[Film] Vedaa, de Nikkhil Advani(2024)


Radié de l’armée après avoir exécuté un prisonnier, un ancien soldat se rend dans un village reculé d’Inde pour voir son beau-père. Sur place, il découvre que l’élite qui gouverne la région tyrannise la population de la caste inférieure. Devenu entraineur de boxe, il décide de prendre sous son aile la jeune Vedaa considérée comme une « intouchable » par la caste supérieure et va très vite se révolter face à l’injustice.


Avis de Nasserjones :
Passé complètement sous les radars et ignoré par la communauté des fans de cinéma Indien sur les réseaux sociaux, VeDaa est pourtant un sympathique film d’action mâtiné de drame social. Pas un grand film mais un divertissement honorable. Alors oui, John Abraham n’est peut-être pas le plus populaire des acteurs Indiens et oui l’Inde produit 1500 films par an et donc c’est compliqué de tout voir et normal qu’au milieu d’une industrie aussi productive beaucoup de films passent inaperçus. Mais en tout cas, dans le genre blockbuster d’action Indien, eh bien ça vaut beaucoup plus le coup que certains pétards mouillés de 2024 comme Singham Again, Jigra, Crew, Kanguva ou Kalki 2898.

Le film commence pourtant très mal avec une scène d’action relativement efficace mais au nationalisme dégueulasse. Pour la 1320ème fois dans ce cinéma, on a droit à une scène avec un super soldat Indien qui extermine de diaboliques islamistes dans la région du Cachemire. Tout comme la Corée du Sud qui ressasse depuis 25 ans des histoires de guerres entre espions de Corée du Nord et du Sud, l’Inde depuis des décennies ressasse inlassablement des histoires avec des terroristes islamistes du Cachemire ou du Pakistan. Sauf qu’à la différence de la Corée du Sud qui a souvent réussi à faire preuve d’un minimum de recul, l’Inde a souvent fait preuve d’un nationalisme et d’un racisme des plus crasseux. Heureusement, passée cette séquence, le film prend une toute autre direction en abordant comme thème la ségrégation des castes inférieures en Inde, thème également déjà abordé de manière bien plus subtile dans d’autres films comme Article 15 ou Masaan. Il faut dire que Vedaa est à l’image de son acteur principal et producteur John Abraham : bourrin et pas très subtil justement. John Abraham, c’est un peu le Jason Statham indien, un acteur bodybuildé qui arbore toujours la même expression, le même regard froid genre « moi je ne suis pas là pour rigoler » et qui depuis son remake du film Coréen A Man From Nowhere en 2013 s’est spécialisé dans les rôles de super flic ou de super agent secret qui détruit tout sur son passage. Vedaa fait donc partie de ces films indiens, comme Jawan l’année dernière, qui assument complètement leur côté divertissement second degré tout en ayant un discours politique. Le film aborde un sujet très grave et fait preuve d’une certaine noirceur et de pas mal de violence avec des séquences effectivement révoltantes où on est tenté de se dire : « mais sérieux, ce genre de choses existent encore en Inde en 2024 ? ». Mais en même temps, l’écriture est trop grossière pour qu’on y croit vraiment à cette histoire. Vu que le film reste avant tout un film d’action et pas un vrai drame, il est constamment obligé de faire le grand écart entre spectacle et ambitions thématiques. Les deux ont souvent du mal à se marier correctement et l’aspect dramatique s’efface le plus souvent au profit de l’action.

Mais malgré ses grosses ficelles, son manque de subtilité, son scénario assez téléphoné, eh bien il faut reconnaître qu’en fait Vedaa fonctionne plutôt bien. Parce-que quand on regarde un film avec John Abraham, on sait très bien qu’on n’est pas devant un film de Satyajit Ray et qu’on est avant tout venu voir de l’action. L’action parlons-en. Elle n’est pas extraordinaire mais quand même tout à fait correcte. Disons qu’elle est plus ou moins dans les standards du cinéma d’action indien actuel, avec beaucoup de ralentis, une hyper iconisation du héros typiquement à l’indienne où ce dernier comme tout bon héros indien qui se respecte est doté d’une force surhumaine, et des combats pas très techniques (on est pas chez Donnie Yen) mais bien violents et rigolos. D’ailleurs, j’adore ce sport que j’ai découvert avec le cinéma indien : le bowling avec des êtres humains à la place des boules. La réalisation aussi est propre, il y a une belle photographie, des paysages bien filmés. Sharvari Wagh, la jeune actrice qui partage l’affiche avec John Abraham, est excellente, très belle et touchante. On a droit aussi à deux beaux passages dansés pas spécialement bien amenés, car ne servant nullement la narration et plutôt là pour remplir le cahier des charges, mais qui ont le mérite d’être agréables pour les yeux. Et puis quand on a grandi dans les années 80 en regardant à la télé des films avec Clint Eastwood et Charles Bronson et des VHS de Schwarzy et Stallone, ça fait plaisir de toujours voir en 2024 des héros bien virils et bourrus comme John Abraham. Et ça fait d’autant plus plaisir de les voir tabasser des ordures de riches qui méprisent les femmes et les plus démunis. Et oui je suis un homme simple, j’aime les plaisirs simples de la vie.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le sujet intéressant et choquant
♥ De l’action violente et correcte
♥ Deux passages dansés sympathiques
♥ Belle prestation de la jeune Sharvari Wagh
⊗ La scène d’ouverture avec les méchants islamistes
⊗ Un scénario accumulant trop de clichés et de facilités
Sans être inoubliable, Vedaa est un sympathique blockbuster d’action hindi avec John Abraham qui fait du John Abraham, des scènes d’action bourrines tout à fait correctes, et surtout un sujet grave et intéressant : la ségrégation des castes inférieures dans certaines régions en Inde. Tout à fait recommandable.



Titre : Vedaa
Année : 2024
Durée : 2h31
Origine : Inde
Genre : Drame / Action
Réalisateur : Nikkhil Advani
Scénario : Aseem Arora

Acteurs : John Abraham, Sharvari, Abhishek Banerjee, Ashish Vidyarthi, Kumud Mishra, Rajendra Chawla, Tanvi Malhara, Anurag Thakur, Urvashi Dubey, Rajoshri Vidyarthi

Vedaa (2024) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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