[Film] The Soul Reaper, de Trần Hữu Tấn (2023)

Des morts mystérieuses se produisent dans une communauté où quelqu’un, ou quelque chose, prépare le Skull Wine, la forme la plus ancienne de magie noire.


Avis de Rick :
Le cinéma horrifique, comme en fait un peu partout, semble plutôt vivace et populaire au Vietnam. Et c’est très bien comme ça. Déjà car j’aime le genre, si vous ne le saviez pas encore, et car se plonger dans un cinéma horrifique traditionnel, c’est découvrir d’autres façons de voir l’horreur, la peur, de voir de nouveaux mythes et légendes également. Sans doute pour cela d’ailleurs que le cinéma Indonésien passionne certains (dont moi) depuis quelques années. Nous découvrons de nouvelles créatures, de nouvelles choses, le tout avec souvent un style bien méchant, et une technique très bien rodée. Le Vietnam pourtant, ça avait plutôt mal commencé lorsque j’avais découvert The Ancestral. Oui, la campagne Vietnamienne est très jolie, mais niveau horrifique, c’était souvent risible, en plus finalement d’être assez éloigné de ce que l’on pouvait en attendre, niveau originalité. Mais il faut tenter, donc The Soul Reaper, datant de fin 2023, c’était parfait. Et au final, malgré quelques petites longueurs sur un récit avoisinant les deux heures, et quelques petites faiblesses, et bien c’était sympa comme tout. Pas un grand film, mais un récit horrifique assez traditionnel, avec son village isolé en montagne et coupé du monde que les habitants ne peuvent quitter, une jeune héroïne en proie à des visions, un peu de magie noire pour saupoudrer le tout puisque cela semble aussi avoir le cote au Vietnam, comme en Indonésie, et un visuel assez marqué qui rappellerait presque une imagerie Chinoise (les traditions, costumes, décors) pour un petit métrage hautement sympathique. Métrage qui nous annonce d’entrée de jeu ce qui nous attend, en nous décrivant un rituel bien précis, et donc, un nombre de victimes potentielles, et les parties du corps qui doivent être « récupérées ». Tout un programme.

Avant que le métrage ne débute réellement, et que l’on a plus l’impression de se retrouver devant un Histoires de Fantômes Chinois. Costumes traditionnels, petit village, brume dans la forêt, lanternes pour s’éclairer. Et mine de rien, et bien ça a de la gueule, le métrage a immédiatement un cachet visuel qui fait mouche. Son imagerie n’est pas forcément originale, mais traitée avec sérieux. Et évite le jumpscare inutile de ce genre de métrage jouant sur les apparitions discrètes ou autres meurtres brutaux survenant tout à coup, ce qui est finalement toujours agréable. Surtout quand derrière, le reste suit. Visuellement déjà oui, c’est très propre, très appliqué, bien photographié, et ce petit village a rapidement un côté classe. Surtout de nuit, lorsque l’esprit principal du film vient faire son apparition, accompagné d’une chanson traditionnelle qui produit son petit effet. Si l’on ajoute à cela que l’ensemble démontre souvent que l’équipe technique possède indéniablement un très beau sens du cadre pour mettre en valeur, au choix, des ambiances ou tout simplement la nature, et bien c’est parfait. Musicalement comme rapidement évoqué, c’est du même niveau, que ce soit dans les moments calmes ou bien les moments se voulant un peu plus angoissant. Au niveau de l’écriture du métrage, et de son aspect horrifique pur et dur, par contre, on peut trouver à redire. Si le métrage ne dépasse pas les deux heures, il se fait malgré tout un poil trop long. Ce sentiment, ce ressenti, on le doit par exemple à des personnages en soit assez simples, et souvent bien trop simples à cerner justement. Du coup, lorsque le scénario veut nous surprendre, ça ne fonctionne pas toujours.

Que ce soit notre héroïne et ses visions nocturnes, son mari trop méfiant pour ne pas avoir lui-même quelque chose à cacher, ou son meilleur ami qui traine beaucoup trop autour de l’héroïne pour ne pas avoir de sentiments envers elle, l’ensemble est bien trop simple, jusqu’aux parents de notre héroïne, dont le père est le chef du village, qui cache bien sûr de lourds secrets, en rapport avec la malédiction qui est au centre du récit. Alors en soit, ça ne rend jamais l’expérience désagréable, ni laborieuse d’ailleurs, mais on se dit que ça manque parfois un peu de surprises. Et l’horreur en elle-même ? Étonnement, quand ça joue sur l’ambiance pure et dure, c’est très réussi, mais lorsque ça doit être plus démonstratif, c’est quitte ou double, avec quelques moments trop frontaux pour pleinement convaincre, et ironiquement, l’opposé à d’autres moments, avec des moments qui devraient être frontaux mais qui se font trop timides. Ne connaissant pas grand-chose aux méthodes Vietnamiennes ainsi qu’aux possibles censures et tabou de leur cinéma, je ne me prononcerais pas sur le pourquoi du comment. Mais cela créé presque un petit déséquilibre qui semble maladroit. Malgré ces réserves, le spectacle proposé fonctionne malgré tout, et surtout pourrait presque faire oublier les ratages dans le genre qui nous sont venus de là-bas. C’est sérieux, très correctement emballé, souvent prenant, délivre de belles images, et si c’est parfois encore un poil timide au niveau horrifique, c’est un très bon moment.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement soigné
♥ Une belle ambiance traditionnelle
♥ Le côté magie noire
♥ Une poignée de scènes marquantes
⊗ Un peu trop prévisible dans son écriture
⊗ Par moment un peu trop timide
note2
The Soul Reaper est une bonne surprise, déjà car visuellement, ça a de la gueule, et ça se suit sans soucis malgré son côté prévisible, mais aussi car son côté traditionnel à base de magie noire dans un village isolé de tout reste intéressant.


Titre : The Soul Reaper – Kẻ ăn hồn
Année : 2023
Durée :
1h49
Origine :
Vietnam
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Trần Hữu Tấn
Scénario :
Thảo Trang et Thanh Thu
Avec :
Hoàng Hà, Võ Điền Gia Huy, Huỳnh, Thanh Trực, Lan Phương, Chiều Xuân, Viết Liên, Ngọc Thư, Nguyễn Hữu Tiến, Nguyen Phuoc Loc, et Lý Hồng Ân
The Soul Reaper (2023) on IMDb


Galerie d’images :

5 1 vote
Article Rating

Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments