[Film] The Street Fighter, de Shigehiro Ozawa (1974)


Une bande de yakusas est sur le point de prendre en otage la fille d’un riche homme d’affaires spécialisé dans le pétrole. Les yakusas demandent de l’aide à Takuma Tsurugi, mercenaire expert en arts martiaux. Celui-ci accepte mais, lorsqu’il s’aperçoit que les yakusas l’arnaquent, il décide de protéger la jeune fille plutôt que de la kidnapper.


Avis de Palplathune :
Après avoir joué dans pas mal de film de Yakusa, 1 an avant Street Fighter, Sonny Chiba tourne son 1er film de « karaté » avec The Bodyguard. Mais c’est véritablement avec The Street Fighter que Sonny Chiba va devenir une énorme vedette au Japon et également plus tard un acteur culte dans le monde lorsque le film est exporté. D’ailleurs le film est si violent que lorsqu’il arrive aux USA, il bénéficie d’une classification X ce qui est une 1ère à l’époque pour un film non pornographique. Fort du succès du film, 2 suites verront le jour la même année : Return of the Street Fighter, et Street Fighter’s Last Revenge ainsi qu’un spin off : Sister Street Fighter.

Street Fighter marque également les débuts de Yutaka Nakajima qu’on reverra par la suite aux cotés de Sonny Chiba dans le 3ème volet de la série, The Street Fighter Last Revenge, et puis également un an après dans Shaolin Karaté. Le réalisateur du film, Shigehiro Ozawa, a fait beaucoup de films de Yakusa, parfois à la chaîne, durant la période Yakusa-eiga du cinéma japonais, genre re-popularisé par Kinji Fukasaku mort récemment. Mais dans la 100aine de films qu’il réalisa pendant ses 20 ans de carrière, c’est Street Fighter qui le fera connaître dans le monde et que l’on retiendra de sa grosse filmographie. Dans la foulée, il réalise Return of the Street Fighter et puis 2 ans plus tard en 1976, il prend sa retraite du monde du cinéma. A noter que le film a bénéficié d’un regain d’intérêt en Occident après avoir été cité dans True Romance réalisé par Tony Scott. Quentin Tarantino, uniquement scénariste à l’époque, situant la rencontre de ces deux personnages principaux dans un cinéma passant The Street Fighter, l’amour que le personnage de Christian Slater porte au film et à Chiba émane manifestement de Tarantino lui-même.

The Street Fighter est un film à l’image de son héros, Terry Suguri : Violent et méchant, sans concession ! Pas étonnant donc que le film ait bénéficié d’une telle réputation, il dispose de tous les ingrédients pour satisfaire l’amateur de films « bis ». Ce qui est le plus fascinant c’est que malgré les années, il reste toujours aussi efficace et peu de films postérieurs ont dépassé le degré de violence atteint dans The Street Fighter. Tout comme pour les films de Bruce Lee, la grande réussite de The Street Fighter tient au charisme de son interprète principal, Sonny Chiba. La comparaison avec Bruce Lee est inévitable, il ne fait aucun doute que le film a été fait suite au succès mondial de ce dernier et que Chiba est ici présenté comme une version japonaise du petit dragon. Mais limiter Sonny Chiba à un simple imitateur de Bruce Lee serait atrocement réducteur. L’homme est capable de créer son propre style, son Terry Suguri est un anti héros total ! Sans pitié, macho, égoïste, violent… Il semble cumuler tous les défauts de la terre mais ce côté jusqu’au boutiste renforce, paradoxalement, son charisme. Le jeu de Chiba est au diapason de son personnage : Extrême ! Arborant constamment un air méchant, le corps toujours tendu vers l’action, Chiba donne corps à son personnage. Et quand il se met à se battre c’est un festival : il grimace comme ce n’est pas permis, passe des minutes entières à respirer fortement histoire de montrer sa musculature, prend des postures félines et autres gardes exotiques. Un surjeu total oui, mais parfaitement cohérent avec l’esprit extrême/bis du film. Impossible après avoir vu le film d’imaginer un autre acteur à la place de Chiba, il marque de son empreinte The Street Fighter grâce à son charisme brut et son jeu outrancier (il prouvera par la suite à quel point il peut être un bon acteur avec des rôles plus fins).

