[Film] The Yin-Yang Master : Dream of Eternity, de Guo Jingming (2021)


Lorsqu’un serpent démoniaque se réveille, les maîtres Yin-Yang doivent enquêter sur un meurtre mystérieux et protéger leurs royaumes d’un complot à la cité impériale.


Avis de Iris :
The Yin-Yang Master : Dream Of Eternity est le nouveau long métrage écrit et réalisé par Guo Jinming qui a connu un certain succès avec sa saga de romans Tiny Times dont il avait lui-même réalisé les adaptations au cinéma entre 2013 et 2015. Cette fois-ci, il a choisi d’adapter la série de romans japonais Onmyoji écrits par Baku Yumemakura à partir 1986. Cette série qui se poursuit toujours raconte l’histoire d’Abe no Seimei, plus célèbre maître du yin et du yang de l’époque de Heian, et ses rencontres avec des démons et autres esprits maléfiques. Très populaire cette saga a été adaptée plusieurs fois en manga, séries télé et jeux vidéo. Le film est sorti en Chine en décembre 2020 et les droits ont été achetés par Netflix avant sa sortie en salles. Sitôt la bande annonce disponible, on s’attend à une déferlante d’effets spéciaux et à une épopée féérique. Promesse tenue ? Eh bien oui, carrément !

Nous suivons l’histoire de Qing Ming, un jeune maître yin-yang apprenti assez prometteur mais dont le seul défaut est de ne pas parvenir à maîtriser le sort de protection. Lorsque son maître est attaqué par l’ombre du serpent maléfique, le plus puissant et dangereux démon au monde, il lui confie un ultime secret avant de mourir : le serpent maléfique, né du désir des hommes, a été fait prisonnier il y a des siècles par quatre maîtres et est actuellement gardé au sein de la Cité Impériale par quatre gardiens de pierre. L’ombre qui vient de les attaquer signifie une chose : quelqu’un est en train de tenter de le réveiller. Qing Ming, désormais le maître yin-yang, doit se rendre à la Cité Impériale et tout faire pour empêcher ce réveil sous peine d’un grand désastre. Il rencontrera sur place trois autres maîtres : Bo Ya, Longye et Hongruo ainsi que le prêtre du palais He Shouyue qui sera installé sur ordre de l’Impératrice à la place de maître Hongruo assassiné dans son sommeil. Les quatre maîtres devront donc enquêter sur sa mort tout en travaillant pour réveiller les quatre gardiens de pierre et empêcher le réveil du serpent.

N’ayant lu aucun des romans de Yumemakura ni aucun des mangas, je ne me prononcerai donc en rien sur la fidélité du métrage à son matériau de base. Cela m’évitera peut-être l’arrachage de cheveux et c’est tant mieux. Quoi qu’il en soit, le film de Guo Jingming nous plonge d’entrée de jeu dans un univers fantastique mêlant philosophie chinoise, yin-yang, maîtrise des éléments, démonologie, arts martiaux, exorcismes fangshi et intrigues de palais. Et tous ces éléments se retrouveront tout au long du métrage, portés par un casting aux petits oignons et une photographie superbe. On est très vite frappé tant par la beauté des images que par celle des acteurs. Que ce soit Mark Chao (Detective Dee 2 et 3, Chroniques du Royaume des Esprits), Deng Lun (plutôt acteur de séries TV) ou Wang Duo (L.O.R.D: Legend of Ravaging Dynasties 2, également de Guo Jinming), tous sont juste magnifiques. Mais celle qui illumine littéralement le film n’est autre que la divine Ziwen Wang (aka Olivia Wang), sublime en princesse à la fois intrigante et meurtrie. Ils servent à merveille des personnages à la profondeur bien travaillée et sont justes dans leur jeu. Les costumes, coiffures et maquillages sont impeccables. En termes de visuel, c’est un sans-faute, les images sont splendides, les paysages fabuleux et les reconstitutions de la cité impériale et du palais sont vraiment soignées. Le tout fait ressortir un réel envoûtement et, malgré l’ambiance, il se dégage du métrage une poésie certaine et une sérénité réconfortante. Il faut dire que le rythme du film est assez lent, presqu’un peu contemplatif parfois, ce qui peut en rebuter ou ennuyer certains. Pour ma part, j’ai trouvé cela juste apaisant, enivrant. L’histoire classique d’une rivalité qui se transforme en une réelle amitié et une grande loyauté ainsi qu’une histoire d’amour séculaire viennent rajouter au côté héroïque. La bande originale de Kenji Kawai (Ring, Avalon, Detective Dee, IP Man 1 et 2) est également à saluer car elle rehausse le tout sans être trop prégnante. Bref, en termes de visuel et d’ambiance, Yin Yang master : Dream of Eternity est une véritable invitation au voyage.

La mise en scène est également soignée et les quelques combats sont chorégraphiés de façon plaisante et poétique à la fois. On n’a jamais de véritable « punch » mais je ne suis pas certaine que cela desserve vraiment l’action. C’est aérien, même virevoltant et c’est maitrisé.
Il n’empêche que le film n’est pas exempt de défauts et quelques-uns sont plus gênants que d’autres. Si dans l’ensemble les CGI sont bien meilleurs que ce à quoi l’on pouvait s’attendre d’une production chinoise, et n’ont pas à rougir face à certains blockbusters d’outre-Atlantique, d’autres sont tout de même en deçà (certains fonds-verts très présents, certaines animations moins bien maitrisées ou tombant à plat), mais le trailer nous y avait préparés et pour ma part cela ne m’a pas trop sortie du film. Et s’il fallait chipoter davantage, on dirait que l’utilisation de quelques flash-back à base de scènes précédentes du film-même n’est pas très utile, n’apporte pas grand-chose à l’histoire et rallonge artificiellement la durée du métrage qui n’aurait pas souffert d’être un poil raccourci.

LES PLUS LES MOINS
♥ La magie
♥ La photographie
♥ Le casting
♥ La musique
♥ Les combats
⊗ Certains CGI
⊗ Des flash-back inutiles
The Yin-Yang Master : Dream of Eternity est un film maitrisé, incroyablement beau, au rythme lent au service d’une histoire qui nous transporte. En ce début 2021, il vaut clairement le détour.

LE SAVIEZ VOUS ?
• un autre film nous contant les exploits de Bo Ya et de Qing ming, The Yinyang Master produit par les producteurs des Detective Dee, est sorti en Chine le 12 février 2021, adaptation cette fois-ci du jeu vidéo Onmyoji lui-même adapté des romans de Baku Yumemakura avec notamment Nicky Li Chung-Chi (une série de films longue comme le bras à son actif) en stunt coordinator.
• Le rôle de « Boya » est à la base de 80% des scènes d’action du film. L’équipe du film a spécialement assigné à Deng Lun un entraîneur personnel de fitness comme assistant. Pendant le tournage, il a suivi rigoureusement le régime de remise en forme (« eau pure bouillie, seulement un peu de sel de mer dans la soupe ») pendant 8 mois. Il a également gagné 5 kg de muscles supplémentaires pour le rôle grâce à un entraînement épuisant.


Titre : The Yin-Yang Master : Dream of Eternity
Année : 2021
Durée : 2h12
Origine : Chine
Genre : qui fait du bien !
Réalisateur : Guo Jingming
Scénario : Guo Jingming

Acteurs : Mark Chao, Deng Lun, Wang Duo, Olivia Wang, Jessie Li, Sun Chenjun, Xu Kaicheng, Jusper, Lu Zhanxiang, Qing Wang, Li Yu-Su

 The Yin-Yang Master: Dream of Eternity (2020) on IMDb


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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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