[Film] Un Justicier dans la Ville 2, de Michael Winner (1982)

Installé à Los Angeles, Paul Kersey tente de reprendre une existence ordinaire auprès d’une journaliste aux idées progressistes et de sa fille – toujours traumatisée par les évènements de New York. Sa vie s’effondre à nouveau à la suite du viol et de la mort de sa bonne et de sa fille. Jugeant les institutions impuissantes face à son drame et à la violence urbaine, Kersey arpente les rues de Los Angeles pour exécuter les agresseurs.


Avis de Rick :
Si la Cannon Films a lancé la carrière de Dolph Lundgren (Les Maîtres de l’Univers) et de Jean Claude Van Damme (Bloodsport, Kickboxer) dans les années 80, mais aussi fait de Chuck Norris celui que l’on connait tous (Portés Disparus, Invasion USA), ils ont toujours tentés de récupérer des artistes pour se faire un peu plus d’argent. Des acteurs, des réalisateurs, des licences. Oui, il y a à la fin des années 80 le fameux Superman IV, mais au début des années 80, ils récupèrent les droits d’Un Justicier dans la Ville, alias Death Wish. L’adaptation du roman, le premier film, datait de 1974 déjà, mais qu’à cela ne tienne, nous sommes en 1982, et la Cannon récupère les droits, lancent une suite, et pour se faire, récupèrent également Michael Winner à la mise en scène (le premier film, Le Flingueur qui sera remake plus tard avec Jason Statham) et Charles Bronson pour reprendre son rôle.

Ça ira plus loin puisqu’un troisième opus sera tourné par la même équipe en 1985, Le Justicier de New York, puis en 1987 un quatrième opus (Le Justicier Braque les Dealers) mais c’est une autre histoire. Dans ses grandes lignes, ce Death Wish 2 a tout du film opportuniste (non, sans déconner ?) puisqu’il reprend, grosse modo, la même histoire que le premier, et ne change d’un minime détail, qui néanmoins change beaucoup de choses dans le fond. Enfin non, ils changent également la ville, Death Wish II se déroulera à Los Angeles. Non, ce petit détail qu’il change, et qui vient changer énormément de choses dans le fond, c’est que notre brave Charles Bronson, devenant Vigilante dans le premier pour punir les méchants (un Justicier donc) ne sera ici qu’animé par la vengeance, et donc traquera un groupe en particulier. Mais aucune double lecture ou autre ici, non non, c’est du cinéma d’exploitation direct dans ta face, sans message ni rien, Charles Bronson prend les armes pour faire justice et venger sa famille, et c’est tout. Il a bonne conscience, ces actes ne sont pas punis.

Après tout, même la police, qui pourtant au début en a après notre Vigilante moustachu, laisse rapidement tomber l’éponge, pour donner raison au justicier. Même tardivement, un témoin le laissera filer, car la vengeance, c’est bien. Et puis bien entendu, film d’exploitation du début des années 80 produit par la Cannon oblige, il faut plus de violence, plus de sang, et plus de viols, car cela veut dire, plus de nudité. Mais même à ce niveau, il est parfois très difficile de prendre le film au sérieux, et surtout, de comprendre ses intentions. Ce qui lui donne un côté décalé franchement très étrange, et nous rappelle bel et bien que oui, Un Justicier dans la Ville 2 n’est qu’un film d’exploitation, une suite faite plutôt rapidement et sans trop réfléchir. Paul Kersey, installé à Los Angeles, est maintenant en couple avec une journaliste, et sa fille se remet très doucement des événements du premier film. Jusque là, tout va bien, même si les opinions personnelles de sa fiancée font bien rire tant elles sont à l’opposé de notre moustachu tueur.

