[Film] Violent Panic : The Big Crash, de Kinji Fukasaku (1976)


Takashi et Mitsuo sont braqueurs de banque. Ils préparent un dernier coup avant de s’enfuir au Brésil. Mais la police les guette, Takashi croise la belle Miki, et les choses ne tourneront pas comme prévu.


Avis de Cherycok :
Beaucoup de gens à travers le monde ont découvert Kinji Fukasaku avec la petite bombe qu’il a lâchée en 2000, Battle Royale, trois ans avant son décès à l’âge de 73 ans des suites d’un cancer de la prostate. Certains se sont du coup mis à explorer sa filmographie, en particulier ses nombreux films de Yakuzas qui ont fait sa renommée comme sa saga Combat dans Code d’Honneur, Le Cimetière de la Morale ou encore Okita le Pourfendeur. Initiateur du genre Jitsuroku eiga, à savoir les films de yakuzas réalistes, il fera une pause au milieu des années 70 pour tourner Violent Panic : The Big Crash, film de gangsters lorgnant bien plus du côté des films de cascades de bagnoles américains et des Poliziotteschi de chez nos amis ritals, deux genres très en vogue à cette période-là avec lesquels Fukasaku avait, semble-t-il, envie de s’amuser. Le résultat est une bobine qui pourra déstabiliser, en premier lieu les amateurs du bonhomme, mais dans laquelle règne une légèreté et une fraicheur, malgré la violence et le chaos ambiant, qui font que ces 1h25 de film sont réellement très agréables.

Avec Violent Panic : The Big Crash, Fukasaku semble faire une pause dans les films de Yakuas après en avoir enchainé jusqu’à parfois trois par an. Ici, il a envie de s’amuser, et il faut le regarder dans le même état d’esprit pour s’amuser nous aussi dans cette virée délirante et parfois loufoque à travers le cinéma d’exploitation japonais, américain et italien. En quelques minutes d’introduction, Fukasaku plante le décor avec ces deux braqueurs qui volent des voitures, braquent des banques, changent de ville et recommencent, dans l’optique de partir à l’étranger de claquer tout leur pognon les doigts en éventail au soleil sur une plage de sable fin. Mais lorsque les choses tournent mal et que l’un des deux se fait tuer, on va suivre la suite du deuxième, ses planques, et une vie improvisée qui s’annonce. Violent Panic : The Big Crash est une bobine ultra rythmée, où tout s’enchaine très vite jusqu’à devenir frénétique dans le dernier acte, avec sans cesse ce sentiment de panique (celle du titre) qu’on ressent dans ce rythme très serré. De l’érotisme, de la violence, parfois du sadisme, mais pourtant un ton qui restera souvent léger, comme lors de ce final assez monumental virant au cartoon hystérique, à mi-chemin entre les cascades de Shérif fais-moi peur et l’ambiance improbable d’un Bud Spencer et Terence Hill façon Attention on va s’fâcher (1974). C’est ce final qui pourra déstabiliser, avec cette course poursuite impliquant de nombreuses « factions » (les fuyards, des motards, la police, une dépanneuse, la presse, des gens lambda, …) se terminant dans une sorte de destruction derby sur un terrain vague où le budget tôle froissée a semble-t-il explosé (le « big crash du titre ?). Ce dernier acte complètement fou, on le regarde entre consternation et gros amusement, en se demandant si le côté improbable de la chose est un ratage total où à l’inverse un coup de génie pour montrer l’absurdité du Japon à cette époque. Car si on analyse bien son film, Fukasaku y dépeint un Japon bouffé par une situation économique pas reluisante, avec tout un pan de la population obligée, par pauvreté, de se réfugier dans des bidonvilles à l’extérieur des villes, cette société de consommation exacerbé représentée par nos malfrats qui jettent l’argent par les fenêtre, comme de vulgaires bouts de papier, et qui vont se servir là où il y en a (les banques) quand ils en ont besoin.

