[Film] This Child is Evil, de Kataoka Shô (2022)

Il y a cinq ans, un terrible accident de voiture a brisé une famille. La mère Mayuko est dans un état végétatif, le père Shiro s’est blessé à la jambe droite, la jeune sœur Runa a été grièvement brulée au visage et Hana est atteinte psychologiquement. Jun, un jeune garçon du quartier, essaye de se rapprocher d’Hana, puisqu’il a des souci familiaux un peu identiques avec sa mère. Mais un beau matin, Mayuko rentre enfin à la maison, réveillée de son état végétatif…


Avis de Rick :
Avec Konoko Wa Jaaku, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, si ce n’est que le réalisateur, Kataoka Shô, avait déjà signé le film Noise peu de temps avant. Non, pas le même Noise sorti chez Spectrum. Mais dés les premiers instants, une ambiance pesante et étrange se pose devant nos yeux et donne envie d’en voir plus, d’en savoir plus, de comprendre les petits et grands mystères que referment l’œuvre. Une introduction poignante, surprenante et qui donne envie, c’est la clé pour intéresser en quelques minutes et nous accrocher. Excellent point. Surtout que l’intérêt ne faiblira pas, le métrage sachant ménager ses effets, jouer sur l’attente, sur l’ambiance, et poser une galerie de personnages qui interroge à l’écran, et ce même si l’on peut très rapidement pointer du doigt des influences évidentes. Heureusement pour ne pas arriver ou presque à la même finalité, et malgré tout avec un certain savoir faire pour faire passer la pilule. Mais très rapidement, en réalité dés les premières minutes, comment ne pas faire le rapprochement avec le cinéma de Jordan Peele, et en particulier ses deux premiers métrages, Get Out et Us. Entre la cellule familiale aux relations parfois étranges, la petite fille portant constamment un masque, la présence un peu partout de lapins. Cela continuera, notamment lors du dénouement, même si là, le métrage se retrouve dans une position assez étrange : il assume son délire (c’est bien d’assumer) mais va parfois tellement loin que le ridicule n’est pas loin (c’est déjà moins bien). Mais voilà, il fallait le dire, les amateurs du cinéma de Jordan Peele seront en terrain connu, et ce pour le meilleur, mais également pour le pire.

Heureusement pour lui, il ne se contente pas de recopier bêtement la formule, et développe au cœur de ce récit aux ramifications parfois connues et donc attendues de vrais personnages, et surtout met tout ça au service d’une mise en scène malgré tout solide et ne jouant pas toujours dans la même cour. Heureusement oui. Pas parfait, mais l’intention est louable lorsque l’on se prend au jeu, et que l’on tente par nous-même de percer les petits et grands secrets de la famille du film. Une famille normale, qui devrait être encore plus soudée après un triste accident qui a laissé des séquelles chez chaque membre. Des séquelles physiques chez la plupart, la petite sœur étant brûlée et cachant son visage derrière un masque, le père boitant constamment, et la mère étant toujours à l’hôpital, cinq ans après. Et psychologique, chez la grande sœur faisant office de personnage principal, rapidement approchée par un jeune homme du quartier, puisque lui aussi, au niveau familial, c’est compliqué. Mais un beau matin, c’est la surprise générale, puisque la mère revient alors, après cinq ans de coma. Mais elle semble différente, et Hana doute alors. La personne qui est revenue est-elle vraiment sa mère ? Le coma l’a-t-elle changé ? Ou bien un mal bien plus coriace et étrange est-il à l’œuvre ? Voilà pour la base générale de l’intrigue, qui va dans un premier temps cultiver l’ambiance, les non-dits, les pistes et fausses pistes, prenant son temps pour clairement bien installer ses enjeux, ses personnages, les différents éléments importants de son intrigue. C’est clairement la voie du thriller qui est prise, et ma foi, ça fonctionne plutôt très bien.

Minimaliste et appliqué, sans fausses notes, agréable à l’œil dans sa technique, rythmé narrativement. Avant que le métrage ne change alors de bords, d’ambiance, de ton, lors de sa dernière partie, plus bancale, plus brouillonne, et souvent oui, un peu à la frontière du ridicule. Ce changement, il pourra amuser, mais il pourra aussi déstabiliser, rebuter, voire être rejeté, ce qui fut par moment apparemment le cas, le film ne bénéficiant pas toujours de bon avis, notamment à cause de son final. Mais le réalisateur, également scénariste d’ailleurs, il n’en a que faire de tout ça, il y croit et il fonce à fond dans la direction voulue quitte à larguer quelques spectateurs en cours de route, à coups de twists, de violence, de nouveaux twists, et j’en passe. Le thriller d’atmosphère au rythme lent et posé devant alors dans un sens un véritable film d’horreur, toujours aux influences marquées, mais qui en deviendrait presque touchant lorsque l’on voit l’énergie déployée et à quel point le réalisateur et le reste de l’équipe semble y croire et ne recule devant rien. Quoi qu’on en pense d’ailleurs, on notera que ce final possède quelques images pouvant marquer, et que son fond soit satisfaisant ou pas (suivant le spectateur), il boucle au moins la boucle en venant expliquer tout ce bordel vu précédemment. Qu’importe les choix encore une fois, il les assume jusqu’au bout. C’est tout à son honneur. S’il est bancal, il m’aura fait passer un bon moment, et c’est le principal.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une ambiance réussie
♥ Quelques images marquantes
♥ Le mystère familial se suit bien
♥ Le film assume ses choix
⊗ Les influences marquées pourront en déranger certains
⊗ Un final plus fragile et banca
note2
This Child is Evil, thriller familial très influence par les premiers films de Jordan Peele, est intéressant et plutôt bien rodé, en plus d’être bien filmé, même si en assumant ses choix, il frôle plus d’une fois le ridicule et ne plaira alors pas à tous.


Titre : This Child is Evil – Konoko Wa Jaaku – この子は邪悪
Année : 2022
Durée :
1h39
Origine :
Japon
Genre :
Thriller
Réalisation :
Kataoka Shô
Scénario :
Kataoka Shô
Avec :
Minami Sara, Onishi Ryusei, Sakurai Yuki, Tamaki Hiroshi, Ninomiya Ryutaro, Inagawa Miyoko et Sakuragi Rina
This Child Is Evil (2022) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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