Un monstre assoiffé de sang apparaît dans le voisinage d’un petit village, et toutes ses victimes meurent soit d’une malédiction, soit d’un empoisonnement. Un jeune garçon adopté nommé Wen Jie, qui ne se souvient de rien de son enfance, est tourmenté par des cauchemars qui semblent avoir un rapport avec ces attaques, mais l’enquêteur qui est sur l’affaire n’est pas sûr de savoir à qui se fier.
Avis de Cherycok :
Parfois, on n’a pas complètement le temps de voir un film. On a par exemple que 1h15 devant nous, on n’a pas envie de voir un film en deux fois, mais on a quand même envie de voir un film. C’est là que les DTV chinois entrent en jeu, surtout lorsqu’ils ne font même pas 1h15 au compteur génériques compris. Alors comme on n’a pas le temps, on en prend un au hasard, sans savoir ni de quoi ça parle, ni si c’est regardable, un peu comme on faisait à l’époque des vidéoclubs lorsqu’on choisissait à la jaquette. Mon dévolu s’est porté sur The Unbelievable, également appelé The Cases of Disappearances, sorti en 2022, dernier film en date de Lou Jie, réalisateur de The Fate of Reunion (2022) et du très sympathique Break Through (2021). 1h09, ça calait pile poil, et bien que le résultat fût assez frustrant à cause d’un gros manque de développement (1h09 en même temps…), c’était plutôt correct comme petit divertissement qui sera certes vite oublié mais qui sur le moment est plutôt honnête.
Avec The Unbelievable, on est dans le DTV chinois dans toute sa splendeur et sa décadence, avec toutes les qualités et les défauts qu’on y constate habituellement. Le film nous met immédiatement dans le bain avec une scène d’action plutôt bien troussée, quoi qu’un peu courte, et à partir de là tout va s’enchainer extrêmement vite, réduisant les scènes d’exposition à leur strict minimum, et enchainant les péripéties à vitesse grand V. C’est dégraissé au possible et il est clairement assez difficile de s’ennuyer devant un spectacle aussi rythmé. Comme très souvent, c’est également visuellement vraiment réussi. Les décors et les costumes sont très soignés, tout comme la photographie dans des tons très sombres, parfois presque (volontairement) fades. Couplé à un souci du détail, un brouillard presque omniprésent, donne une ambiance assez pesante à cette bobine dénuée d’humour et nous parlant d’un monstre faisant de nombreuses victimes et d’une malédiction étrange. Le choix du format d’image tout en longueur, plus qu’à l’accoutumée, peut paraitre au début assez étrange, mais cela apporte au final au film, renforçant ce sentiment d’ambiance parfois étouffante. Le travail de caméra est lui aussi soigné, avec un réalisateur qui s’amuse régulièrement à décentrer ses cadrages, avec de lentes rotations ou des zooms très légers. On sait que les tournages de ces DTV sont souvent très rapides car il faut enchainer, mais Luo Jie ne bâcle pas le travail et on sent un réel sérieux dans la conception de son film. The Unbelievable est tendu, le suspense bien gérée, et les séquences d’action sont sincèrement solide, avec un monstre en CGI certes parfois un peu approximatifs mais qui fait néanmoins ce qu’on lui demande.
Le problème de ce dégraissage à outrance pour arriver à une si courte durée, c’est que ce qu’on gagne en rythme et en intensité, on le perd en développement. On perd en développement des personnages déjà qui, bien que bien interprétés avec des acteurs qui s’investissent du mieux qu’ils peuvent, ne sont du coup que peu attachants. Deux protagonistes principaux perdent leur père rapidement dans le film, et à aucun moment on ne ressent une once de tristesse pour eux, et ce même lorsque le film en fait des tonnes avec des violons bien forts nous faisant comprendre que « c’est triste là, verse ta larmichette ». On perd également en développement du scénario car il y a beaucoup d’éléments dans le film. Une bête tueuse, des expérimentations médicales, une sinistre société secrète, des laboratoires souterrains, une enquête, un grand méchant mais y’a-t-il vraiment la place pour tout cela en 1h09 ? Dans l’absolu, oui, parce que tout y est dans The Unbelievable, mais rien n’est réellement développé et c’est quelque part assez frustrant. C’est frustrant car tant de questions restent sans réponse au point que ça nuit à la compréhension générale de l’ensemble. D’où vient cette créature ? Comment la contrôlent-ils ? Comment fonctionne réellement la malédiction ? Cette créature est quand même au cœur de l’histoire et c’est certes intéressant de ne pas répondre à toute les questions. Mais ne répondre à aucune question est plus problématique. Et c’est d’autant plus frustrant qu’avec une si jolie réussite formelle, avec un casting et un réalisateur aussi impliqué, cela aurait pu être une vraie réussite et un vrai bon film. En l’état, The Unbelievable reste un divertissement agréable, mais qui trop incomplet pour être passionnant.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ L’ambiance travaillée ♥ Visuellement réussi ♥ Très bien rythmé ♥ Des acteurs impliqués |
⊗ Énorme manque de développement ⊗ Tout va trop vite |
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| Visuellement et techniquement réussi, rythmé, arrivant à créer une belle atmosphère horrifique, The Unbelievable est malheureusement plombé par un gros manque de développement. Forcément, en 1h09, difficile de tout caser… | |
Titre : The Unbelievable / The Cases of Disappearances / 怪談
Année : 2022
Durée : 1h09
Origine : Chine
Genre : Oh la vilaine bébête !
Réalisateur : Luo Jie
Scénario : You Zai, Ai Lun
Acteurs : Patrick Shih, Mini Fu, Vegas Wang Tao, Pei Chen-Wei, He Shao-Hong, Yang Mo, Ren Xue-Hai, Zhang Dong, Zhu Hai-Jun, Li Yuan-Qi, Wang Chong, Liang Xiao-Ling
