[Film] Triple 9, de John Hillcoat (2016)

Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu’il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l’inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l’un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l’équipe d’effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu’une seule issue : détourner l’attention de l’ensemble des forces de police en déclenchant un code « 999 » – signifiant « Un policier est à terre ». Mais rien ne se passe comme prévu…


Avis de Cherycok :
John Hillcoat fait partie de cette vague de réalisateurs australiens venus tenter leur chance aux States. Après le western à petit budget The Proposal en 2005, il se fait connaître du public en 2009 avec The Road, road movie post-apocalyptique mettant en scène l’excellent Viggo Mortensen. Un film qui divise mais possédant néanmoins de très grandes qualités. En 2012, on le retrouve aux commandes du film de gangsters se déroulant dans les années 30 Des Hommes sans Loi. Trois films mettant en scène des personnages qui évoluent dans un monde sombre et violent, avec un côté réaliste toujours poussé. Son dernier film en date, Triple 9, continue dans cette lancée mais situe son histoire dans un contexte contemporain, dans un Atlanta sans foi ni loi, où la mafia corrompt tout ce qui est corruptible, où les cartels mexicains font la loi dans les banlieues, où les flics ne savent plus où donner de la tête, où la limite entre le bien et le mal devient soudainement très floue. Et comme dans ses précédents métrages, John Hillcoat fait preuve d’une modestie qui fait plaisir à voir. Là où d’autres essaient d’en faire toujours plus dans la surenchère, Triple 9 ne pète jamais plus haut que son cul et se contente de son statut assumé de série B efficace. Car oui, malgré pas mal de petits défauts évidents, le film fait le job, et il le faut plutôt bien.

Malgré l’absence d’une grosse tête d’affiche, le casting de Triple 9 est des plus classieux. Casey Affleck (Les Brasiers de la Colère, The Finest Hours), Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave), Anthony Mackie (Falcon dans l’univers Marvel), Aaron Paul (la série Breaking Bad), Norman Reedus (la série The Walking Dead), Gal Gadot (Batman vs Superman, Fast and Furious 4, 5, 6, 7), Woody Harrelson (Tueurs Nés, Bienvenue à Zombieland), Teresa Palmer (Warm Bodies, Dans le Noir) et Kate Winslet (Titanic),… John Hillcoat a su s’entourer d’acteurs de talent, même s’ils ne faisaient pas tous partie du casting originel qui a dû être modifié pour cause d’incompatibilité de planning (on parle de Shia LaBeouf ou encore Charlie Hunnam). Et pourtant, lorsqu’on voit Kate Winslet -oui Rose de Titanic- à contre-emploi, méconnaissable en chef de la mafia russo-israélienne badass, ou le sous-estimé Casey Affleck en flic à la cool mâchant du chewing-gum à longueur de journée, on se dit qu’on n’a pas perdu au change tant leurs personnages semblent les habiter. Bien entendu, on ne va pas éviter certains clichés, surtout en ce qui concerne les cartels mexicains, mais quand on prend le film dans son ensemble, on se rend compte que le problème devient assez minime.
Beaucoup de personnages dans Triple 9 donc, et du coup certains auront l’impression que le film part un peu dans tous les sens. Et c’est vrai que l’ensemble pourra paraitre durant les premières minutes un peu décousu, voire brouillon. Mais au fur et à mesure que le film avance, et que le nombre de personnages va se voir drastiquement diminuer (à commencer par Norman Reedus, crédité en gros sur la jaquette et à peine 10 minutes de temps de présence à l’écran), on gagnera en lisibilité. Mais c’est étrangement à partir de ce moment-là que Triple 9 va perdre de sa force.

Toute la première partie, lancée par l’impressionnant braquage ainsi que la fuite des bandits, fait preuve d’une réelle intensité. Les histoires et les sous-intrigues s’entremêlent, dans un univers rempli de violence, avec des scènes d’action d’une efficacité redoutable et captivantes de bout en bout. Puis le film se calme et nous dépeint un univers de la corruption qui fait froid dans le dos, où la Police est un gang comme les autres, où la mafia contrôle absolument tout, sorte de chaos général où les règles ne sont là que pour faire illusion. La mise en scène de John Hillcoat va d’ailleurs dans ce sens-là. Sans égaler celle d’un Sicario de Villeneuve en termes de visuel et d’ambiance sonore, on nage constamment dans une ambiance noire et nihiliste, même si le réalisateur semble ne jamais vouloir franchir la barrière du jusqu’auboutisme. Et c’est dommage car en allant un peu plus loin, Triple 9 aurait gagné un côté encore plus percutant, une qualité qu’il possède déjà mais qui semble bridée.
Et puis arrive la dernière partie du film, pas forcément ratée mais bien en deçà de ce qui précède, avec un côté bien plus linéaire qui prend le dessus. Les morts vont s’enchainer une à une, un peu comme s’il fallait rapidement en finir et qu’on ne savait pas forcément comment se débarrasser de certains personnages, avec un côté prévisible qui va un peu lui porter tort. Et du coup, on s’interroge. Est-ce que le film aurait dû être un peu plus long en s’attardant un peu plus sur ses scènes dans sa dernière partie ? Est-ce que le film aurait mérité d’être un peu plus court, justement pour que cette dernière partie dénote moins malgré une dernière scène d’action très maitrisée ? Il est assez difficile de répondre à ça mais en l’état, il est clair qu’on ne dépasse pas le stade de série B haut de gamme.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les scènes d’action
♥ Les acteurs
♥ L’ambiance
⊗ La dernière partie, moins bonne
⊗ Manque d’originalité
Triple 9 ne révolutionne aucunement le genre. Mais avec sa bonne réalisation, son ambiance oppressante, son casting de luxe et sa modestie assumée, il n’en demeure pas moins un polar solide qui ne pêche réellement que par sa dernière partie.



Titre : Triple 9
Année : 2016
Durée : 1h56
Origine : U.S.A
Genre : Thriller / Action
Réalisateur : John Hillcoat
Scénario : Matt Cook

Acteurs : Casey Affleck, Anthony Mackie, Kate Winslet, Woody Harrelson, Chiwitel Ejiofor, Norman Reedus, Aaron Paul, Clifton Collins Jr, Teresa Palmer

 Triple 9 (2016) on IMDb















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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