[Film] The Witch Part 1 The Subversion, de Park Hoon-Jung (2018)

Une agence a modifié génétiquement plusieurs enfants pour les doter d’habiletés uniques. Une nuit, des assassins débarquent pour mettre fin au programme et exterminer les enfants mais une fille douée de pouvoirs télékinétiques, Ja-yoon, s’échappe et trouve refuge dans une famille qui l’élève. Dix ans plus tard, elle ne se rappelle plus rien de son passé et participe à un concours national de chant où elle dévoile accidentellement ses pouvoirs. Elle est ainsi repérée par ses poursuivants tenaces qui la traquent depuis tout ce temps et se retrouvent prise en chasse par certains de ses semblables possédant des dons.


Avis de Rick :
Si à ses débuts comme scénariste, Park Hoon-Jung ne m’avait guère convaincu, même s’il semblait avoir convaincu par contre une bonne partie du public facilement impressionnable avec J’Ai Rencontré le Diable, je dois bien avouer qu’en tant que réalisateur, sans pour autant faire preuve de génie, je le trouve déjà bien plus convaincant et appliqué. Son polar New World, qui date mine de rien déjà de 2013, m’avait fait bonne impression, en prenant son temps, en développant ses personnages, et en délivrant mi-parcours quelques scènes bien tendues du slip. Mais je n’avais pour autant pas suivi la suite de sa carrière, tout simplement car en France, les distributeurs avaient décidé de le bouder. C’est ainsi. Mais avec la sortie en Corée de The Witch Part 2 en 2022, je me suis tout simplement rappelé de l’existence du premier métrage, qui date déjà lui de 2018, et qui attendait sagement un élan de motivation. Qui arriva. Est-ce que ça valait le coup de se lancer sur un coup de tête, à une heure où beaucoup de films misent sur l’aspect gore et sanglant (The Sadness, Terrifier 2, Project Wolf Hunting), avant même de vouloir livrer de vrais bons films solides de A à Z ? Et bien ma foi, plutôt, car cette première partie de ce qui est plus ou moins annoncé comme une trilogie fut une bonne surprise. Un film certes sanglant (Coréen dirons les mauvaises langues donc), durant certes deux heures ce qui est toujours moins que les standards Coréens d’il y a quelques années, mais qui ne se limite pas à un étalage de sauce tomate sur les murs sur toute sa durée. Si j’ai trouvé The Witch Part 1 efficace et prenant, c’est avant tout car il sait distiller ses effets, les diluer dans son intrigue et donc ne pas paraitre totalement gratuit. Ce qui ne veut pas dire que le métrage soit parfait, il se fait même parfois bancal, avec une utilisation parfois maladroite de quelques CGI, qui néanmoins peuvent facilement s’excuser ici par le contexte surnaturel de son intrigue.

On s’en doutait de toute façon, avec un titre comme The Witch, la sorcière donc. Sorcière, vraiment ? Pas vraiment en fait. Mais dés le départ en tout cas, le métrage sait capter notre attention, grâce à une gestion plutôt habile de la caméra, et une envie de poser une ambiance, lourde, via la musique, les cadrages, et ça fonctionne. L’intrigue ? Ja-Yoon fut poursuivie enfant par un groupe de tueur, et sera recueillie par une famille qui va l’élever. Les années passent, la jeune femme devenue adolescente a tout oublié des tristes événements, du pourquoi du comment, et alors qu’elle écoute les conseils de sa meilleure amie pour participer à une émission de télé et gagner un prix qui lui permettrait de soigner sa mère adoptive malade, elle est repérée par l’organisation qui en avait après elle, et la traque peut reprendre, ce qui va ramener des souvenirs douloureux chez la jeune femme, modifiée génétiquement pour devenir une arme, et qui s’avère donc finalement mortelle, encore plus que ceux la traquant. Qui est donc le chasseur et le chassé ? Ces données vont changer au fur et à mesure du film. Les enfants modifiés génétiquement pour en faire des armes, ce n’est pas nouveau. Les films avec des organisations traquant des personnages, ce n’est pas nouveau non plus. Et soyons honnêtes, The Witch, sa première partie du moins, ne raconte rien de véritablement nouveau. Mais en prenant le temps de poser ses personnages et ses enjeux, il parvient à intéresser le spectateur. On pourra même dire que la première heure s’avère extrêmement calme, Ja-Yoon ayant clairement le rôle de la jeune femme traquée, avec des pouvoirs dormants comme le prouve son audition en live où elle fera léviter un micro, mais une jeune femme innocente, aimant sa famille et ses amis. Jusqu’à la fameuse scène qui fera tout basculer, et où on se rend clairement compte que son sous visage innocent se cache finalement quelque chose de bien plus dangereux. Le métrage de Park Hoon-Jung joue donc au départ sur le suspense, en établissant des menaces, des mystères, et en nous donnant quelques clés, certes évidentes, mais appréciables.

