Selon une très vieille légende japonaise, dans la région du Kanto, là où se situe l’actuelle capitale, Masakado tenta de créer une paisible et vaste ville, mais il fut assassiné avant de voir son rêve s’accomplir. Toujours selon la légende, l’esprit de Masakado, veille aujourd’hui sur la ville de Tokyo. Quiconque oserait le déranger serait maudit pour le reste de ses jours. Kato, un obscur personnage adepte de la magie noire, enlève Yukari Tatsumiya, une douce et innocente jeune fille, pour des raisons inconnues. L’entourage de Yukari pense voir un lien entre l’apparition de Kato et la légende de Masakado… Sauvée des griffes de Kato, Yukari essaye de retrouver une vie normale, mais sa santé se dégrade de jour en jour. C’est alors qu’elle tombe mystérieusement enceinte…
Avis de Vince2dub :
Le film d’Akio Jissoji est tiré du roman d’Hiroshi Aramata, Tokyo : The Last Megalopolis, qui a donné naissance également, en 1991, à une excellente série animée réalisée par Rintaro, de quatre épisodes. Gros budget réalisé à la fin des années 80, Tokyo : The Last Megalopolis, s’avère être un bon film de science-fiction, mélangeant habilement croyances anciennes, magies et technologies, le tout servi par une mise en scène efficace et un jeu d’acteur par moments étonnant.
Le principal point fort du film réside dans l’atmosphère étrange et sombre que le réalisateur a réussi à créer et à maintenir tout le long du métrage. Les décors en studios sont bien faits, parfois grandioses et impressionnants. Les jeux de lumière les mettent souvent en valeur et sont parfaitement maîtrisés. L’esthétique est donc quasi constante et plonge dès les premières minutes le spectateur au cœur d’un japon fantastique et inquiétant, au début des années folles. À l’exception du carton déroulant donnant le contexte général au début du générique, le film se passe de prologue ou d’introduction importante. Le spectateur doit rentrer dans l’histoire immédiatement et se familiariser avec de nombreux personnages. Exercice qui peut se révéler difficile pour celui ou celle qui ne connaît absolument pas l’histoire. Les ellipses sont nombreuses et le scénario s’attarde moins sur les liens qui unissent les personnages que le roman ou l’animé, mettant ainsi en avant l’action et le fantastique de l’intrigue. La série animée de Rintaro est d’ailleurs un très bon complément, car elle développe plusieurs passages, comme le passé de Kato par exemple, que le film a mis sciemment de côté…
Seul bémol du film aujourd’hui : les effets spéciaux qui ont malheureusement vieilli ! L’incontournable image par image, pour animer des démons miniatures ou l’utilisation oubliée de la maquette comme décor destructible risque certainement d’en refroidir plus d’un. Mais cela peut être une bonne façon d’appréhender l’histoire et l’évolution des effets spéciaux, pour peu qu’on s’y intéresse bien sûr, et voir à quel point ces derniers demandaient un temps, une patience et un talent considérables pour leur mise en œuvre… Envoûtant et particulièrement sombre, Tokyo : The Last Megalopolis est un film à découvrir et à savourer autant pour son univers particulier que pour son jeu d’acteurs. Le glacial et génial Kyusaku Shimada, qui incarne Yasunori Kato, est une véritable « gueule » de cinéma. À noter également la présence, un peu effacée, de Jo Shishido, comédien phénoménal et acteur fétiche, dans les années 60, de Seijun Suzuki (Youth of the Beast en 1963, Gate of Flesh en 1964 ou encore Branded to Kill en 1967) …
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Mise en scène efficace ♥ Le jeu des acteurs ♥ L’atmosphère générale |
⊗ Des CGI qui ont bien vieilli |
Devenu un classique du fantastique japonais, Tokyo : The Last Megalopolis mériterait aujourd’hui une nouvelle adaptation. C’est, en tout cas, ce que l’on espère avec patience et jubilation… |
Titre : Tokyo : The Last Megalopolis / 帝都物語
Année : 1989
Durée : 2h15
Origine : Japon
Genre : Thriller horrifique
Réalisateur : Akio Jissoji
Scénario : Kaizo Hayashi, Hiroshi Aramata
Acteurs : Shintaro Katsu, Kyûsaku Shimada, Mieko Harada, Junichi Ishida, Shirô Sano, Kôji Takahashi, Haruka Sugata, Kô Nishimura, Ken Teraizumi