Avant la compétition pour le titre de meilleur au monde entre Ming-kim et Siu Sam-siu , ce-dernier est piégé par la chef de la secte Ming Lau Fah, Ku Choi-yee, qui l’accuse de meurtre. Il est par la suite découvert que Ku s’était arrangée avec Siu Sam-siu pour aider Ming-kim, qu’elle admire, à gagner le titre du plus grand du monde. Après que son complot ait été révélé au grand jour, Ku enlève la maîtresse de Siu Sam-siu, Papillon, et le force à se battre avec Ming-kim, puis plus tard, elle se suicide par désespoir. Afin de sauver sa maîtresse, Siu Sam-siu, blessé, doit se battre dans un duel où il a peu de chances de gagner.
Avis de Cherycok :
Même s’il reviendra en force dans les années 2000 suite au succès mondial du Tigre et Dragon de Ang Lee, le wu xia pian n’est clairement plus à la mode au milieu des années 90 malgré un gros revival 3/4 ans auparavant. Passé 1993, tous ceux qui se sont essayés au genre, même les réalisateurs les plus reconnus, se sont cassé les dents au box-office. Même Tsui Hark, avec son chef d’œuvre The Blade (1995), y a eu droit avec à peine 3,3M$HK de recettes. Sortir un neo wu xia pian à cette époque avait quelque chose de suicidaire mais cela n’a pas empêché Taylor Wong (Rich & Famour, Tragic Hero) de tenter malgré tout l’expérience avec The Three Swordsmen en 1994. Ce qui devait arriver arriva et son film a eu du mal à attendre les 3.5M au box-office, même si la faute revient en partie au film lui-même, vraiment très moyen.
Dernier film de Taylor Wong, The Three Swordsmen est également un des derniers rôles de Brigitte Lin qui, à cette période, enchainait les films du genre. Dragon Inn, Handsome Siblings, Swordsman 3, The Bride With White air, Dragon Chronicles, … elle était de tous les wu xia pian et c’est d’ailleurs une des raisons qui a poussé bon nombre d’amateurs de cinéma de Hong Kong à regarder ce film. Tiré d’un manwa sans doute connu en Chine, mais pas chez nous, le film est un pur wu xia pian fantasy comme il y en avait beaucoup à l’époque, avec des combats irréalistes au possible. Les personnages volent et tournoient dans les airs, effectuent des mouvements défiant toutes les lois de la physique. Ça découpe des corps avec des habits, explose des rochers avec la paume de la main, bref, les amateurs de ce genre de spectacle (j’en fais partie) ne seront pas dépaysés. Mis en scène par les très bons Tony Leung Siu-Hung et Yuen Bun, les combats sont très nerveux, avec un montage qui leur donne un aspect encore plus frénétique, quitte à parfois avoir du mal à bien comprendre ce qui se passe à l’écran en termes de mouvements des protagonistes. Même si c’est parfois tellement fou que ça fait plaisir à voir pour l’amateur qui a grandi avec le ciné HK, c’est quand même sacrément chaotique et portenawak en termes de montage au point qu’on se demande si le monteur ne s’était pas enfilé un rail de coke avant de se mettre au travail. Taylor Wong semble autant s’amuser que sur Buddha’s Palm à rendre l’ensemble frénétique, les SFX grattés à même la pellicule en moins, mais la folie n’est jouissive que si elle est maitrisée et ici, ça semble clairement lui échapper. Même le final, qu’on aurait pu espérer épique comme souvent dans ce genre de films, déçoit et nous fait finir le film sur une touche mitigée.
Le scénario va lui aussi à cent à l’heure. Tout s’enchaine très vite, trop vite même, au point qu’au bout d’un moment on n’y comprend plus grand-chose. La longue scène d’exposition au début du film, censée nous expliquer le contexte, n’y change pas grand-chose : le scénario est brouillon, confus, car on ne lui laisse pas le temps de se développer. Taylor Wong veut que son film soit bien rythmé et il fait en sorte que ce soit le cas, quitte à faire perdre au spectateur le fil de l’histoire. Ajoutez à cela trop de personnages, qui arrivent en plus parfois comme un cheveu sur la soupe, un héros dont on ne sait rien, et tout un tas d’intrigues secondaires dont une partie abandonnées en cours de route. C’est dommage car le film semble avoir bénéficié d’un budget plutôt confortable (pas mal de décors différents, de nombreux figurants) et son trio de tête fait plaisir à voir, mais même les acteurs n’arrivent pas à tirer le film vers le haut car ils sont sous exploités. Elvis Tsui est crédible et donne le meilleur de soi-même, mais Andy Lau ne semble parfois pas trop savoir quoi faire, se contentant de sourire niaisement. Et quel dommage que Brigitte Lin, qui interprète un homme, ait sa voix doublée par un homme. Elle a déjà, à plusieurs reprises, incarné un personnage masculin, mais jamais ils n’avaient osé remplacer sa voix. Alors on est toujours content de les retrouver et c’est ce qui fait qu’il m’est impossible de descendre en flèche ce The Three Swordsmen, mais ils sont complètement mal ou sous exploités. Difficile de ne pas pester car il y avait matière à faire quelque chose de bien, mais Taylor Wong n’aura pas su trouver la formule gagnante.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La folie de certains moments ♥ Le casting ♥ L’humour léger qui fonctionne |
⊗ Très brouillon ⊗ Le montage aux fraises ⊗ Pour ce doublage masculin de Brigitte Lin ? ⊗ Un final en demi-teinte |
The Three Swordsman est un neo wu xia pian qui ne marquera clairement pas les esprits. Sorti à une période où le genre ne faisait plus recette, Taylor Wong nous propose un film très bancal, à peine sauvé par son casting trois étoiles. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film reprend / vole au moins trois morceaux de la bande originale d’Akira.
• Deux films portent déjà le nom de The Three Swordsman, un sorti en 1948, l’autre en 1967.
• Dans le doublage mandarin, Brigitte Lin a bien une voix de femme.
Titre : The Three Swordsmen / 刀劍笑
Année : 1994
Durée : 1h26
Origine : Hong Kong
Genre : Wu xia pian frénétique
Réalisateur : Taylor Wong
Scénario : Lee Sai-Hung, Sze Mei-Yee
Acteurs : Andy Lau, Brigitte Lin, Elvis Tsui, Yu Li, Leung Si-Ho, Siqin Gaowa, Lisa Tung, Chiu Chin, Jin De-Mao, Cao Ying, Wong Chong-Yuk, Choi Chin