En bon film d’arts martiaux qu’il est, The Streetfighter ménage de nombreux moments pour les combats. Ceux-ci s’avèrent typiques du cinéma Japonais, chorégraphiés avec l’idée du « coup qui tue » (hérité des Chambara), sans grandes fioritures et utilisant les arts martiaux traditionnels du pays (Karaté, Ju Jitsu et même Kendo). Le résultat est très efficace, ce qui est perdu en technicité est gagné en brutalité rendant les séquences de combat excitantes. Chiba prouve ses talents de Karatéka mais a aussi les défauts de son art martial (des coups de pieds parfois approximatifs). Qu’importe, après tout Terry Suguri n’est pas un technicien mais un vrai « bagarreur des rues » ! A noter que Chiba profite aussi de quelques occasions pour montrer ses talents de gymnaste (sa formation initiale). Plus gênant cependant est la réalisation de Shigehiro Ozawa sur certaines de ces séquences. Le réalisateur s’en sort plutôt bien en studio mais rate parfois ses angles rendant la lisibilité des combats difficile et surtout ne contrôle pas sa caméra quand il est à l’extérieur, les affrontements deviennent alors impossibles à apprécier. Heureusement, ce genre de petits moment arrive trop peu souvent pour que le film en pâtisse sur le long terme.

Mais ce qui fait toute la spécificité des scènes d’action de The Street Fighter, ce sont bien évidemment ses débordements gores. A ce niveau il y a de quoi faire ! On y arrache des testicules, brise des cranes, casse des bras avec une délectation incroyable. D’ailleurs le passage où Sonny Chiba brise le crane de son adversaire au rayon X sera plus tard repris dans Story of Ricky puis par l’infâme Romeo Must die. Il faut voir Chiba fixer un morceau de viande arraché à son adversaire avec un sourire carnassier aux lèvres pour le croire ! Reste que de tels excès apportent une nouvelle dimension aux scènes d’action et au film dans son ensemble. D’un film déjà assez peu moral (avec son héros brutal qui vend des femmes pour se faire payer) on passe carrément à un monument du bis. Jouissif, tout simplement. Evidemment le film a les défauts de ses qualités, à savoir un scénario prétexte. Les incohérences sont nombreuses mais Shigehiro Ozawa parvient à contourner le problème en maintenant un rythme soutenu qui ne laisse pas le temps au spectateur de se poser des questions à ce niveau. Un peu plus regrettable est l’absence de développements sur certaines personnages clés tel que le rival de Suguri ou au contraire la manière assez maladroite d’expliquer la relation entre Chiba et son acolyte/faire valoir comique. Heureusement ce ne sont là que des points de détails dans l’océan de bis du Street Fighter.

LES PLUS LES MOINS
♥ Sonny Chiba
♥ Les combats
♥ Les débordements gores
♥ Assez immoral
⊗ Pas toujours très bien mis en scène

Avec sa réputation de film culte on pouvait craindre que The Street Fighter ne se révèle qu’un pétard mouillé, il n’en est rien, bien au contraire, il remplit toutes les promesses qu’on pouvait en attendre ! YAAATTTAAAA !!! (Cri du fan de Chiba qui essaye de reproduire le film avec sa table et se fait bien mal).



Titre : The Street Fighter / 激突! 殺人拳
Année : 1974
Durée : 1h31
Origine : Japon
Genre : Combats sanglants
Réalisateur : Shigehiro Ozawa
Scénario : Kôji Takada, Motohiro Torii

Acteurs : Sonny Chiba, Goichi Yamada, Yutaka Nakajima, Ton Cetera, Masafumi Suzuki, Etsuko Shihomi, Chiyoko Kazama, Tatsuo Endo

 Autant en emporte mon nunchaku (1974) on IMDb


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Auteur : palplathune

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