[Film] Universal Soldier, de Roland Emmerich (1992)

En 1969, durant la guerre du Viêt Nam, deux soldats américains, Luc Deveraux et Andrew Scott, s’entretuent après que le second a massacré des civils vietnamiens. Près de vingt-cinq ans plus tard, ils deviennent, comme d’autres soldats tués, des UNIversal-SOLdiers : il s’agit de cadavres de soldats ramenés à la vie, qui se montrent considérablement plus forts et résistants que n’importe qui et ne ressentent aucune émotion. Veronica, une journaliste, décide d’enquêter sur ces soldats. Celle-ci étant prise pour une menace, le colonel Perry et les scientifiques du projet ordonnent aux UNI-SOL de l’éliminer, mais l’un d’eux qui s’avère être Deveraux, est resté humain et décide de la défendre. Avec l’aide de Veronica, il entreprend également de connaître son passé ; Scott, quant à lui a perdu la raison, il tue les membres du projet et décide de les traquer avec l’aide des autres soldats universels.


Avis de Rick :
En 1992, lorsque l’on regardait Universal Soldier à sa sortie en salles, ce n’était pas pour voir le nouveau film pyrotechnique de Roland Emmerich, mais bien pour voir le nouveau film avec Jean-Claude Van Damme et Dolph Lundgren. Le premier, malgré un jeu d’acteur dirons nous limité, montait depuis la fin des années 80, avec des films sympathiques comme Bloodsport, Kickboxer ou encore Coups pour Coups (et des films moins bons comme Cyborg). Le second, et bien c’est un peu la même chose, avec Rocky IV, Dark Angel, Le Scorpion Rouge ou encore Dans les Griffes du Dragon Rouge, mais également des ratages comme Les Maîtres de l’Univers. Le premier est habitué à jouer les héros, le second à jouer les méchants ou les anti héros. Universal Soldier, scénario couteux qui trainait dans les cartons sous le nom de Crystal Knights (la classe) depuis des années ne va pas venir changer la donne. Roland Emmerich, à l’époque, n’était pas encore connu. Il n’avait d’ailleurs pas réalisé grand-chose, mais touchait déjà à la science fiction dans son Allemagne natale.

Son premier métrage en 1984, c’est Le Prince de l’Arche de Noé, de la science fiction à petit budget, puis il enchaine avec Joey en 1985 (un film plus léger) et Hollywood Chase en 1987, coproduction avec les Etats Unis. Même lorsqu’il se fait un peu remarquer en 1990 en signant Moon 44, il reste dans la science fiction, avec un petit budget, avec une production Allemande (et tourne avec Michael Paré, Brian Thompson et Malcolm McDowell). C’est là qu’il se fait remarquer par Mario Kassar qui l’invite en Amérique pour réaliser un autre film de science fiction. Mais tout ne se passe pas comme prévu, Emmerich quitte le projet avec son scénariste Dean Devlin (qu’il rencontre sur Moon 44, où il l’embaucha comme acteur). Il rebondit vite, puisqu’il est aussitôt embauché pour remplacer Andrew Davis (Sale Temps pour un Flic, Nico et Piège en Haute Mer pour Steven Seagal, Le Fugitif) sur Universal Soldier, qui se tourne à la fin de l’été 1991 pour une présentation au festival de Cannes 1992. Les critiques ne sont pas tendres envers le film, qui récolte malgré tout 36 millions (contre un budget de seulement 23 millions), et deviendra culte avec les années, amenant des suites très différentes de ce film.