Chose assez rare à l’époque appuyant le côté critique de Violent Panic : The Big Crash malgré ses airs parfois de bouffonnerie, même la Police y est tournée en ridicule, avec des agents qui passent une partie du film à marcher sur la gueule des collègues par pur carriérisme ou à forniquer entre eux. Car oui, comme stipulé plus haut, Fukasaku n’hésite pas à aller dans l’érotisme un peu gratuit avec des seins en veux-tu en voilà, tout comme une violence assez graphique, avec par exemple des corps qui se font rouler dessus par des camions, et même les deux en même temps (le viol homosexuel sadique). On a réellement l’impression que Kinji Fukasaku s’amuse et qu’il va mettre dans son film tout un tas de scènes faisant références à divers pans du cinéma japonais, au point qu’il est parfois un peu difficile de comprendre l’utilité de certains arcs narratifs prenant mine de rien assez de place sans jamais avoir de rapport (ou si peu) avec l’historie principale. Que ce soit l’arc de ce garagiste qui raye sans cesse une voiture qui l’obsède afin de continuer à la réparer jusqu’à ce que le client, un médecin gay, décide de le punir d’une façon assez obscène et inconvenante, ou bien celui de l’obsédé sexuel et de cette scène malaisante dans l’entrepôt à mannequins bien glauques, difficile de voir le rapport avec l’intrigue principale. Pourtant, tout cela a quelque chose de fascinant, peut-être grâce au style visuel et narratif reconnaissable de Fukasaku. Peut-être par la spontanéité de l’ensemble. Peut-être grâce au casting qui s’implique à fond. Le couple façon Bonnie and Clyde interprété par Tsunehiko Watase (Combat Sans Code d’Honneur) et la superbe Miki Sugimoto (Les Menottes Rouges), lui viril et audacieux, elle paumée et passionnée, fonctionne parfaitement. Ils offrent une très belle performance et leur relation je t’aime moi non plus est clairement un des atouts du film. Fukasaku de son côté souffle le chaud et le froid. Autant son style caméra à l’épaule au plus proche de l’action fonctionne dans les scènes d’action classiques comme les gunfights ou les combats mano à mano, autant c’est plus compliqué lors des courses poursuites motorisés où clairement cela manque de structure au point que cela devienne parfois chaotique. A moins que ce chaos ne soit volontaire pour appuyer encore plus le propos de ce long balai automobile façon slapstick en guise de final ?

LES PLUS LES MOINS
♥ Le rythme soutenu
♥ Le casting
♥ Le mélange des genres
♥ Le côté sec et violent
⊗ Certains arcs narratifs
⊗ Le côté cartoon du final qui peut surprendre

Quand Kinji Fukasaku fait une pause dans le Jitsuroku eiga, ça donne Violent Panic : The Big Crash, un mélange des genres parfois haut en couleur. Un film mineur dans la filmographie du bonhomme, certes, mais un film surprenant et réellement fun.


VIOLENT PANIC: THE BIG CRASH est sorti chez Roboto Films en combo Blu-ray/DVD au prix de 27,5€. Il est disponible à l’achat ici : Roboto-Films.fr

En plus des films, on y trouve : Livret contenant des essais et des photos / affiches du film, Première partie de l’entretien vidéo avec Jean-François Rauger, Directeur de la programmation à la Cinémathèque de Paris, Entretien avec Stéphane du Mesnildot, Journaliste, Auteur et expert du cinéma asiatique, Bande annonce exclusive Roboto



Titre : Violent Panic : The Big Crash / 暴走パニック 大激突
Année : 1976
Durée : 1h25
Origine : Japon
Genre : Gros melting Poat
Réalisateur : Kinji Fukasaku
Scénario : Kinji Fukasaku, Fumio Kônami, Yasuzo Tanaka

Acteurs : Tsunehiko Watase, Miki Sugimoto, Yayoi Watanabe, Hideo Murota, Takuzô Kawatani, Ryô Nishida, Shôtarô Hayashi, Nenji Kobayashi, Noboru Mitani

Violent Panic: The Big Crash (1976) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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