Jusqu’au point de rupture, avec une scène rappelant d’ailleurs les moments les plus tendus de New World (bon point donc), et qui fait alors basculer le métrage vers de nouveaux genres, un peu plus fantaisistes, et surtout bien plus violents. Et ça fonctionne, si l’on excepte ses personnages faisant des sauts dignes de super héros, et en CGI, pour un résultat tout sauf naturel. Et son final, quelque peu à rallonge, histoire d’annoncer que oui, l’intrigue n’est pas terminée et qu’il faudra bien faire une suite, existant maintenant donc. Mais le film se lâche totalement, se fait hyper généreux une fois qu’il a révélé tout ce qu’il avait révélé, et part dans une violence frontale qui fait plaisir, puisqu’arrivant un peu comme une récompense arrivé à ce stade de l’intrigue, et non pas comme une bête accumulation histoire d’ameuter l’amateur. Soulignons d’ailleurs la prestation de Kim Da-Mi dans le rôle principal, puisqu’elle a un rôle plus complexe qu’on pourrait ne le penser, et qu’elle est totalement investie. Je ne serais pas aussi gentil envers celui présenté d’office comme le principal antagoniste du métrage, avec sa coupe de cheveux de beau gosse comme c’est bien trop souvent le cas en Corée, et parfois moins convaincant, mais rien de dramatique malgré tout. The Witch Part 1 veut parfois en faire trop, s’étire un poil dans son dernier tier, mais se fait finalement un très honnête divertissement, à la croisée entre plusieurs genres, en se renouvelant au fur et à mesure, et évitant donc au final de n’être qu’un banal thriller de plus au pays du matin calme. Et c’est appréciable, surtout quand ça reste solide, malgré ses défauts. On conseille donc !

LES PLUS LES MOINS
♥ Une ambiance réussie
♥ Un film qui sait prendre son temps
♥ Kim Da-Mi dans le rôle principal, convaincante
♥ Une seconde heure plus musclée et sanglante
♥ Joliment photographié
♥ La musique contribue pas mal à l’ambiance
⊗ Un dernier tiers qui tire un peu en longueur
⊗ Quelques CGI peu naturels
⊗ Tous les acteurs ne sont pas du niveau de Kim Da-Mi
note6
The Witch Part 1 est un très sympathique divertissement, alternant les genres, prenant son temps pour poser ses enjeux et ses personnages, avant de se lâcher un peu plus. Parfois tendu et plein de tension, parfois violent et bourré d’action, c’est encourageant pour la suite. Enfin, c’était…


Titre : The Witch Part 1 The Subversion – 마녀
Année : 2018
Durée :
2h05
Origine :
Corée du Sud
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Park Hoon-Jung
Scénario :
Park Hoon-Jung
Avec :
Kim Da-Mi, Jo Min-Su, Choi Woo-Shik, Park Hee-Soon, Go Min-Si, Choi Jung-Woo, Oh Mi-Hee, Jung Da-Eun et Kim Byeong-Ok

 Manyeo (2018) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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