Bon, soyons clair dés le départ, comme tout film de Roland Emmerich, Universal Soldier n’est pas un grand film, mais a un fort potentiel sympathie, nostalgie ou non, de par sa générosité, sa violence par moment, son casting bien entendu, mais également par les débuts peu subtils mais encore plutôt humble de Roland Emmerich. Un film qui attire la sympathie même dans ses ratages, comme cette scène d’ouverture de nuit, sous la pluie, dans un village Vietnamien de studio avec cette fameuse végétation projecteur (il faut bien éclairer le plateau hein, après tout la scène fut tournée sur un terrain de golf si j’en crois la légende) où on est dans le ton immédiatement, avec un Van Damme et son accent Belge qui tente de jouer (contrairement à la suite de l’aventure, où il n’aura que deux expressions), et un Lundgren totalement habité et qui pète un câble en tuant tout le monde, même l’armée Américaine, et décide de se faire des colliers avec les oreilles de ses victimes. Un film subtil qui fait dans la dentelle. Forcément, face à un tel dérapage, ça tourne au vinaigre, et les deux hommes s’entre-tuent. Fin, voilà. Ah non, le film reprend de nos jours, enfin en 1992, 19 ans après les événements de la scène d’ouverture. Le gouvernement a lancé, bien entendu illégalement, un projet top secret où ils se servent d’une technologie pour ramener à la vie des soldats décédés à la guerre et les contrôler afin d’accomplir des missions dangereuses. Obéissant, ne ressentant pas la douleur, et surtout pouvant se régénérer à condition qu’ils refroidissent souvent leur corps, voilà donc les fameux Universal Soldier, et forcément, nos deux soldats sont dans le programme. Forcément, ça tourne mal, car que serait un projet top secret et pas très moral Américain si ça fonctionnait parfaitement ? La psychologie et les derniers instants de leur vie reviennent hanter nos deux soldats, et Jean-Claude prend la fuite en sauvant une journaliste en mauvaise position, et on lance les autres soldats, dont le fameux Dolph qui a un compte à régler, à leur poursuite.

À partir de là, le film se transforme en gigantesque course poursuite, avec les moyens de bord (22 millions de budget on rappelle), qui tient plutôt bien la route, entre rythme, moments bien violents (Lundgren pète souvent les plombs), moments assez ridicules (Van Damme à poil dans un motel qui doit recharger ses batteries), mais qui fait sourire et qui a ce pouvoir de divertir avec simplicité, sans tenter d’en faire trop (ce qui sera bien souvent le défaut de Roland Emmerich par la suite). Ici, il se contente de livrer un film d’action rentre-dedans assez simpliste une fois son concept exposé, et pas plus. On peut regretter qu’apparemment, le ton ai été adoucit, à la fois comparé au scénario original (qui était très critique envers l’armée) et comparé au premier montage (la fin alternative présente sur le DVD montre un final tout aussi violent, mais au ton bien plus sombre). Mais il y a clairement quelque chose d’attachant dans le spectacle assez insouciant que nous propose le réalisateur Allemand. Ce n’est pas encore totalement pyrotechnique, ça ne se prend pas totalement au sérieux comme le prouve la scène du Dinner où Van Damme peut se lâcher et faire du Van Damme à coup de coups de pieds retournés dans la face. Et puis il y a Dolph Lundgren qui vole le show et semble s’amuser comme un gamin alors qu’au départ, il en avait marre de jouer les méchants et avait auditionné pour le rôle du héros. Il est over the top, tout le temps, même quand il nous sort un rire de grand méchant, qu’il doit tuer des innocents, ou en pleine course poursuite en lançant des grenades comme un petit enfant. Ce côté over the top, au sein d’un film qui ne se prend pas la tête même si on peut y voir des restes de la critique de l’armée, et bien ça fait plaisir, et ça fait passer le métrage malgré ses nombreux défauts, et son scénario aux emprunts parfois gros (réfléchissez un instant et rappelez-vous que Terminator 2 date d’un an avant).

LES PLUS LES MOINS
♥ Dolph Lundgren en psychopathe
♥ Plutôt carré et maitrisé comme spectacle
♥ Divertissant et allant à l’essentiel
♥ Des moments étonnement violents
⊗ Des moments bien kitch
⊗ Des emprunts peu subtils
note2
De la part de Roland Emmerich, Universal Soldier surprend, se faisant plutôt solide dans sa mise en scène, et les acteurs se font plaisir. C’est parfois violent, toujours divertissant, et on pardonne donc quelques égarements qui font sourire.



Titre : Universal Soldier

Année : 1992
Durée :
1h42
Origine :
U.S.A.
Genre :
Action
Réalisation : 
Roland Emmerich
Scénario : 
Richard Rothstein, Christopher Leitch et Dean Devlin
Avec :
Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Ally Walker, Ed O’Ross, Jerry Orbach, Leon Rippy, Ralph Moeller et Robert Trebor

 Universal Soldier (1992) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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