Ancien agent des services secrets américains, Jack Hopper apprend avec effroi que sa fille Jessica et son amie Sara Winthorpe, la fille d’un sénateur, ont été enlevées par un groupe de terroristes islamistes en Thaïlande. Ne voulant pas négocier et contre de l’avis du gouvernement, Jack décide de se rendre seul sur place et de sauver à tout prix ces adolescentes.
Avis de Cherycok :
John Woo, Tsui Hark et Ringo Lam ont tous hérités d’un film avec Jean Claude Van Damme quand ils sont arrivés aux Etats-Unis, Chasse à l’Homme (1993) pour le premier, Double Team (1997) pour le deuxième, et Risque Maximum (1996) pour le troisième. Certes, notre belge préféré n’est pas le meilleur acteur du monde, mais il a eu son heure de gloire et, dans les années 90, il générait encore de l’argent et a fait les joies des vidéoclubs. Que s’est-il passé pour que Ching Siu-Tung, réalisateur (Duel to the Death, Histoire de Fantomes Chinois) et directeur de l’action (The Heroic Trio, Shaolin Soccer) hongkongais de talent, se retrouve à la tête d’un DTV avec Steven Seagal, alors doucement mais très surement sur la pente descendante, pour sa première expérience américaine en tant que réalisateur ? Ils ont dû se dire « Encore un boulet de Hong Kong qui cherche du boulot, on n’a pas une merde à lui refiler ? Y’a pas un film avec le gros tas sur le feu là ? ». Et voilà comment un des meilleurs chorégraphes de Hong Kong se retrouve à la tête de Belly of the Beast, Un Aller pour l’Enfer par chez nous. Si si, je suis sûr que ça s’est passé comme ça.
Bien que Seagal ne soit plus aussi affuté, Belly of the Beast semble avoir été tourné avant que Seagal ne devienne un gros patapouf qui ne mérite plus son surnom de Saumon Agile. Il est ici parfois en débardeur et ne cherche pas encore à complètement cacher son embonpoint avec de longs manteaux. Il fait même encore quelques « cascades » et essaie de se donner un minimum. Mais je vous rassure, avec les nombreux plans dans les combats où il est de dos et où on ne cadre pas sa tête, on comprend vite qu’il est très souvent doublé même si, il fait encore quelques enchainements et, lors des gros plans, il fait encore son fameux moulinés de bras et balance quelques patates de forains. Comment Ching Siu-Tung est arrivé à le motiver, c’est un mystère, mais une chose est sure, c’est qu’il est arrivé à en tirer quelque chose. Je tiens également à vous rassurer sur un autre point, Steven arbore toujours sa petite queue de cheval dégueulasse qui ressemble parfois à un mulet frisé ridicule. Je vous rassure encore, du haut de ses 50 ans et de ses 115 kilos, il emballe sans souci des jolies thaïlandaises de 22 ans de 45kg toutes mouillées. Quel charmeur ce Steven. Et enfin, histoire de toujours vous rassurer, Steven est toujours aussi expressif qu’une patate, arborant à peu près 2 expressions différentes tout au plus durant 1h30. Ici, Seagal, il n’est déjà pas très bien parce que sa femme est morte. Mais alors, lorsque des trafiquants thaïlandais (oui, ça se passe en Thaïlande) décident de capturer un groupe de jeunes qui prennent du bon temps en pleine nature et que la fille de Steven faisait partie de ces jeunes, il va voir tout rouge et vouloir péter des gueules. Ah ben on est dans un Seagal hein, fallait pas s’attendre à un scénario qui tient sur autre chose qu’un post-it.
Là où Ching Siu-Tung entre en jeu, c’est au niveau de la mise en scène, et en toute objectivité, ça tient la route, en particulier les scènes d’action qui au moins sont plutôt agréables à regarder avec un Siu-Tung qui semble avoir tenu à ce que ça ressemble à ce qui se faisait à Hong Kong. Ralentis stylisés, cascades, dynamisme lors des échanges de coups de feu, ce n’est pas du grand art mais au moins ça ressemble à quelque chose, et ça on ne l’avait pas vu depuis plusieurs films de Seagal. Même chose pour les combats mano à mano, où il arrive même à mettre quelques personnages virevoltants (sa spécialité) via quelques subterfuges, et clairement on passe un bon moment devant. Comment s’est-il débrouillé, je l’ignore, mais Ching Siu-Tung semble avoir réussi à imposer aux producteurs sa façon hongkongaise de voir les choses en ce qui concerne l’action, ça se ressent jusque dans la mise en scène de cette dernière avec des cadrages parfois inventifs et du dynamisme. On pourra par contre rigoler du scénario, déjà ultra simple à la base, mais qui part en cacahuète lorsqu’il fait intervenir un sorcier vaudou qui va faire des misères à Seagal à distance, alors en plein combat, avec des aiguilles dans une poupée. Notons également un love interest qui ne semble être là que pour du remplissage et un peu de nudité. Et, Thaïlande oblige, comme on n’est pas à un cliché près, on a même droit à un combattant transsexuel. Oui, il y a moyen de se marrer dès qu’on sort des combats.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les scènes d’action ♥ Seagal s’implique un peu plus ♥ Parfois involontairement drôle ♥ Correctement mis en scène |
⊗ Le jeu de Seagal ⊗ Scénario pas du tout crédible ⊗ Un casting souvent aux fraises |
Alors qu’on commençait à s’enfoncer dans les bas-fonds de la filmographie de Seagal, Un Aller pour l’Enfer semble être un petit baroud d’honneur avant de reprendre la descente vers les enfers cinématographiques. Ce n’est pas bon, mais ça reste étonnamment regardable. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Siu-Tung Ching aurait filmé la plupart des scènes d’action sans la participation de Steven Seagal, choisissant de filmer les plans de Seagal en dernier, mais un conflit est apparu lorsque Seagal a insisté pour filmer ses plans d’une manière qui ne s’adaptait pas aux séquences existantes. Ching aurait quitté le plateau en emmenant son équipe de cascadeurs et en invitant Seagal à terminer les scènes tout seul. Cela a mis en colère les producteurs, qui ont convaincu Seagal d’accepter l’approche de Ching.
Titre : Un Aller pour l’Enfer / Belly of the Beast
Année : 2003
Durée : 1h28
Origine : U.S.A / Hong Kong / Thaïlande
Genre : Mon Seagal chez les thaïlandaises
Réalisateur : Ching Siu-Tung
Scénario : Thomas Fenton, Steven Seagal, James Townsend
Acteurs : Steven Seagal, Byron Mann, Monica Lo, Tom Wu, Sara Malakul Lane, Patrick Robinson, Vincent Riotta, Norman Veeratum, Elidh MacQueen, Siu Tung Chan