons de producteurs qui exploitent la naïveté des jeunes actrices à peine majeures. Mais revenons-en au film en lui-même. La réalisation n’est pas folichonne. Michael Keusch semble en avoir assez de collaborer avec Steven Seagal et sa mise en scène est d’une platitude à toute épreuve. C’est certes propre, la photographie n’est pas dégueux, mais ça se contente du strict minimum, ça ne fait aucun effort et l’abus de stockshots aériens finit par devenir simplement ridicule. Certains plans ont de quoi faire rire, comme lorsque Steven Seagal nous fait une glissade au sol tout en tirant avec son flingue, façon Chow Yun-Fat, ou cette scène de « sexe » citée plus haut entre deux femmes qui est totalement gratuite, et au final c’est sur ce genre de petits moments sur lesquels on se rabat, ces petits moments où on rit du film, où on se moque du film, parce qu’il n’y a pas grand-chose de bon dans Vol d’Enfer.

Le scénario ne vaut guère mieux et semble avoir été écrit par un enfant de 6 ans : Quelqu’un a volé un avion furtif dans le but l’utiliser pour envoyer des armes chimiques, et Steven Seagal doit le retrouver. Point d’intrigues secondaires qui ne mènent à rien comme dans pas mal de ses précédents films de la même période, c’est mieux dans un sens, sauf qu’ils semblent tous incapables de gérer une histoire simple. La narration est aux fraises, avec par exemple des personnages secondaires qui sont très mal introduits, ça aligne cliché sur cliché, rien n’est fait pour nous persuader que cela se passe en Afghanistan (la campagne roumaine ne ressemble pas exactement à l’Afghanistan…), … Bref, le b.a.-ba de la construction d’un film n’est même pas correct. Le casting est lui aussi très mauvais. Seagal semble s’ennuyer dans chacune de ses scènes, faisant la moue dès qu’il est à l’écran, complètement blasé, comme s’il n’avait pas réellement envie d’être là (ce qui est fort possible). En même temps, vu le matériau du film, on peut le comprendre. Le reste des acteurs ne vaut guère mieux. Certains semblent errer dans les décors, récitant scolairement leurs répliques sans jamais s’investir de quelle manière que ce soit. L’action redresse un poil la barre, non pas qu’elle soit bonne, mais c’est ce qu’il y a de moins pire avec un côté parfois assez sec et violent, grosses gerbes de sang à l’appui. Mais, en plus que l’action soit au final assez rare, cela reste sans aucune folie avec des cascadeurs qui, à l’image du reste, font le strict minimum et un réalisateur qui n’a de toutes façons pas forcément envie d’essayer de proposer quelque chose de moins plat que le reste. C’est en plus filmé de beaucoup trop près, avec un montage beaucoup trop rapide, pour qu’on puisse apprécier quoi que ce soit. Quand on regarde un film de Seagal, la seule chose qu’on attend, c’est d’être un minimum diverti pendant 90 minutes avec de l’action bas du front, mais Vol d’Enfer ne répond même pas à cette faible attente, c’est dire si le résultat ne vaut pas qu’on perde ces 90 minutes de son temps.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques moments dans l’action
♥ Certaines scènes ridiculement drôles
⊗ Le scénario mal construit
⊗ Le jeu d’acteur aux fraises
⊗ Steven Seagal n’en a plus rien à foutre
⊗ La mise en scène plate
⊗ Film très fainéant
Vol d’Enfer est clairement la pire des trois collaborations de Steven Seagal avec le réalisateur Michael Keusch. Certes, certaines scènes font involontairement sourire, mais l’ensemble fait preuve d’une bien belle médiocrité. Poubelle. Allez, au suivant !



Titre : Vol d’Enfer / Flight of Fury
Année : 2007
Durée : 1h38
Origine : U.S.A / Angleterre / Roumanie
Genre : La puissance du stockshot
Réalisateur : Michael Keusch
Scénario : Steven Seagal, Joe Halpin

Acteurs : Steven Seagal, Mark Bazeley, Steve Toussaint, Ciera Payton, Angus Maclnnes, Alki David, Tim Woodward, Vincenzo Nicoli, Katie Jones, Gary Cooper

Flight of Fury (2007) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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