Wu Yuet, un jeune réfugié vietnamien, quitte Saigon sur un bateau de fortune en direction de Hong-Kong, sa porte d’entrée pour les Etats-Unis. Sa fuite tourne vite au drame lorsque la jeune femme qu’il rencontre dans le camp de réfugiés est kidnappée par un proxénète philippin. Woo Viet se tourne alors vers un destin de tueur à gages.
Avis de Kamï :
Les œuvres d’Ann Hui, malgré des réussites (et chef d’œuvres : Song For Exil, Summer Snow) indéniables, n’ont jamais connu une « exploitation » digne de ce nom (seule, la chaîne franco-allemande Arte a diffusé Le Chant De L’Exil et Neige D’Eté) excepté Boat People, en France (Spectrum Films réparera ce tort). A tort, puisque dès son troisième film, Story Of Woo Viet (connu aussi sous le titre « naze » : God Of Killers), Ann Hui fait preuve d’une grande maîtrise de son cinéma.
Elle met en scène, un important passage de la vie, de Wu Yuet (sans en montrer la cause : la guerre du Vietnam et sans montrer -ni même présager- ce qu’il adviendra du personnage à la fin du récit). Devant oublier son Vietnam natal, il doit se réfugier à Hong-Kong mais témoin de la sanguinaire répression qui y règne, il doit s’enfuir encore, mais cette fois-ci aux Etats-Unis. Changeant à chaque fois d’identité de nation (Vietnam puis Hong-Kong puis doit se faire passer pour un japonais afin de gagner les rives américaines), il n’aura plus qu’un seul repère, Lee La Quan, une autre vietnamienne. On comprend alors l’effroi du jeune homme lorsque à son arrivée, il comprend impuissant qu’elle s’est fait enlever puis livrer à la prostitution. Il retrouve alors la trace du « grand patron » Chung, se lie provisoirement d’amitié avec l’un de ses hommes, Ah Sahm (Lo Lieh), un tueur alcoolique et totalement vidé de toutes émotions, avec lequel il devra exécuter des contrats (meurtres, kidnapping) afin de racheter la liberté de La Quan.
Parfois cru, violent ou triste, souvent désespéré mais à chaque fois dans le bon ton, The Story Of Woo Viet est une très grande réussite sur un thème récurrent chez Ann Hui : la quête d’identité. Ce que j’apprécie et admire dans les films d’Ann Hui, c’est son implication personnelle dans ses films. Né sino-japonaise, la réalisatrice mettra souvent la quête d’identité au centre de son récit surtout dans le magnifique Chant De L’Exil/Song For Exil.Chow Yun-Fat va, ici, à contre-sens de son image de play-boy mâle et c’est là où réside le talent de Ann Hui, qui aura révéler de grands acteurs (Andy Lau, Cherie Chung et donc Chow Yun-Fat). Chow Yun-Fat y est excellent.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une réalisation magnifique ♥ Un Chow Yun-Fat impérial ♥ Toujours juste dans son ton |
⊗ … |
Un très grand film qui, ainsi, annonçait déjà deux grands du cinéma, l’acteur Chow Yun-Fat et la réalisatrice Ann Hui. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• À la fin des années 1970, un grand nombre de réfugiés vietnamiens ont inondé Hong Kong. En 1979, Hui réalisait le documentaire A Boy from Vietnam pour le réseau RTHK. Au cours de la réalisation du film, elle a recueilli de nombreuses interviews de réfugiés vietnamiens sur la vie au Vietnam après la chute de Saigon. C’est à partir de ces entretiens qu’elle a réalisé ce film.
The Story of Woo Viet est sorti chez Spectrum Films en DVD / Blu-ray en combo avec le film Boat People, pour la première fois en HD, au prix de 19€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus des films, on y trouve : Interview exclusive de Ann Hui, Présentation du film par Arnaud Lanuque, Critique par The Film Talker, Bande annonce. |
Titre : The Story of Woo Viet / God Killers
Année : 1981
Durée : 1h30
Origine : Hong Kong
Genre : Drame
Réalisateur : Ann Hui
Scénario : Alfred Cheung
Acteurs : Chow Yun-Fat, Caro Miao, Cherie Chung, Lo Lieh, Gam Biu, Homer Cheung, Lam Ying-Fat, Tong Kam-Tong, Chan To-Kit, Chung Cheun-Ying