Mais lorsque le drame survient, plus rien ne va. Et à ce stade, c’est presque du grand art. Du grand art que l’on a du mal à expliquer, mais tout de même. Ce pauvre Paul, en essayant de récupérer son portefeuille qu’une bande de loubards lui vole, en rattrape un. Pas contente, la fine bande, toujours en possession du fameux portefeuille, décide de rendre visite à Paul. Mais pas de bol, seule la femme de ménage Mexicaine est présente, et va donc se faire violer, à tour de rôle, durant de très longues minutes. Le réalisateur étire le temps, fait durer le calvaire. Puis quand Paul rentre avec sa fille, il est assommé, la fille kidnappée, et celle-ci subira également le même sort. Sauf qu’elle, elle n’a droit qu’à quelques rapides secondes, sans cri, sans émotions, avant de se lever, de se défénestrer et de finir embrochée de manière gore. On peut y coir de l’effet facile, et surtout une incompréhension. Pourquoi faire durer la scène pour un personnage peu important et le rendre presque insignifiant pour la fille du héros ? Surtout que c’est bien cet élément qui va énerver notre Justicier, qui va partir en guerre pour venger sa fille, car la femme de ménage, on ne va plus du tout en entendre parler.

Notons d’ailleurs dans la bande de violeurs la présence d’un alors tout jeune et débutant Laurence Fishburne. Et Charles Bronson n’aura pas vraiment à se prendre la tête pour se venger, puisqu’il lui suffira parfois de marcher quelque peu dans la rue pour tomber sur les membres du gang, un par an, sans vraiment chercher. Les violeurs par contre semblent avoir tous été victimes de trous de mémoires, puisque certains ne le reconnaitront même pas. Seule l’efficacité compte dans le métrage, et semble intéresser Michael Winner, qui laisse alors la crédibilité mais également la narration de côté. En résulte des moments moins convaincants de jour, et immédiatement plus percutants de nuit, lorsque Bronson prend les armes. Là où le premier film tentait, parfois maladroitement, mais tout de même de mettre un message, et surtout avait la bonne idée que notre justicier ne retrouvait pas les coupables, et donc, ne pouvait pas accomplir sa vengeance, devenant alors véritablement un Justicier, arpentant les rues et vidant ses cartouches sur les pauvres âmes égarées qui avaient le malheur de commettre des crimes devant lui. Ici, malgré quelques dommages collatéraux, Bronson trouve les coupables, avec facilité, et les fais payer cher. Sans scrupules, sans hésiter. Comme une machine de guerre que rien n’arrête, et qui n’a plus de morale, ni de conscience. Et dont les quelques témoins cautionnent les actes. Pas étonnant pour le coup que l’auteur du roman original déteste les suites, qui oublient toute la substance du roman de base. Il faudra attendre que James Wan réalise Death Sentence, adaptant un autre roman de l’auteur, pour revoir une vengeance amère et qui a quelque chose à dire. Death Wish II, c’est du pur cinéma d’exploitation, toujours plus gros, bruyant et vulgaire. Et qui du coup, finit par amuser et divertir par son aspect primitif et rentre dedans. Pas franchement bon, mais distrayant dans sa proposition de cinéma.

LES PLUS LES MOINS
♥ Du pur cinéma d’exploitation
♥ Bronson prend les armes
♥ Des hasards et moments amusants
⊗ De l’exploitation pure et dure (oui, c’est une qualité et un défaut)
⊗ Peu passionnant de jour
⊗ Souvent rentre dedans et peu cohérent
note2
Un Justicier dans la Ville 2, c’est comme le premier, en moins subtil, sans message, sans grande cohérence, juste avec plus de violence, et plus de viols.



Titre : Un Justicier dans la Ville 2 – Death Wish II

Année : 1982
Durée :
1h29
Origine :
U.S.A.
Genre :
Policier
Réalisation : 
Michael Winner
Scénario : 
David Engelbach
Avec :
Charles Bronson, Jill Ireland, Vincent Gardenia, J.D. Cannon, Anthony Franciosa, Ben Frank et Laurence Fishburne

 Death Wish II (1982) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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