L’action se déroule pendant la dynastie Ming. Le prince Qi tente de s’emparer du trône en exécutant le prince héritier. La seule chose qui se dresse sur son chemin est un petit enfant, le seul descendant vivant du prince. L’enfant est mis en sécurité par Nie Ling’er, mais elle ne peut le garder en sécurité que jusqu’à un certain point, car elle n’est pas de taille à affronter les gardes du prince qui sont à sa recherche et à celle de l’enfant. Heureusement, elle croise le chemin d’un vendeur de charbon, Tian Anye, qui, bien qu’à contrecœur, finit par protéger Nie.
Avis de Cherycok :
Je sais bien que le petit monde du DTV chinois n’intéresse pas grand monde. C’est dommage car il se fait de plus en plus qualitatif bien que, comme partout, il faille trier. D’autant plus qu’entre les nombreuses plateformes chinoises de SVOD disponibles, il en sort plusieurs dizaines chaque mois et cela peut décourager ceux qui voudraient se lancer sans savoir par où débuter. Il commence en plus à s’exporter avec quelques sorties discrètes chez nous, en Allemagne ou aux States, bien que les choix de sorties soient parfois incompréhensibles tant il y a bien mieux que ce qui nous arrive. Alors en tant qu’aventurier du cinéma, je me suis lancé là-dedans à la recherche de ces petites bobines noyées dans la masse qui pourtant valent le détour, histoire de partager aux curieux. Après un Suspect (2024) sincèrement très dispensable, je vais vous parler aujourd’hui d’un film tout frais tout neuf qui, à l’instar de Eye for an Eye et de sa suite, vaut réellement le coup d’œil pour quiconque aime un tant soit peu le wu xia pian.
The Wild Blade of Strangers est un film qui se donne les moyens de ses ambitions, avec de gros décors, pas mal de figurants. Difficile de connaitre le budget du film mais il semblerait qu’il ait obtenu bien plus de budget que les DTV habituels. Rien que sa durée de 1h42, assez longue pour un DTV pour le streaming, montre que le film est dans une catégorie à part. Il n’a d’ailleurs pas la même structure qu’habituellement, pas de scène d’action qui donne tout d’entrée de jeu dans les 6 premières minutes pour accrocher le spectateur. On est ici plus proche d’un Brotherhood of Blades (2014) que d’un wu xia pian lambda pour la SVOD. En fait, il s’avère que c’est parce que le film a eu droit à une sortie cinéma en simultanée et que donc, peut-être, il fallait que l’ensemble paraisse un peu plus prestigieux que la normale. Mais une chose est sûre, et je le répète régulièrement, il y a clairement eu une grande amélioration dans ces films chinois pensés pour la SVOD au point que certains, dont The Wild Blade of Strangers, n’ont plus à rougir de leurs homologues hongkongais d’il y a quelques années. La mise en scène de Li Wei est sincèrement réussie, avec un réalisateur qui sait parfaitement choisir ses angles pour donner de la gueule à ses plans d’exposition afin d’immerger au mieux le spectateur. La photographie est très soignée, mettant bien en valeur la très bonne reconstitution d’époque, aussi bien dans les décors que dans les costumes. On sent que tout a été réfléchi pour que le budget soit utilisé au mieux. On regrettera malgré tout ce satané sang en CGI lors des combats qui, lorsqu’il n’est pas très bien fait (comme ici) a tendance à désacraliser certaines mises à mort. Le scénario, bien qu’au final simple et déjà vu, est néanmoins mis en boite efficacement. Li Wei prend le temps de bien poser ses enjeux, de laisser vivre ses personnages, quitte à ce que son rythme soit un peu plus lent que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Cela ne dessert à aucun moment le film qui gagne en ambiance, en tension, bien que manquant un peu de profondeur.
Les scènes d’action, principalement des combats à l’arme blanche, sont très bonnes. Bien que ça succombe parfois à l’abus de coupes dans le montage, la plupart du temps l’ensemble est très lisible, réellement dynamique, avec une envie de proposer quelque chose de beau à l’œil. Le combat à base de braises/étincelles, celui « à l’aveugle » dans la fumée, ou encore celui en ombres chinoises avec le sang qui gicle sur les portes en papier, ont un rendu réellement impressionnant à l’écran. On pourra regretter parfois l’abus de ralentis, bien que visuellement intéressants, ne permettant pas toujours de pouvoir apprécier toutes les chorégraphies souvent assez complexes. Le style y est ici tantôt très terre-à-terre, tantôt un petit peu fantastique/virevoltant, mais en laissant tomber tout aspect théâtral que peuvent avoir certains WXP pour quelque chose de plus rude, violent, sanglant parfois, le tout dans un équilibre assez subtil. Certains combattants sont parfois bien délirants, semblant sortir d’un cartoon, comme ce colosse à l’épée beaucoup trop grosse portant sur son dos un combattant nain se battant avec des dagues. On retrouve au casting Max Zhang (Master Z, The Brink) et Jiang Lu-Xia (Coweb, Bad Blood), excellents artistes martiaux qui amènent clairement une certaine légitimité aux scènes d’action. Max Zhang est arrivé trop tard dans l’industrie du cinéma de Hong Kong et on est toujours content de le voir dans un premier rôle. Dans ce personnage un peu stoïque qui ne veut pas s’impliquer dans les histoires de cour, il semble trouver un rôle qui lui convient, avec un scénario qui va nous dévoiler petit à petit les tenants à aboutissants de son histoire. C’est certes un rôle qui ne lui permet pas d’exprimer à 100% ses talents d’acteurs, mais dans les scènes martiales, ça ne déçoit pas, utilisant tout un tas d’armes différentes tout le long du film, jusqu’à cette épée gigantesque lors de la dernière partie. Jiang Lu-Xia, de son côté, nous propose un personnage plus ambigu. Bien que passant la plupart du temps voilée, nous empêchant de réellement apprécier son jeu, son rôle est plutôt intéressant, à base de semi-trahisons pour des raisons qui lui sont propres. On regrettera que son personnage ne soit pas plus présent dans les combats étant donné ce qu’est capable l’actrice martialement parlant. A n’en pas douter, s’ils continuent de choisir de tourner dans des films de cette qualité, il y a de fortes chances qu’à l’instar d’un Tse Miu ou d’un Andy On, ils arriveront à avoir une jolie petite carrière dans le DTV chinois et, pourquoi pas, dans le cinéma de Hong Kong si ce dernier venait à de nouveau rayonner.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ De bonnes scènes d’action ♥ Le casting ♥ Visuellement réussi ♥ Une bonne ambiance |
⊗ Manque de profondeur ⊗ Trop de ralentis |
The Wild Blade of Strangers est un wu xia pian de bien belle tenue qui prouve que le cinéma chinois dédiée à la SVOD en a sous le capot quand ils s’en donnent les moyens. Un bon film de sabres à ranger du côté de Eye for an Eye, Eye for an Eye 2 ou encore Dead Silence. |
Titre : The Wild Blade of Strangers / 陌路狂刀
Année : 2014
Durée : 1h42
Origine : Chine
Genre : Wu Xia Pian
Réalisateur : Li Wei
Scénario : Li Meng
Acteurs : Max Zhang, Geng Le, Xia Meng, Jiang Lu-Xia, Liu Hua, Liu Feng-Chao, Feng Lei, Zhu Shi-Mao, Ren Hao, Li Qing-Yu, Leslie Han Shuo, Yu Fan, Jia Xing-Long